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«Chez les musulmans, il n'y a pas d'Etat religieux et nul ne peut gouverner au nom de Dieu»
Entretien avec : Ameur Laârayedh, chef du département politique et d'information au sein d'Ennahdha
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 06 - 2013

Parler de coalition avec les destouriens est pour le moment prématuré
Beaucoup d'observateurs le considèrent comme l'un des faucons d'Ennahdha mais avec des gants de velours au vu de la longue période d'exil qu'il a passée en Europe.
D'autres le classent parmi la génération des jeunes dirigeants d'Ennahdha qui cherchent par tous les moyens à percer et à s'assurer une place au soleil au sein de la direction du mouvement, une place qui conviendrait plus à ses compétences et surtout à ses approches qu'il ne cesse d'exprimer haut et fort, notamment dans ses interventions à l'Assemblée nationale constituante. Il s'agit de Ameur Laârayedh, chef du département politique et d'information au parti Ennahdha.
Dans un entretien qui a duré plus d'une heure, La Presse l'a sondé sur ses positions quant aux principaux événements qui secouent l'actualité nationale depuis quelques semaines.
Ameur Laârayedh n'a éludé aucune question tout en usant d'un brin de diplomatie voire de malice dans ses réponses.
Qu'il s'agisse de la loi sur l'immunisation de la révolution, de la possible coalition avec les destouriens «politiquement corrects» lors des prochaines élections, des bruits de division au sein d'Ennahdha entre les politiques et les prédicateurs, de l'annonce de Hamadi Jebali de se porter candidat indépendant aux prochaines élections ou de sa décision de quitter son poste au parti, Ameur Laârayedh avait une réponse à tout. Entretien.
Le mouvement Ennahdha célèbre ce week-end le 32e anniversaire de la conférence de presse du 6 juin 1981 au cours de laquelle le Mouvement de la tendance islamique a annoncé son émergence en tant que parti politique. Comment évaluez-vous le parcours du mouvement durant toutes ces années ?
Tout d'abord, à travers le journal La Presse, je voudrais féliciter les militants d'Ennahdha et ses sympathisants à l'occasion de la célébration de l'anniversaire du parti.
Quand il a annoncé sa fondation en 1981 à l'époque où il s'appelait le Mouvement de la tendance islamique (MTI), Ennahdha constituait une réponse à une revendication réelle de la part de la société tunisienne ou d'une partie importante de cette société qui voulait qu'il y ait une cohérence entre les libertés et la modernité, d'une part, et l'identité arabo-islamique, d'autre part. L'objectif était qu'il ne devait pas y avoir de lutte ou d'antagonisme entre l'identité arabo-islamique et les valeurs de la modernité. C'est pour cette raison que la devise fondamentale du mouvement était la liberté, et nous avons proclamé que l'essence même de l'Islam était la liberté. C'était notre orientation en 1981, année de l'annonce officielle de la naissance du mouvement.
Notre mouvement a connu après sa fondation plusieurs étapes marquées essentiellement par l'emprisonnement de ses militants et leur exclusion et quand nous avons demandé à agir légalement, ce sont les portes des prisons qui nous ont été ouvertes et nous avons été interdits de travailler dans la légalité.
Depuis sa création jusqu'à la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011, le mouvement vivait entre les prisons et les poursuites policières et a donné plusieurs martyrs et de nombreux militants obligés de s'exiler.
Mais cette situation n'a pas empêché le mouvement de développer un certain nombre de thèses et d'approches intellectuelles et politiques représentant le socle fondamental de sa pensée.
Le mouvement était également en relation avec la société civile, l'opposition, les intellectuels et les médias tant en Tunisie qu'à l'étranger. Nous avons tissé des relations avec les autres partis avec lesquels nous partagions les revendications relatives à la liberté et à la démocratie. Il y a eu entre nous des coalitions, des actions et des communiqués communs.
Après la chute du régime de Bourguiba en novembre 1987 et à l'occasion des élections de 1989, il n'a pas été permis au mouvement de participer à ces élections en son nom. Nous avons soutenu alors des listes indépendantes proches du mouvement qui étaient connues comme les listes mauves avant que la couleur mauve ne soit confisquée par Ben Ali.
