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La SFBT dans le viseur de Kaïs Saïed
Publié dans Business News le 21 - 12 - 2023

Le président de la République a effectué mercredi 20 décembre 2023 une série de visites à des unités industrielles appartenant à la SFBT. Il était outré de l'utilisation commerciale de la marque Stil, autrefois appartenant à l'Etat, par des filiales de la SFBT s'interrogeant sur les raisons de ces entreprises qui se cachent derrière d'autres. Il a également parlé de privatisation et de nécessaire nationalisation au vu des pénuries de lait observées alors que la SFBT continue à produire des dérivés de lait.

Kaïs Saïed continue sa croisade contre le capital et les hommes d'affaires. Mercredi 20 décembre, c'était au tour de la Société de Fabrication des Boissons de Tunisie (SFBT) d'être dans son viseur après les visites qu'il a effectuées à certaines de ses filiales à Zaghouan, Nefza et Bab Saâdoun.
À la vision de la vidéo de la présidence diffusée à 21h55, il y a une certaine double-gêne qui gagne le spectateur. Comment se fait-il que le président de la République se permette d'entrer dans des locaux privés sans invitation et en l'absence de leur représentant légal ? Ce n'est pas un détail fortuit.
La seconde gêne est comment le président de la République perd son temps à s'occuper de lait, de jus et de fromage, au lieu de s'occuper de politique, de stratégie nationale et de vision de l'avenir ? Bon à rappeler, au vu du budget de la présidence de quelque 200 millions de dinars, la journée du chef de l'Etat coûte au contribuable près de 550 mille dinars. En perdant son temps à s'occuper de futilités et de dossiers pesant à peine quelques millions de dinars, il fait perdre au pays bien davantage de ce qu'il va gagner avec ses soi-disant investigations, ses dossiers et ses boites d'archives qu'il montre de temps à autre aux caméras.

Pour ses visites du mercredi 20 décembre, le président avait une boite d'archives et des photos de boissons alimentaires estampillées de la marque Stil. Une marque exploitée commercialement depuis une quinzaine d'années par le géant tunisien SFBT. La Stil (pour société tunisienne d'industrie laitière) a été créée en 1961 et avait le monopole du lait et dérivés pendant des décennies.
Mal gérée, comme la majorité des entreprises publiques évoluant dans des secteurs concurrentiels, elle a périclité à la fin des années 1990. Certaines de ses filiales ont été vendues, comme Magasin Général et elle reste encore en situation de liquidation. Certains de ses liquidateurs seraient morts et Kaïs Saïed a presque laissé entendre, dans sa vidéo du mercredi, que ces morts seraient suspectes.
L'idée du chef de l'Etat est que la Stil a été poussée à la faillite au profit du secteur privé. Nostalgique, il rappelle comment la société avait ses berlingots de lait partout et qu'à son époque il n'y avait pas de pénuries de lait comme présentement.
L'autre idée sous-jacente du président est que la marque commerciale Stil et ses goûts d'antan est lucrative, la preuve son utilisation par la SFBT pour plusieurs produits, notamment des yaourts et des jus.
Dans ses interventions devant des sous-responsables de la SFBT, il a parlé des filiales de ce grand groupe et s'est interrogé pourquoi il y aurait du lait pour fabriquer des produits laitiers et non pour commercialiser du lait tout court. L'idée sous-jacente étant que le lait est détourné par la SFBT pour fabriquer les dérivés.
Après sa visite à Zaghouan et Nefza, Kaïs Saïed s'est rendu à un local de la SFBT à Bab Saâdoun où il a rencontré le PDG de la banque publique BNA théoriquement spécialisée dans l'agricole. L'occasion d'une nouvelle salve contre la SFBT. Il a carrément parlé de nationalisation de ces entreprises autrefois fructueuses qui ont été privatisées au profit du secteur privé.
Durant toute la journée de visites, le président de la République n'a cessé de s'interroger sur la SFBT, ses filiales et ses produits. En arrivant à Bab Saâdoun, pourquoi n'a-t-il pas convié le directeur général de la SFBT pour venir l'accompagner dans sa propre usine, au lieu de convier le PDG de la BNA ? N'aurait-il pas obtenu toutes les réponses aux questions qu'il se posait durant toute la journée ? Il aurait certainement eu des réponses, au moins partielles, sur les raisons de toutes les filiales de la SFBT, pourquoi cette dernière commercialise certains produits avec la marque Stil, si chère à son cœur et pourquoi il y a des yaourts, du chocolat et du fromage dans le commerce et non du lait.
Une partie de la réponse vient de la vidéo présidentielle. En fin de journée, à l'occasion d'une marche au centre-ville, Kaïs Saïed est passé par une crèmerie, dont il était un ancien client visiblement. Interrogeant le crémier sur le prix du lait en vrac, ce dernier lui a répondu 2,300 dinars. Le prix donné par le crémier résume, à lui seul, toute la problématique du lait en Tunisie.
Alors que le prix du lait en vrac est libre, selon le gré de l'agriculteur et du commerçant, le prix du lait en paquets UHT fabriqué par les industriels, est fixé par l'Etat et il est de 1,1 dinar, soit plus de 50% du prix du lait en vrac. Un prix imposé qui ne couvre pas les charges des agriculteurs et des industriels et c'est pour cela que ces derniers préfèrent commercialiser des dérivés du lait (dont le prix est libre) plutôt que le lait lui-même.

