Le Mouvement Ennahdha a célébré, le 6 mai 2025, le 44e anniversaire de sa fondation et a tenu à souligner que, depuis sa création, il est resté fidèle à ses principes et à ses engagements, que ce soit en faveur du peuple tunisien ou dans ses alliances politiques. « Cela fut le cas sous la présidence de Bourguiba, mais aussi durant les vingt-trois années du régime de Ben Ali, où Ennahdha fut violemment réprimé. Malgré les tentatives de déracinement, le peuple tunisien, avec l'engagement des militants d'Ennahdha, a renversé la dictature en janvier 2011, permettant au mouvement de revenir dans la vie politique nationale », lit-on dans le communiqué du parti. Ennahdha affirme avoir pleinement assumé les règles du jeu démocratique au cours de la « décennie des libertés » : remportant certaines élections, en perdant d'autres, s'engageant dans des coalitions, assumant les résultats des urnes. Le mouvement dit avoir contribué, dans la mesure du possible, à la relance du développement, tout en reconnaissant les limites du système politique et électoral en vigueur, dont les dysfonctionnements ont nui à l'efficacité des institutions. Il revendique également avoir protégé l'expérience démocratique tunisienne face aux menaces internes et externes. Ce rôle aurait été assumé malgré des campagnes de diffamation persistantes, héritées en partie du régime Ben Ali, et des accusations infondées, notamment celles d'implication dans le terrorisme ou les assassinats politiques. Le mouvement rappelle que les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi visaient à saboter le processus démocratique en cours et à renverser le gouvernement dirigé par Ennahdha. Face aux tentatives de déstabilisation, Ennahdha rappelle qu'en 2013, dans le cadre du dialogue national, elle avait accepté de transférer le pouvoir à un gouvernement technocratique, renonçant ainsi à son droit légitime de gouverner. Ce choix est présenté comme un acte de responsabilité visant à éviter le chaos et à préserver l'unité nationale, alors que certains adversaires du mouvement, selon le communiqué, menaçaient de faire sombrer le pays dans la violence. Le communiqué affirme qu'Ennahdha est au cœur de la vie politique tunisienne depuis plus de quatre décennies. La démocratie serait indissociable de sa présence ; son exclusion, synonyme de dérive autoritaire. Le mouvement considère avoir été une cible permanente de l'autoritarisme sous Ben Ali et de la contre-révolution post-printemps arabe. Après la révolution, Ennahdha dit avoir opéré une transformation politique majeure, se présentant comme un parti islamique démocratique ancré dans la culture nationale et ouvert à la coopération politique. Il revendique un rôle moteur dans la construction du consensus politique et le dialogue entre les différentes forces démocratiques du pays, contribuant à préserver l'expérience démocratique pendant dix ans. Le communiqué critique fermement ce qu'il qualifie de « coup d'Etat » du 25 juillet 2021, point de basculement vers un pouvoir personnel et autoritaire. Depuis cette date, selon Ennahdha, la Tunisie a perdu son statut de « pays libre » reconnu par les organisations internationales. Le peuple aurait perdu ses libertés sans pour autant retrouver sa dignité : chômage en hausse, pauvreté croissante, exode des élites, pénuries alimentaires, paralysie économique et une perte de souveraineté face aux puissances du Nord, la Tunisie étant réduite, selon le mouvement, à un simple garde-frontière. Pire encore, le discours officiel de division et de trahison serait devenu la norme. Ennahdha dénonce la fin de l'Etat de droit, la mise au pas de la justice et l'arrestation arbitraire d'opposants politiques, sans preuves crédibles. La fermeture de ses locaux, l'arrestation de son président Rached Ghannouchi et d'autres figures du parti sont, selon le communiqué, une nouvelle démonstration de l'acharnement contre le mouvement, mais aussi de l'intégrité de ses dirigeants face à des accusations qu'il juge purement politiques. En conclusion, Ennahdha affirme que l'histoire récente prouve que la démocratie est impossible sans la participation des islamistes. Leur exclusion dans le passé a mené à la dictature. Leur exclusion aujourd'hui n'augure rien de meilleur. Le mouvement affirme ne pas fuir l'évaluation critique de son parcours, bien au contraire : il appelle à une évaluation sérieuse, équitable et nationale de toute la période démocratique, afin d'identifier les raisons profondes de son échec face à la montée du populisme. L'objectif serait de sauver la Tunisie de sa crise actuelle et de reconstruire une démocratie inclusive, dans laquelle chaque force politique a sa place et son rôle.