S'il est vrai que les échanges commerciaux entre la Tunisie et la France ont subi, nettement, les effets de la crise économique mondiale, il n'en demeure pas moins que les autres composantes financières et d'investissement se sont consolidées. En effet, les exportations tunisiennes vers la France ont connu, au cours des 11 premiers mois de l'année écoulée, une baisse d'environ 20%, avec un volume de 2,8 milliards d'euros. Il en est de même pour les exportations françaises vers la Tunisie. Celles-ci ont régressé de -11,6%, avec un volume de 2,7 milliards d'euros. Une baisse expliquée par deux facteurs principaux. D'abord, la baisse des prix du pétrole qui a diminué fortement le coût des achats français de pétrole brut tunisien. Ensuite, le ralentissement de l'activité industrielle tunisienne tournée vers l'exportation notamment la filière textile-habillement, avec un recul de 15%, et celle des industries mécaniques et électroniques (IME), avec une baisse de11%, qui a affecté les échanges dans les deux sens. Autres baisses enregistrées du côté français, les exportations des céréales qui ont connu un recul de 52%, et des produits pétroliers avec une baisse de 60%. Par contre, on notera le maintien des industries agroalimentaires, avec une hausse de 2,8% et celles des industries pharmaceutiques avec une croissance de 15%. A ce titre, Jacques Torregrossa, directeur d'UBIFRANCE en Tunisie, a souligné « espérer que cette hausse ne soit pas uniquement due à l'exportation des doses de vaccins de la grippe H1N1, vers la Tunisie ». Du côté tunisien, on enregistre une baisse des exportations des hydrocarbures (36%), des IME (15%), du textile (16%) et de la chimie (-56%). Aussi, le taux de couverture des importations françaises par les exportations françaises s'établit à hauteur de 95%. Il correspond, au regard de Bertrand Furno, chef service économique à l'ambassade de France, en Tunisie, à un taux de couverture voisin de 100%. Toutefois, a-t-il ajouté, à l'occasion de la présentation du bilan 2009 et du programme 2010, de la Chambre tuniso-française du commerce et de l'industrie (CTFCI), le commerce extérieur de la France avec le reste du monde a également connu un important mouvement de baisse. Néanmoins, en dépit de la crise économique mondiale, la Tunisie a plutôt réussi à améliorer sa position. Elle est, effectivement, passée, entre 2008 et 2009, du 25ème au 22ème rang, des clients de la France, et du 24ème, au 21ème rang de ses fournisseurs. La France demeure le premier fournisseur de la Tunisie, avec une part de marché de 20,1%, en 2009, contre une part de 18,4%, en 2008, précédant ainsi, l'Italie (16,4%) ; et l'Allemagne (8,8%). Elle est, également, le premier client de la Tunisie absorbant 29,6% des exportations tunisiennes en 2009, contre 29,3%, en 2008, devant l'Italie (21%), et l'Allemagne (8,8%). Au-delà des seuls échanges de biens, la balance de paiements de la Tunisie en 2009 laisse apparaître, que la France occupe la première place pour les recettes liées au voyage avec 934 MD, soit 25,7% des recettes mondiales. Mieux, si dans d'autres pays les transferts des migrants ont connu une baisse, cela n'a pas été le cas, pour les transferts des migrants tunisiens, en France, vers la Tunisie. Ils se sont élevés à hauteur de 1175 MD, soit 48,2% du total du monde. S'agissant des investissements français en Tunisie, hors énergie, au cours des 11 premiers mois de l'année écoulée, ils ont atteint 210 MD, soit 11% des flux d'IDE reçus par la Tunisie et environ 30%, hors énergie. En 2009, la Tunisie a vu la réalisation de 137 projets dont 73 nouvelles implantations françaises en Tunisie, avec une implantation phare, celle de la marque Orange pour France Telecom, après avoir remporté la deuxième licence de téléphonie mobile. Ainsi, la France détient le plus grand nombre d'entreprises à participation étrangère, avec 1180 PME, et plus de 106 mille emplois. Au niveau de la coopération financière, la France est le premier partenaire de la Tunisie avec des outils d'aide bilatérale gérés par le ministère de l'Economie et des Finances. Dans le cadre de l'Aide Publique au Développement (APD), ce dernier dispose d'outils dédiés. Il s'agit notamment de la Réserve des Pays Emergents (RPE) et du Fonds d'Etudes et d'Aides au Secteur Privé (FASEP). Depuis l'an 2000, la Tunisie aura bénéficié d'un total de 178 millions d'euros de crédits et dons au titre de ces financements, pour des projets dans l'environnement (Taparura), le transport urbain (rames et extensions de lignes pour le métro léger de Tunis), le transport ferroviaire (autorails diesel pour la SNCFT). Plus encore, une nouvelle ligne de crédit vient d'être mise, au profit des PME. D'une enveloppe de 40 millions d'euros, celle-ci offre des avantages que le système bancaire conventionnel ne peut accorder. Il s'agit notamment, selon M. Furno, d'une offre de sources de financement longue pour les PME-PMI, remboursable sur 10 ans, avec un délai de grâce de cinq ans et un taux d'intérêt de 4,6%, en dinars, y compris le risque de change et la marge de la banque. Ceci étant, pendant les cinq ans, l'entreprise ne rembourse que les intérêts du crédit. Elle n'entamera le remboursement du capital, qu'à partir de la 6ème année, pour des projets dont le coût d'investissement varie de 100 mille à deux millions d'euros.