Grève chez Teleperformance. L'information a de quoi surprendre au vu de la réputation de cette société aussi bien en Tunisie qu'en France. Tout le monde sait que les conditions de travail sont draconiennes et que les exigences de ce célèbre centre d'appels sont élevées, mais on sait également que les employés sont relativement bien payés par rapport à la moyenne en Tunisie. Il semblerait que ce ne soit plus le cas au vu du mécontentement des employés qui ont observé une grève lundi dernier. La société de télémarketing « Teleperformance » filiale de STT, installée en Tunisie depuis décembre 2000 est l'un des centres d'appel les plus performants en Tunisie. Elle emploie un effectif de plus de 4.000 collaborateurs répartis sur les différents sites de Ben Arous, Charguia I, Charguia II et Charguia II bis et se vante d'être le premier employeur privé de Tunis. Tout allait plus ou moins bien durant ces années jusqu'à cette grève observée lundi 10 mars 2008 devant les sites de la Charguia. Les revendications touchent les questions des salaires, les conditions de travail, les rétrogradations qui seraient abusives et un ressentiment, plus ou moins généralisé, de sorte de harcèlement. Autres points notés par les grévistes : l'état de délabrement des chaises et des casques téléphoniques et les contraintes et difficultés liées aux horaires. Contactés par Business News, des salariés de Teleperformance nous disent que la tension a commencé à monter, pour certains, à cause d'un retard de règlement des salaires du mois de février 2008. Jusqu'à la date du 11 mars, certains n'auraient toujours pas touché leur rémunération. Ce retard des salaires qui ne concerne pas le site de Ben Arous, serait dû, a priori, à un problème de virements bancaires. Seulement voilà, ce n'est pas ce point qui a mis le feu aux poudres. Il semblerait que les quelques « chanceux » qui ont été payés auraient perçu des montants inférieurs à ce qu'ils auraient dû recevoir. La raison est une nouvelle grille salariale qui n'aurait pas reçu l'aval des intéressés. Les syndicats et les grévistes qui ont réussi à obtenir une copie de cette nouvelle grille n'ont ainsi pas apprécié certaines dévaluations dues au nouveau mode de calcul qui n'était pas conforme, semble-t-il, aux accords conclus avec les syndicats, d'où la frustration et l'incompréhension totale. On nous affirme qu'en revoyant cette grille de salaire et sans réduire le montant brut, voire même en l'augmentant des 2% promis, la direction aurait intégré la prime relative à la performance du salarié dans le calcul de base du salaire. Explication : auparavant, les salariés touchaient un salaire de base (disons 400 dinars par exemple) auquel on ajoute une prime mensuelle de performance (disons 200 dinars). Si l'employé est mal noté, il peut ne pas recevoir cette prime et s'il est bien noté, il peut la voir augmenter considérablement. Alors que les employés pensaient que l'augmentation allait toucher l'ensemble du salaire, ils découvrent que les 2% en question ne touchaient finalement que le principal. Mais le fait marquant de cette revalorisation de la grille salariale concerne les conditions draconiennes mises à contribution pour bénéficier des 100% de la prime sur objectif. Il parait que la direction a placé la barre très haut et qu'il est devenu extrêmement difficile à un employé travaillant sur un même rythme qu'auparavant de pouvoir obtenir le niveau de prime habituel. Cette prime est calculée en fonction de plusieurs critères dont la note que donne le superviseur à l'écoute du télé-conseiller dans sa démarche téléphonique, les performances atteintes en fonction des objectifs, les horaires d'arrivée et de départ, l'absentéisme, etc. En ce qui concerne les rétrogradations, un ancien employé de Teleperformance, ne donne pas raison à ses ex collègues grévistes et rappelle que les procédures de recrutement au départ sont claires. Pour les collaborateurs qui désirent au bout d'une certaine période ne plus travailler comme télé-conseillers en postulant pour un poste d'encadrement, de superviseur ou pour un poste administratif, il bénéficiera d'un avenant à son contrat pour une période d'essai de neuf mois au bout de laquelle, il peut être reconduit ou non, selon l'appréciation de la direction et de sa hiérarchie. S'il est reconduit, il est titularisé, sinon il est rétrogradé à son poste initial Notons que nous avons voulu obtenir la réponse de la direction générale ou la direction des ressources humaines pour nous répondre à toutes ces interrogations. Après plusieurs tentatives, Mme Nejla Bousselmi, directrice des Ressources Humaines de Teleperformance, a promis de donner réponse à notre requête et à nos questions. Réponse que nous n'avons toujours pas reçue jusqu'hier en début de soirée. Nous ne manquerons pas de la donner à nos lecteurs dès sa réception. Notons par ailleurs, selon des sources syndicalistes, que la direction s'est montrée disposée à négocier avec le personnel. Une réunion a eu lieu lundi en fin de journée et aurait abouti à une promesse de révision de la nouvelle grille et des conditions de travail et d'établir une nouvelle convention. Promesse qui a eu pour résultat de calmer les esprits et la non-reconduction de la grève.