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Secteur des composants automobiles : la Tunisie à côté de la plaque ?
Publié dans Business News le 15 - 01 - 2024

Le secteur automobile subit de grands défis. Entre les défis environnementaux et ceux énergétiques, il est en train de changer radicalement. Les exigences des constructeurs ont augmenté face aux seuils fixés par les gouvernements, en termes de propreté et d'efficacité énergétique. En Tunisie, ces défis sont importants compte tenu du poids du secteur des composants automobiles en Tunisie et face à la situation actuelle des finances publiques et aux difficultés de collecter des devises. Où en est-on et que fait le gouvernement tunisien pour épauler ce secteur stratégique ?

Le secteur des composants automobiles est un secteur important pour la Tunisie. Il comprend plus de 200 entreprises, emploie plus de 95.000 personnes et génère un chiffre d'affaires dépassant les 2,4 milliards d'euros, soit plus de 16% des exportations du pays.
Cela dit, il est en train de subir de profonds changements et d'importants challenges avec les nouveaux critères imposés par les constructeurs, et en parallèle, la nécessité d'innover et d'être à la page.
Ainsi, la Tunisie se veut un site de référence qui continue à attirer les constructeurs pour maintenir sa position régionale. Un défi qui s'avère difficile sans le soutien de l'Etat, au moins par l'amendement des lois et l'accélération des procédures, en allégeant la bureaucratie. Car, il s'agit d'une période charnière ou les enjeux sont énormes, la concurrence rude et chaque faux-pas sévèrement sanctionné. Un marché perdu étant généralement un marché irrécupérable ou difficilement récupérable.

C'est dans les perspectives de présenter les défis du secteur que la Tunisian Automotive Association (TAA), association des industriels des composants automobiles en Tunisie avait tenu, jeudi 11 janvier 2024 Tunis, un événement intitulé "Automotive industry : Enabling the Future of Mobility". Mais avec beaucoup de non-dits, ne voulant pas marcher sur des œufs avec l'actuelle situation du pays, sachant que les hommes d'affaires et les entreprises sont déjà sont dans le collimateur de l'exécutif.
Ainsi, la vice-présidente de la TAA, Myriam Elloumi, a indiqué que le futur de l'automobile est dans l'électromobilité, la connectivité et la voiture autonome. Et d'affirmer qu'un dernier facteur a émergé et s'est positionné en tête de toutes les tendances : la "sustainability" (la durabilité ou développement durable, ndlr) et qui est devenue la plus grosse préoccupation des entreprises du secteur automobile.
Ce concept a imposé aux entreprises peu à peu de mettre en place des politiques et objectifs environnementaux forts, pour les guider dans une démarche quotidienne, a-t-elle noté, en rappelant que le Protocole de Kyoto et les accords de Paris avaient été particulièrement pointilleux envers le secteur automobile, exigeant la neutralité carbone des entreprises à horizon 2050.
La responsable a précisé, dans ce cadre, qu'un véhicule standard émet en moyenne 4,6 tonnes de C02 par an et 17% des émissions mondiales sont attribuées au transport routier, attirant l'attention sur l'énorme responsabilité du secteur.

