Les banques marocaines sont devenues ces dernières années des championnes incontestées au Maghreb. Elles ont pris une longueur d'avance sur leurs homologues dans la région grâce notamment à une politique d'expansion à l'international. Si les dépôts des entreprises d'hydrocarbures et l'accélération du désengagement de L'Etat ouvrent des perspectives prometteuses au paysage bancaire algérien, les banques tunisiennes restent handicapées par l'atomicité du secteur et les retards accumulés par de longues décennies de dirigisme étatique. Avec un bilan total de 20,16 milliards de dollars en 2006, la banque marocaine Attijariwafa Bank occupe la plus haute marche du podium des banques maghrébines. Durant la même année, cette institution a vu son produit net bancaire (PNB) progresser de 19,9% par rapport à 2005 pour s'élever à près de 900 millions de dollars. Ces résultats s'expliquent - en plus des composantes classiques (marge d'intérêts, marge sur commission ) - par le développement rapide de la composante opérations de marché. Ce nouveau produit a rapporté à la première banque marocaine plus de 100 millions de dollars, ce qui représente une hausse de 87,1% sur un an. Avec une contribution de 22% à la structure du PNB, la rubrique « marchés » enregistre également une forte croissance chez la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (+84%) et le Groupe Banques Populaires (+63%). Outre l'intégration de nouveaux métiers de la banque, les établissements de crédit marocains sont devenus, ces dernières années, des acteurs incontournables sur les marchés africains à forte croissance. Selon les observateurs de la vie économique au royaume chérifien, cette politique de développement à l'international découle de la difficulté pour les banques de gagner des parts de marchés sur un marché relativement exigu. Engagée dans la recherche de nouveaux relais de croissance, Attijariwafa Bank est déjà présente au Sénégal, où elle a ouvert en 2006 quatre agences avant de devenir actionnaire à hauteur de 66,6 % de la Banque Sénégalo Tunisienne. En Tunisie, la banque a repris en partenariat avec le groupe espagnol Banco Santander 33,5% du capital de la Banque du Sud (rebaptisée depuis Attijari Bank), en novembre 2005. La BMCE a, de son côté, racheté 35% du capital de Bank Of Africa, présente dans une dizaine de pays africains. Elle a aussi pris pied en Tunisie, à travers la banque d'affaires Axis et au Sénégal, à travers la BMCE Capital. Contrairement à leurs homologues marocaines, les banques tunisiennes et algériennes jouent encore la carte du développement à l'échelle nationale. En Algérie, des signes de renouveau du système bancaire sont déjà perceptibles. Les banques commencent en effet à tirer profit des dépôts des entreprises d'hydrocarbures. Autre atout de taille : le processus de privatisation qui doit permettre l'arrivée sur le marché des mastodontes européens au savoir-faire indéniable tels la Société générale ou encore BNP Paribas, candidates à la reprise du Crédit Populaire Algérien. Ce processus doit réduire le poids de l'Etat, qui accapare 90% des parts de marchés. L'autorisation accordée aux grandes entreprises publiques, dont le géant pétrolier Sonatrach, d'héberger leurs comptes dans les banques privées doit également contribuer à accélérer la mue attendue du paysage bancaire algérien. Quant aux banques tunisiennes, elles pâtissent en premier lieu de « l'atomicité » du secteur composé de 18 banques universelles, 8 établissements off-shore, deux banques d'affaires et neuf représentations étrangères, selon une étude de Fitch rating. Les banques tunisiennes sont également appelées à améliorer leur gestion des risques, en l'occurrence « l'assainissement » du portefeuille crédit qui présente encore un volume inquiétant de créances douteuses. Dans ce chapitre, l'agence de notation financière note des « améliorations » grâce notamment à la création de sociétés de recouvrement des créances, la titrisation qui consiste à transformer certaines créances en valeurs mobilières et aux efforts de provisionnement. Le taux des créances classées a en effet baissé à 17, 3% en 2007. De son côté, le taux de couverture des créances classées par les provisions a connu une amélioration significative, passant de 47% en 1997 à 54,5% en 2007. Fitch rating précise toutefois que les banques tunisiennes doivent poursuivre leurs efforts de provisionnement pour se conformer aux recommandations des autorités bancaires locales qui visent un taux de créances classées de 15% et un taux de couverture de ces créances par les provisions de 70% en 2009 . Une condition sine qua non pour l'application des directives de l'accord Bâle II à l'horizon de 2010. De son côté, Maxula Bourse estime que les banques tunisiennes sont plus que jamais appelées à s'orienter vers un « processus de fusion -acquisition-concentration ». Ce processus permettra aux établissements de crédit d'améliorer leur rentabilité et de se doter du poids nécessaire pour reproduire le modèle marocain d'expansion à l'international. Aucune fusion entre des banques tunisiennes n'a été enregistrée depuis janvier 2001, date de l'absorption par la Société tunisienne de banque (STB, publique) de la Banque de développement économique de la Tunisie (BDET) et de la Banque nationale de développement touristique (BNDT). C'est là que le bât blesse. D'autant plus que les observateurs s'accordent à dire que les mouvements de concentrations apparaissent désormais comme la seule voie permettant aux banques tunisiennes de connaître un essor semblable à celui de leurs consoeurs marocaines. A bon entendeur .