Il paraît que ces listes ont réalisé de bons scores, ce qui a poussé le régime à falsifier les résultats. A l'époque, les autorités ont reconnu que ces listes ont remporté 17% des voix des électeurs. Mais personne ne savait le taux réel enregistré par les candidats indépendants. Seulement, selon certains rapports commandés par Ben Ali et qui nous sont parvenus, il ressort que la liste de Tunis I présidée par cheikh Lakhoua a remporté 82% des voix en compétition.
Immédiatement après les élections, Ben Ali a formé un gouvernement de guerre et a annoncé la guerre contre Ennahdha, l'université, les organisations et puis les autres partis ou associations ont connu le même sort.
Le régime de Ben Ali s'est comporté lors des élections avec une mentalité de complot et a commencé la liquidation de ses adversaires qui ont gagné la confiance du peuple.
A ma connaissance, Ennahdha a obtenu l'autorisation de faire paraître le journal Al Fajr à la suite des élections et l'on disait même à l'époque que le mouvement allait être reconnu par Ben Ali ?
Le changement par le mouvement de son appellation pour devenir Ennahdha a été décidé bien avant les élections d'avril 1989. Ce sont les résultats des élections qui ont poussé Ben Ali à décider de combattre les islamistes et à ordonner une campagne d'arrestations très larges dans les rangs des islamistes.
Depuis la fondation de notre mouvement, nous avons toujours privilégié d'œuvrer dans la légalité et dans le respect des lois en vigueur bien que nous sachions que ces mêmes lois étaient contraires à la Constitution. Nous sommes attachés à l'Etat de droit, tout en œuvrant à améliorer les lois en vigueur dans l'attente de leur annulation et de l'adoption d'autres plus démocratiques.
Malheureusement, à chaque fois que nous frappions à la porte de la loi, on nous ouvrait les portes des prisons.
Maintenant que vous avez accédé au pouvoir, comment évaluez-vous l'expérience de la Troïka, dans la mesure où vous constituez le partenaire le plus influent dans la coalition au pouvoir ?
Le premier point à souligner et que nous considérons comme étant très important, c'est que nous avons accédé au pouvoir par la voie démocratique. Pour nous, la voie avec laquelle on parvient au pouvoir est bien celle qui va déterminer comment le pouvoir va être exercé. Il est impossible pour ceux qui y accèdent par voie de complot de le quitter autrement que par un autre complot ou à la suite d'une révolution.
Ceux qui parviennent au pouvoir grâce aux urnes ne peuvent que se soumettre au principe de l'alternance qui constitue l'un des fondements essentiels de la démocratie.
Nous considérons que la légitimité est celle du peuple. Pour nous, le peuple ne peut être gouverné que par ceux qu'il choisit lui-même.
Personne n'est en droit de parler au nom du peuple ou de prétendre que sa conscience ou sa maturité est supérieure à celle du peuple. Personne ne doit parler au nom de Dieu ou prétendre avoir une mission à réaliser. Il ne peut y avoir de voix au-dessus de la voix du peuple.
Il est heureux pour Ennahdha qu'il se soit hissé au pouvoir par la voie des urnes. Il est important de rappeler aussi l'action menée au sein de l'initiative du 18 octobre 2005. Nous avons élaboré plusieurs textes qui lançaient les jalons du partenariat que nous avons mis en place une fois que nous avons remporté les élections. Nous l'avons annoncé bien avant les élections du 23 octobre 2011.
Immédiatement après notre victoire, nous avons réaffirmé notre volonté de former un gouvernement d'union nationale Seulement, les autres partis ont choisi l'opposition.
Nous considérons que l'idée de la coalition est en soi un acquis pour la Tunisie et sa révolution. Avec la coalition de la Troïka, nous avons créé un choc positif dans la vie politique nationale parce que, ne l'oublions pas, la Tunisie a été gouvernée plus d'un demi-siècle par un parti unique.