Kaïs Saïed connait ce détail et il lui a déjà été expliqué au moins une fois. C'était à l'occasion de sa visite à une unité laitière de Délice (un autre grand groupe tunisien) et l'explication lui a été donnée par Hamdi Meddeb PDG du groupe.
La visite du mercredi 20 décembre ne cherchait pas visiblement à expliquer la problématique du lait, mais plutôt à épingler la SFBT. Et si le directeur général de la SFBT était absent de la visite présidentielle, c'est parce que le chef de l'Etat ne voulait pas de ses réponses. Il cherchait à donner aux caméras l'image d'un groupe qui appauvrit les Tunisiens et qui exploite les restes de leurs entreprises publiques.
La visite s'inscrit dans une longue cabale ciblant le capital et les chefs de grands groupes et de grandes entreprises dont certains sont actuellement en prison, comme c'est le cas de Marouen Mabrouk, Mohamed Frikha, Ridha Charfeddine, Riad Ben Fadhel, Abderrahim Zouari et des dizaines d'autres faisant l'objet d'instructions judiciaires.
Kaïs Saïed a frappé dans le mille, car aussitôt sa vidéo diffusée, des centaines de messages et de publications ont inondé les réseaux sociaux pour s'en prendre au secteur privé et aux hommes d'affaires et particulièrement la SFBT et ses filiales suspectes. Dans ces publications, l'intox, la hargne, la jalousie et l'envie ont fait florès. La SFBT est sortie, après la vidéo présidentielle, avec une image des plus désastreuses.

Dirigée depuis peu par l'ancien chef du gouvernement Elyes Fakhfakh (qui n'a pas la réputation d'être un opposant du régime), la SFBT a été fondée en 1889 et se compose aujourd'hui de 25 filiales.
Son capital est détenu à 63% par le groupe français Castel, à 10,5% par le fonds d'investissement Partner Invest, à 5% par la Star et à 21,47% par de petits actionnaires.
En avril 1977, elle a été nationalisée puis partiellement privatisée deux ans plus tard au profit du groupe Castel. Elle est cotée en bourse depuis le 3 octobre 1990 et a toujours été considérée comme une valeur sûre par les boursicoteurs et les intermédiaires. Valorisée à 325 millions de dinars en 2000, la SFBT pèse actuellement (selon le cours du jeudi 21 décembre 2023) plus de trois milliards de dinars.
La SFBT détient 80% du marché tunisien de la bière (Celtia, Becks…), 80% du marché des boissons gazeuses avec des marques prestigieuses (Coca, Fanta, Boga…) et 30% du marché de l'eau minérale (Safia, Marwa, Cristaline…). Elle emploie 6000 personnes et a réalisé en 2022 un chiffre d'affaires de 1,337 milliard de dinars et un bénéfice après impôt de 271 millions de dinars.
Pour ce qui est des interrogations du président de la République à propos de la commercialisation de la marque Stil, il faut savoir que la SFBT a acheté rubis sur ongle les actifs de la Stil en 2005, notamment son unité de Bab Saâdoun, et c'est grâce à ce rachat que la marque tunisienne n'a pas totalement disparu du marché.
La SFBT a beau être un géant du marché en Tunisie, elle n'est pas au-dessus de la loi et est à la loupe de l'administration fiscale. En 2022, sept de ses filiales se trouvaient sous l'objet de contrôles fiscaux approfondis, certains sont encore en cours et d'autres sont devant les tribunaux.
En l'épinglant devant les caméras, Kaïs Saïed ne fait que donner une mauvaise et fausse image de la SFBT et du capital en général. C'est pourtant ce même capital qui emploie des millions de Tunisiens et chez qui l'Etat prélève l'essentiel de son budget.


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