Mme Elloumi a, en outre, spécifié que la plupart des constructeurs affichent des agendas très ambitieux. Ainsi, Mercedes-Benz veut atteindre la neutralité carbone en 2039 et travailler d'ici-là avec des fournisseurs 100% neutres, Stellantis en 2038, BMW en 2050 mais il ambitionne d'atteindre moins 40% sur les émissions de toutes leurs chaînes de valeur d'ici à 2030, Renault en 2040 en Europe et en 2050 dans le monde, General Motors en 2040 et JLR en 2039.
Pour elle, ces deadlines sont pour bientôt et il faut tout de suite commencer à mettre en place les démarches en vue d'atteindre la neutralité carbone dans les entreprises tunisiennes pour ne pas rater le coche, notamment en ce qui concerne les exigences des constructeurs en matière de recyclabilité et de circularité dans les produits utilisés, ceux qu'ils vont produire et commercialiser ont aussi nettement évolué. Elle a aussi fait remarquer que certains d'entre eux vont exiger une circularité totale dans leurs chaînes de valeur.
« Les entreprises tunisiennes devraient mettre les bouchées doubles, et afficher des performances exceptionnelles, en matière de durabilité. Car désormais, avant de donner un projet de business à une entreprise, les constructeurs vont vérifier leur neutralité, leur mix énergétique, les émissions de gaz à effet de serre par produit, la propension d'énergie renouvelable utilisée dans la production, la recyclabilité des matières qui sont utilisées et des produits finaux qui seront générés, la chaîne de valeur qui se doit d'être responsable et durable ainsi que les ressources, les processus et les produits plus durables », a-t-elle assuré. Et de marteler : « Aujourd'hui, le fait de démontrer des démarches de durabilité ambitieuses et efficaces n'est plus une option mais une obligation pour les entreprises du secteur. Pour pouvoir subsister dans l'écosystème environnemental, les entreprises doivent s'engager impérativement dans une démarche ESG (environnement, social et gouvernance) ».
Concernant les démarches environnementales, elle a expliqué que les entreprises tunisiennes du secteur devraient minimiser leur impact sur son environnement avec la réduction de leur empreinte carbone, outre un travail profond sur le recyclage et la circularité. Sur le volet social, les entreprises tunisiennes sont appelées à promouvoir l'égalité entre les genres (le secteur employant 52% de femmes), les conditions de travail décentes, la diversité ainsi que l'impact de l'entreprise dans sa communauté et dans son environnement, via diverses actions RSE.
S'agissant de la gouvernance, les entreprises devraient intégrer les facteurs de gouvernance dans leur prise de décision : on parle beaucoup d'intégrité, conformité, code de conduite, digitalisation, sécurité, sécurisation des données des entreprises et le respect de toutes les réglementations. « Cette démarche ESG se doit également d'assurer la durabilité économique de l'entreprise : c'est beaucoup de dépenses et de gros projets », a-t-elle déclaré.

Pour sa part, la présidente de la commission innovation et communication de la TAA, Lamia Fourati, a dévoilé la nouvelle stratégie de communication de la TAA. Elle a affirmé que la Tunisie se présente comme une destination incontournable pour l'avenir de la mobilité grâce à ses atouts : Smart, Agile, Compétitive et Durable. La TAA souhaite positionner la Tunisie en tant que destination à forte valeur ajoutée pour l'investissement dans le secteur automobile et également pour le sourcing des chaînes logistiques existantes et futures, une destination « Innovation at best cost ».

Tout ça est très beau sur le papier, mais dans les faits, les entreprises du secteur sont en train de souffrir car le pays est très en retard en matière de protection de l'environnement, d'énergie renouvelable et propre ou d'efficacité énergétique. Ainsi, les entreprises peinent tant bien que mal à améliorer leur neutralité carbone et leur mix énergétique, se heurtant à des murs de bureaucratie et entraves de tous genres.
À titre d'exemple, malgré les efforts de ces dernières années, le mix en énergie renouvelable de la Tunisie est d'à peine 4%. D'ailleurs, l'ancienne ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Neila Nouira Gongi, l'avait admis dans une conférence de presse en juin 2022 : « Aujourd'hui, le mix en énergie renouvelable de la Tunisie est de 3,7%, ce qui est "un taux risible". Un projet ambitieux a certes été mis en place depuis 2015, mais rien n'a été concrétisé ».
L'ambition est d'atteindre 35% d'énergie renouvelable en 2030 et 80% en 2050, outre l'amélioration de l'efficacité énergétique de 30% par rapport à 2010, pour ce même horizon.
Or, pour atteindre ce taux d'énergie renouvelable, il faudra installer une capacité supplémentaire en énergie renouvelable de 4.300 de mégawatts (MW) soit 4,3 gigawatts (GW). À cet effet, il faudra l'installation de 500 MW, annuellement sur huit ans, pour un investissement dépassant le milliard de dinars annuels.
En parallèle, la Tunisie s'est engagée, lors de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, à baisser son intensité carbone de 41% en 2030 par rapport à l'année de base 2010.
Sachant que la propension des énergies renouvelables de nos concurrents nous dépasse de loin : 40% pour le Maroc et 20% pour l'Egypte, on rencontre des défis majeurs auxquels font face les entreprises tunisiennes.
Pire, celles qui veulent entreprendre seules des projets d'énergie propre sont souvent lourdement entravées par la bureaucratie et les autorisations des diverses parties prenantes. Il faut dire aussi que le fait que la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) soit juge et partie, ne facilite certainement pas les choses.
Ainsi, Business News a appris que certains projets de centrales photovoltaïques sont entravés. C'est notamment le cas de Dräxlmaier qui veut installer pour son compte la plus grande centrale photovoltaïque en Tunisie, nous avoue un membre de l'TAA.
Idem pour le groupe One Tech qui avait annoncé depuis plus de deux ans lors de ses assemblées générales ordinaires son ambition d'installer deux centrales de photovoltaïque et auxquelles la société a consacré une enveloppe de douze millions de dinars, les travaux devraient commencer en 2023 (le projet lancé en 2021 a subi des retards à cause des lenteurs dans l'octroi des autorisations et des livraisons, ndlr), avait indiqué le directeur général Hédi Sellami. Le groupe ambitionne, d'ici fin 2023, de produire 15 à 20% de ses besoins en électricité. Deux projets qui seront décisifs sur la baisse de l'empreinte carbone de la société.
Le DG ayant expliqué que certains clients leur demandent qu'à partir de 2024/2025, un certain pourcentage d'énergie produit en interne et en énergies vertes.