Nous avons «détruit» l'idée du gouvernement du parti unique. Quant aux résultats accomplis par la Troïka, je fais remarquer qu'il n'y a pas de doute que la gouvernance par voie de coalition est l'une des formes les plus démocratiques d'exercice du pouvoir et des plus difficiles au niveau de la gestion.
Il faut reconnaître aussi qu'au sein de toute coalition, il existe des difficultés de parcours, des approches contradictoires et des méthodes de gestion divergentes.
L'expérience de la coalition a, d'autre part, été confrontée à des tentatives continues pour la faire avorter. En témoigne le taux des grèves dont le nombre a dépassé en une année et demie celui réalisé durant les 23 années de l'ancien régime.
Nous avons pâti également de cette politique de création des crises. En tout état de cause, l'opinion publique en a ras-le-bol des pratiques de surenchère. Le gouvernement a choisi d'opter pour la souplesse et l'on peut lui reprocher d'avoir été trop souple.
Je pense que le nouveau gouvernement a insisté sur un point d'une grande importance. Il s'agit de la restauration de l'autorité de l'Etat, l'application de la loi. Je pense qu'il a franchi des pas encourageants sur cette voie, surtout en matière de sécurité.
Au cours de la dernière période, plusieurs voix se sont élevées au sein même d'Ennahdha appelant à séparer l'action de prédication «Daouaâ» l'action purement politique. Qu'en est-il du dialogue au sein des structures du parti ?
Ennahdha est un mouvement politique fondé sur une compréhension progressiste et modérée de l'Islam insistant sur les valeurs de la justice, de la liberté, de la démocratie et du vivre-ensemble. Dans notre conception, l'Etat islamique est bien celui de la liberté et de la démocratie. Je ne suis pas très versé dans les études à caractère islamique mais je peux affirmer, d'après mes recherches effectuées au cours de la période de mon exil à l'étranger, qu'il n'existe pas d'Etat religieux dans l'Islam.
Dans toutes les étapes de l'histoire de l'Islam, l'Etat a toujours été un Etat civil, les contrats et les conventions avaient un caractère civil.
Seule l'Eglise, au Moyen Age, et en partant du principe du droit divin, imposait l'Etat que l'on peut qualifier de religieux ou théocratique.
Chez les musulmans, il n'y pas d'Etat religieux et nul ne peut gouverner au nom de Dieu. Même dans le domaine de la jurisprudence (fikh), les oulémas ne peuvent parler au nom de Dieu. Ils s'expriment uniquement selon le degré de compréhension qu'ils ont atteint.
Ennahdha a choisi l'action politique en partant de son attachement à militer en vue de l'instauration de la liberté, de l'édification de l'Etat démocratique et de l'instauration de la justice.
Qu'en est-il de ceux qui appellent Ennahdha à créer d'autres structures qui se consacreront à la prédication pure et simple? Sachant que la prolifération des prédicateurs de tous bords a semé le trouble et la confusion parmi les citoyens ?
Je vous ai déjà fait remarquer qu'Ennahdha a choisi l'action politique, sociétale et civile. Il participe à la réforme de la société, à la construction de la démocratie et à la garantie de la liberté et des droits de l'Homme. C'est là le choix stratégique de notre parti que nous œuvrons à réaliser en partenariat avec toutes les volontés sincères qui croient en ce projet.
Pour le reste, chacun est libre de penser comme bon lui semble.
Plusieurs membres de la Constituante s'acharnent à faire voter le projet de loi sur l'immunisation de la révolution. Certains appartenant au CPR sont allés jusqu'à menacer de se retirer de la Troïka au cas où leurs demandes ne seraient pas satisfaites. Que pouvez-vous répondre à ceux qui reprochent à Ennahdha ses positions hésitantes ou attentistes ?
L'idée de l'immunisation de la révolution n'est pas une idée spécifique à la Tunisie. Dans l'histoire, toutes les révolutions ont eu des initiatives visant à empêcher le retour des anciens régimes. Et c'est une revendication légitime dans la mesure où les régimes déchus ont essayé à plusieurs reprises, en France à titre d'exemple, de reprendre les rênes du pouvoir.
