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A la mairie, on préfère voir petit
Publié dans Business News le 15 - 12 - 2008

C'est une salle de cinéma. L'une des dernières à avoir vu le jour en Tunisie. Elle porte pour nom Alhambra et se trouve à la Marsa (banlieue nord de Tunis) dans un centre commercial des plus prestigieux de la région.
En ouvrant cette salle, les promoteurs du projet voyaient grand. Ils voulaient pour Alhambra du grand cinéma comme on n'en voit que lors des JCC. Du grand cinéma, il y en a eu. De grosses foules, cependant, il n'y en a eu point. Du grand cinéma, le Tunisien en a tous les jours à l'administration, à la maison, au bureau, dans les rues, sur la route. Il n'a pas besoin de fréquenter une salle pour avoir sa dose de grand cinéma.
Au lieu de cumuler les entrées, Alhambra a cumulé les dettes et les loyers impayés jusqu'à ce que la mairie, propriétaire des murs, ait dit stop. C'est son droit de dire stop, afin de préserver ses recettes financières. C'est aussi son droit de priver l'ensemble des résidents de la banlieue nord de Tunis de l'unique salle de cinéma qu'ils avaient. Ces résidents n'avaient qu'à fréquenter Alhambra lorsqu'elle projetait ses "grands" films !
Question : Combien a perdu la mairie de la Marsa avec ce "mauvais" locataire ? J'ai la réponse : Très peu par rapport à ce qu'elle perdra en privant ses "sujets" de l'unique salle de cinéma qu'ils avaient. Les quelques milliers de dinars perdus seront certainement récupérés avec le prochain locataire. Mais ce que la Marsa va perdre à l'avenir, sans cette salle de cinéma, est incommensurable. En obéissant à de petits calculs mercantiles, ce ne sera pas uniquement la Marsa qui va perdre, c'est toute la région. Une région où l'on voit fleurir de plus en plus de commerces. Salons de thé et restaurants naissent comme des champignons. On rencontre de moins en moins de librairies, de bibliothèques, de salles de théâtre (feu Mad'Art attend encore remplaçant !) et d'espaces culturels tout court.
Et maintenant ? Si on suit la logique implacable des relations liant les propriétaires et les locataires, la salle Alhambra va fermer ses portes pour être remplacée par un autre commerce de bouffe ou de grande consommation. Il y a un hic cependant. Une loi (peut-être un arrêté ministériel) interdit en Tunisie qu'un local, ayant abrité une salle de cinéma, soit remplacé par un commerce autre que culturel. Or le seul commerce qui rapporte vraiment du fric dans ce pays est celui de la bouffe et de la grande consommation.
Que va faire la mairie face à un local qu'elle ne peut (théoriquement) louer qu'à un prestataire de services culturels ? Dans un pays où la culture et la création intellectuelle ne rapportent rien, où seuls plagiat et contrefaçon trouvent adeptes, il sera ardu, presqu'impossible, que la mairie de la Marsa respecte cette loi. Parions qu'elle ne va pas la respecter cette loi. Non pas par mépris à l'égard de cette loi, mais parce que cette loi est impossible à respecter.
Pour qu'un lieu culturel puisse vivre, il faut qu'il y ait des gens adeptes de produits culturels : cinéma, théâtre, livres, arts-plastiques… Or la loi en question (ou l'arrêté) a été pondue quand ces gens-là se comptaient par centaines de milliers dans le pays. Aujourd'hui, ces gens adeptes de la chose culturelle n'existent plus. S'il y en avait, la salle de cinéma Alhambra n'aurait pas les problèmes qu'elle rencontre aujourd'hui. S'il y en avait, la Tunisie ne compterait pas autant de stades, de restaurants et de salons de thé. S'il y en avait, il n'y aurait pas autant de vendeurs de Divx dans le pays. Du coup, la loi devient caduque et impossible à respecter, combien même la mairie le voudrait.
Reste un infime espoir. Un tout petit. Un espoir que font entretenir des gens comme les promoteurs d'Alhambra, comme Brahim Letaïef (dont le film "osé" sort début janvier), comme Nouri Bouzid, comme Férid Boughedir.
Ces gens bataillent depuis des années contre la bureaucratie, contre la médiocrité, contre la niaiserie, contre la stupidité, contre les salons de thé. Ils ont longtemps fait face à des fonctionnaires qui n'ont rien compris. Ils ont depuis longtemps tiré la sonnette d'alarme. Ils ont longtemps crié au scandale et au danger qui guette ces lieux qui ferment les uns après les autres. Ils ont longtemps crié dans le désert.
Messieurs les élus de la Mairie de la Marsa ! Votre mandat électoral s'achève l'année prochaine. Peut-être que vous serez réélus, peut-être que vous ne le serez pas. En tout état de cause, et à défaut de pouvoir faire mieux, laissez au moins les quelques lieux culturels existants vous survivre. Ne vous arrêtez pas à de petits calculs mercantiles. Voyez grand, à la dimension de la grandeur de votre ville et de votre pays. Trouvez une autre solution que celle radicale de la fermeture. Une fermeture qui coûtera plus cher à la région que les millions de millimes d'impayés. La Marsa nous appartient à nous tous et nous lui devons bien cela. C'est important pour votre (notre) région, c'est important pour vos compatriotes, c'est important pour la Tunisie.
Cliquer ici pour accéder à l'appel de soutien lancé par Férid Boughedir pour sauver la salle de cinéma Alhambra de la Marsa


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