Sur Facebook, des internautes tunisiens affirment que le changement climatique serait une invention destinée à servir des intérêts politiques ou économiques, allant jusqu'à évoquer une supposée « guerre du climat ». Ces affirmations, largement partagées, insinuent que les phénomènes météorologiques extrêmes actuels seraient uniquement naturels ou du fait d'un complot pour dérégler le climat sur certaines régions en particulier. Par ailleurs, ces gens pensent que les scientifiques exagéreraient la situation. Or, l'ensemble des données scientifiques disponibles contredit ces arguments et confirme que le réchauffement planétaire est une réalité mesurable, directement liée aux activités humaines et n'entrent pas dans un plan de conspiration planétaire.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui réunit des milliers de chercheurs à travers le monde, affirme dans son sixième rapport d'évaluation publié en 2021 que « l'influence humaine a réchauffé l'atmosphère, l'océan et les terres ». Selon ce rapport, la température moyenne de la planète a déjà augmenté d'environ 1,1 °C depuis l'ère préindustrielle, et cette hausse est principalement due aux émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique, en particulier le dioxyde de carbone issu de la combustion des énergies fossiles. IPCC Sixth Assessment Report
La NASA et la NOAA (Administration nationale océanique et atmosphérique des Etats-Unis) confirment également ces tendances. La NOAA note que la dernière décennie (2011–2020) a été la plus chaude jamais enregistrée et que la température mondiale moyenne augmente à un rythme inédit.
Les données d'observation montrent aussi une multiplication des phénomènes extrêmes directement liés au réchauffement climatique. L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué en 2023 que les vagues de chaleur, les sécheresses prolongées et les pluies diluviennes sont devenues plus fréquentes et plus intenses, et que ces évolutions ne peuvent être expliquées par la seule variabilité naturelle. Des études dites « d'attribution », menées par le consortium scientifique World Weather Attribution, démontrent par exemple que la canicule survenue en Amérique du Nord en 2021 aurait été pratiquement impossible sans l'influence du changement climatique causé par l'homme. L'argument selon lequel le climat « a toujours changé » ne résiste pas à l'examen des faits face à la rapidité et à l'ampleur actuelles du réchauffement. Les archives paléoclimatiques montrent certes que la Terre a connu des cycles naturels de glaciations et de réchauffements, mais ceux-ci se sont produits sur des milliers d'années. À l'inverse, la hausse actuelle de la température globale s'est concentrée sur un siècle et demi seulement. Le rythme observé aujourd'hui est sans précédent et correspond à l'accumulation rapide de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, directement liée aux activités industrielles depuis la révolution industrielle.
Il n'existe donc aucune « guerre du climat » orchestrée pour manipuler l'opinion, mais bien un consensus scientifique mondial, étayé par des observations, des mesures et des modèles climatiques robustes. Le changement climatique est documenté par des institutions reconnues comme le GIEC, la NASA, la NOAA et l'OMM, et ses impacts se manifestent déjà dans la vie quotidienne de millions de personnes à travers le monde. Affirmer le contraire relève de la désinformation et détourne l'attention des véritables enjeux : réduire d'urgence les émissions de gaz à effet de serre et adapter nos sociétés aux conséquences d'un réchauffement désormais inévitable.