L'idée de l'immunisation est donc plausible. Nous avons essayé de faire en sorte que la loi en question touche tous ceux qui se sont compromis sous la dictature et ont contribué par leurs actions à ce que perdure le système de la malversation et de l'oppression.
Toutefois, le projet de loi leur permet de s'opposer aux poursuites engagées à leur encontre et est devant la justice.
Aussi, la loi concernera un nombre très limité parmi ceux qui ont commis des «crimes» suite auxquels le régime dictatorial a sévi durant des décennies.
Ce projet de loi a eu pour conséquence d'avoir provoqué la division au sein d'Ennahdha lui-même, puisque plusieurs responsables, dont en premier lieu le secrétaire général Hamadi Jebali, ont fait part de leur opposition à la loi...
Au sein d'Ennahdha, nous réfléchissons à haute voix que tout le monde a la possibilité d'écouter. Les discussions diversifiées qui se déroulent au sein de notre parti et qui sont répercutées par les médias sont l'une des représentations ou des conséquences de la révolution et de la transparence totale qui marque la vie d'Ennahdha.
Le mouvement n'est en aucun cas menacé de division ou de dissension. Nous accordons une grande importance au dialogue interne, lequel dialogue transcende nos murs pour s'inviter sur la scène nationale.
L'un des journalistes étrangers m'a demandé une fois si nous n'avons pas de linge sale à laver à l'instar des autres partis. Je lui ai répondu que nous disposons au sein de notre mouvement de l'oxygène et de l'air frais pour laver notre linge intra-muros.
Aujourd'hui, rien ne peut plus être caché.
Lors de la présentation du draft final de la Constitution, on a découvert que le rapporteur général Habib Khedher a rédigé seul le chapitre 10, relatif aux dispositions transitoires. Cette initiative a été dénoncée par l'opposition et par les constituants du CPR, considérant qu'elle viole l'esprit même de la petite Constitution? Qu'en dites-vous ?
D'abord, je dois souligner qu'il n'existe aucun article ou chapitre dans la Constitution qui a été rédigé en dehors des commissions constituantes, y compris les dispositions transitoires. Tous les groupes parlementaires ont contribué à cet exercice.
Tout ce que l'on dit sur les prétendus dépassements commis par les uns ou par les autres est hors sujet. Je veux dire que la Constitution dans son texte ne comporte aucune forme de distinction entre un citoyen et un autre. Pour moi, c'est la Constitution de l'égalité parfaite entre tous les Tunisiens. C'est aussi la Constitution des libertés et des droits de l'Homme.
Et en fin de compte, le texte actuel n'est qu'un draft puisqu'il nous reste encore le temps d'en discuter.
Nous aurons à l'examiner article par article et à le voter en deux lectures si la première lecture n'est pas adoptée à la majorité requise, soit les deux tiers des constituants.
Donc, les améliorations et les modifications sont toujours possibles, comme le permet le règlement intérieur de l'ANC.
Il demeure tout de même qu'en ce qui concerne les libertés et les droits, subsistent toujours les restrictions qui risquent de vider ces articles de leur contenu ?
A titre d'exemple, le droit à la grève était auparavant soumis à certaines conditions. Maintenant, ce n'est plus le cas et le droit à la grève n'obéit à aucune restriction. Idem pour la liberté d'expression qui ne souffre aucune condition. C'est aussi le cas pour la liberté de culte et de conscience. Seul un désaccord subsiste encore. Il s'agit de la loi qui organisera la pratique de ces libertés de manière à ce que leur essence ne soit pas touchée.
Encore plus, la Constitution prévoit que les articles relatifs aux droits et aux libertés ne doivent en aucun cas être amendés.
Quelles sont les factions destouriennes avec lesquelles Ennahdha pourrait coaliser au cours des prochaines élections, surtout que le CPR et Ettakatol ont perdu de leur poids ?
