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Il y a un an débutaient les arrestations politiques en Tunisie
Publié dans Business News le 12 - 02 - 2024

Cela fait un an, jour pour jour, que la série d'arrestations visant des personnalités politiques tunisiennes a débuté. Pour asseoir son pouvoir, le régime n'y est pas allé par quatre chemins. Il a commencé par mettre sous les verrous les opposants les plus virulents, ceux qui s'étaient organisés pour dire haut et fort leur rejet du processus du 25-Juillet.

Il faudra se rappeler le contexte dans lequel ce coup de filet, encensé par les soutiens présidentiels et une partie de la population, a eu lieu. La Tunisie venait de se doter d'une nouvelle Assemblée des représentants du peuple, définitivement installée après le second tour tenu le 29 janvier. Seulement 11% du corps électoral s'était déplacé pour le vote. Un revers pour le régime qui justifiera ce taux dérisoire par la défiance de la population envers la classe politique. Sauf que lors de ces élections législatives, les partis traditionnels avaient bien été exclus et beaucoup avaient aussi boycotté. La situation politique était assez explosive. On sortait à peine des mesures exceptionnelles instaurées par décret par le président de la République, d'une dissolution de l'ancien parlement, d'une consultation sur la constitution, d'un référendum controversé autour du texte d'une constitution unilatérale, d'une révision du code électoral, etc.
Au cours de cette année, flottait un air de déjà-vu, comme une réminiscence du début des années 90. Le champ des libertés politiques, d'expression, de presse, syndicale commençait à se rétrécir. Une chape de plomb commençait petit à petit à écraser la scène nationale. Les observateurs pressentaient bien que quelque chose allait arriver. Tous les signes étaient là. Le régime n'était visiblement pas adepte de la poursuite d'un processus démocratique avec tous les couacs qu'on lui a connu, mais démocratique quand même. Il était adepte de nouvelles visions, celles qui changeraient non seulement les Tunisiens, mais aussi l'humanité tout entière. Et pour ce faire, il fallait instaurer cette vision, l'articuler concrètement. Et pour ce faire donc, il fallait démanteler l'édifice et en bâtir un autre à son image. Par conséquent, les obstacles sur la route de la réalisation devaient disparaître.

Le président de la République ne cachait pas ses intentions quand il était candidat. Il avait une approche 'différente' qu'il voulait mettre en place. Les corps intermédiaires n'en faisaient pas partie. Surtout, les partis politiques voués à disparaître selon ses dires. Il a su profiter de la crise politique et de la défiance de la population envers Ennahdha et les autres partis qui ont magouillé tout au long de la décennie pour s'attaquer à ses adversaires et s'en donner une légitimité. Il ne ratait donc pas une occasion pour vilipender ses opposants en les qualifiant de traitres à la nation et de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables. Il n'a pas manqué d'évoquer des complots ourdis dans des antichambres obscures pour nuire au peuple et l'affamer. Le terrain était donc prêt pour un coup de filet qui viendrait verrouiller le pays et faire taire les voix dissonantes. On pourrait qualifier cette phase de lutte de survie du nouveau régime. Il devait sévir, installer une bonne fois son pouvoir et ne pas laisser de marge à ses opposants de prendre le dessus dans ce bras de fer. Il avait les appareils de l'Etat tout acquis à sa démarche et il en a usé pour lancer sa campagne d'épuration.
C'était le week-end, un samedi. On apprenait l'arrestation de l'activiste et ancien responsable du parti Ettakatol, Khayam Turki très tôt dans la matinée. Quelques heures plus tard, c'est au tour du lobbyiste et hommes d'affaires Kamel Letaief d'être appréhendé. Plus tard dans la journée, c'est l'ancien d'Ennahdha, Abdelhamid Jelassi qui se fait arrêter. Rapidement, l'information filtre sur la raison de ces arrestations : complot contre la sûreté de l'Etat. Un chef d'accusation qu'on côtoiera fréquemment depuis, puisqu'il deviendra emblématique de la démarche arbitraire du régime envers ses opposants.
Le lendemain, l'ancien procureur de la République, Béchir Akremi est arrêté aussi. Lui, il a plein de casseroles, mais les autorités à l'époque ne donnaient pas de détails sur le dossier.
Cette première salve d'arrestations a été accueillie favorablement par une partie de la population chargée à bloc depuis un moment et impatiente d'en découdre avec ceux que le président qualifie de traitres et de corrompus. Sur les pages des pro 25-Juillet, c'était une débauche de réjouissance et d'appels à poursuivre l'opération d'épuration. Des listes de personnalités politiques, de syndicalistes, de journalistes, d'activistes de la société civile sont dressées à tour de bras. Les gens se les partageaient sur les réseaux sociaux, on en parlait dans les cafés et on réclamait de voir tout ce monde aller « rendre visite à sa tante » (expression tunisienne qui désigne la prison).
Pour les acteurs de la scène politique et médiatique, ces interpellations étaient annonciatrices d'une nouvelle phase. Le climat était à l'appréhension. Ceux qui ont connu par le passé la montée en puissance de la dictature, savaient en reconnaître les prémices. Les événements qui allaient suivre ne démentiraient pas cette impression.

Dans les jours et les semaines qui suivront, la purge a continué de plus belle. Particularité tunisienne, les arrestations étaient toutes annoncées, quelques heures avant qu'elles ne surviennent, sur les pages proches du pouvoir. Le patron de Mosaïque Fm, Noureddine Boutar et l'avocat, Lazhar Akremi et le leader nahdhaoui, Noureddine Bhiri sont arrêtés le même jour (13 février). La dirigeante au sein du Front de salut, Chaima Issa est le secrétaire général d'Al Jomhouri, Issam Chebbi sont eux arrêtés le 22 février, l'activiste Jaouhar Ben Mbarek le 24 février, l'ancien ministre Ghazi Chaouachi et l'avocat Ridha Belhaj sont eux arrêtés tard dans la soirée du 25 février. Tous auront des mandats de dépôt au cours du même mois qui aura signé la révélation du vrai visage du pouvoir en place.
Tous sont donc accusés de complot contre la sûreté de l'Etat et attendent depuis croupissant en prison, leur présomption d'innocence piétinée et ne sachant rien de l'avancement de l'enquête.
Par la suite, on ne comptera plus le nombre d'arrestations visant les activistes politiques, de la société civile, des journalistes, des hommes d'affaires ou des citoyens lambda qui ont eu la mauvaise idée d'exprimer une critique.
En cette année d'élection présidentielle, le chef de l'Etat semble avoir fait le vide autour de lui. Mais au-delà, ces vagues d'arrestations sont symptomatiques d'une Tunisie qui, après avoir connu l'espoir, sombre dans une Restauration arbitraire.


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