Ainsi, les enjeux sont énormes. Mais où en est le gouvernement ? Il faut dire que son actuel rôle se limite à jouer le pompier, à maîtriser les crises et pénuries et à essayer de garantir les fonds nécessaires pour la continuité de l'Etat. Même si le secteur est stratégique, il n'a ni le souffle, ni les moyens pour l'aider.
Certes, le gouvernement a signé en juin 2022 un pacte PPP avec la TAA, mais cela demeure insuffisant.
« Le paysage du secteur automobile est en train de changer et nous en sommes très conscients. Cela se matérialise dans le pacte PPP qui a été signé en juin 2022 avec Tunisian Automotive Association (TAA), qui vise la promotion de l'industrie automobile à l'horizon 2027 et qui contient 31 mesures », avait affirmé, le directeur général des Industries manufacturières au ministère de l'Industrie Fethi Sahlaoui, dans une interview à Business News en novembre 2022.
Ce pacte comprend six objectifs stratégiques, et 31 mesures et engagements ayant comme finalité de permettre à l'industrie automobile d'atteindre son plein potentiel et un niveau de compétitivité à même d'impacter positivement l'ensemble de l'économie tunisienne.
Ses principaux objectifs sont :
* Atteindre des exportations représentant près de 13,5 milliards de dinars en 2027 contre 7,5 milliards de dinars en 2021
* Attirer des investissements d'une valeur équivalente à 22% du PIB du secteur en 2027 contre 12% en 2019.
* Installer une unité d'assemblage de véhicules électriques (et/ou véhicules autonomes et/ou véhicules connectés) porteuse de transfert technologique avec un investissement de 300 millions d'euros ainsi que deux nouveaux équipementiers automobiles de rang 1 (à titre d'exemple : Continental, Bosch, Denso…) avec un investissement de 100 millions d'euros chacun outre quatre centres de compétences et/ou de recherche et développement
* Créer 60.000 emplois additionnels entre 2022 et 2027 pour atteindre 150.000 emplois en 2027
* Atteindre un taux d'intégration nationale de 48% en 2027 avec une diversification de la chaîne de valeur et un taux d'encadrement de 19% en 2027 contre 12% en 2021.
Des objectifs qui seront difficiles à réaliser avec les actuels challenges et les actuels freins.
L'Etat s'est engagé à mettre en œuvre 22 mesures :
* Infrastructure : quatre mesures pour améliorer l'infrastructure tunisienne et l'efficience logistique à travers notamment la mise à niveau des ports, l'amélioration des lignes maritimes, l'aménagement des zones industrielles, et l'aménagement des sites d'implantation pour les constructeurs automobiles. Ça concerne notamment les quais 8 et 9 du port Radés, le port de Zarzis, le port d'Enfidha dont le parachèvement est prévu pour 2026 ;
* Cadre réglementaire et incitatif : huit mesures pour améliorer le climat des affaires via la simplification des procédures administratives et des primes à l'investissement et réinvestissement ;
* Emploi & Formation : deux mesures pour assurer l'adéquation entre l'offre et la demande au niveau du marché de l'emploi mais également assurer une disponibilité des profils spécialisées et de qualité ;
* Recherche & Développement : trois mesures pour assurer une montée en valeur ajoutée du secteur Automobile ;
* Visibilité et Image : cinq mesures pour communiquer, promouvoir et mettre en exergue les potentialités existantes du secteur automobile afin d'attirer les constructeurs automobiles.
Mais, où en est-il parvenu ?

Des questions importantes à méditer et un secteur à soutenir pour qu'il préserve sa place face à une concurrence de plus en plus rude et des challenges de plus en plus ambitieux. Affaire à suivre.


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