Nous sommes attachés à nos partenaires au sein de la coalition actuelle. Pour ce qui est des destouriens, il n'y a aucun doute qu'ils ont commis avec les rcdistes des fautes graves aux dépens du peuple.
En réalité, c'est une petite partie des destouriens et rcdistes qui se sont compromis. A contrario, plusieurs personnalités ont servi le pays sous Bourguiba et Ben Ali avec dévouement et sincérité sans avoir commis de crimes politiques ou économiques.
Quand nous parlons d'immunisation de la révolution, nous ne mettons pas tout le monde dans le même sac. Quant aux rcdistes et plus particulièrement les destouriens, je pense qu'avec la révolution, ils se sont libérés eux-mêmes de la dictature et de la répression de Ben Ali. Ce sont les enfants de la Tunisie nouvelle et démocratique. Ils bénéficient des mêmes droits que les autres citoyens comme ils assument les mêmes devoirs. Parler de coalition avec les destouriens est pour le moment prématuré. Dans tous les cas, nous n'établirons de coalition qu'avec les modérés. Pour nous, la Tunisie ne peut être gouvernée que par la modération. Les forces extrémistes n'ont aucun avenir dans notre pays, qu'elles soient de gauche ou de droite.
Vous avez annoncé votre volonté de démissionner de votre fonction à la tête du département politique et d'information à l'époque où M. Ali Laârayedh a été désigné à la tête du gouvernement. Où en sont les choses ?
Rien n'a été décidé jusqu'ici par le président d'Ennahdha à qui il revient de rejeter ou d'accepter ma démission. Il n'a pas encore tranché, quant à moi je maintiens toujours ma demande de quitter ma fonction dans la mesure où les motifs n'ont pas changé et me paraissent convaincants. Mon objectif est de dissiper les confusions qui peuvent intervenir au niveau des noms au gouvernement et à la direction du mouvement, et ce, bien que sur les plans des principes rien n'empêche une telle situation.
Le candidat d'Ennahdha à la prochaine présidentielle peut-il provenir d'une partie autre que le mouvement lui-même ?
Tous les choix sont possibles. Ce sont les attributions qui seront confiées au futur président de la République qui décideront de nos choix ainsi que les consensus auxquels nous parviendrons. Et ce sont les hautes structures d'Ennahdha qui prendront les décisions opportunes au moment qu'il faut.
Hamadi Jebali a déclaré à plusieurs reprises qu'il se présentera en tant que candidat indépendant bien qu'il soit toujours le secrétaire général d'Ennahdha. Qu'en pensez-vous ?
En tout état de cause, Hamadi Jebali a fait une simple déclaration et puis les candidatures à la présidentielle n'ont pas encore été ouvertes. De plus, il n'est pas possible d'être secrétaire général d'un parti politique et parler de se porter candidat indépendant à l'élection présidentielle.
Quelle est la position d'Ennahdha à propos des événements de Jebel Chaâmbi et du mouvement Ansar Echaria ?
Ennahdha est différent aux échelles de la pensée et des méthodes d'action de tous les partis salafistes. L'une de nos devises est bien celle qui considère qu'il ne peut y avoir de contrainte en matière de religion. Notre mouvement est un mouvement de modernisation démocratique à l'intérieur même de l'identité arabo-islamique.
Il faut préciser également que le salafisme n'est pas uniforme. Il y a plusieurs salafismes qui ont leurs propres idées. Cependant, de petits groupes salafistes ont choisi de recourir à la violence et il est impératif que la loi soit appliquée à leur encontre.
Considérez-vous les positions exprimées par les Américains à la suite du verdict rendu contre les assaillants de l'ambassade US à Tunis comme une ingérence dans les affaires de la Tunisie ?
Les Américains ont exprimé leur inquiétude, considérant que ceux qui ont brûlé l'ambassade et une partie de ses équipements ont écopé de peines légères. Leur position relève de leur inquiétude et ne peut être assimilée à une ingérence dans nos affaires intérieures.
Quant à nous, nous refusons d'intervenir dans les affaires de la justice. Le ministère public a interjeté appel et la justice aura à examiner l'affaire de nouveau.


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