Pour Tahar Saihi, président de la Fédération Tunisienne des Agences de Voyage (FTAV), l'image du tourisme tunisien demeure floue malgré les investissements réalisés et les efforts consentis. Le contexte hautement concurrentiel du paysage touristique mondial impose de doter le tourisme tunisien de budget conséquent afin de « rendre notre action promotionnelle et publicitaire percutante », a-t-il déclaré dans une interview accordée à notre confrère "La gazette touristique de Tunisie", parue dans son dernier numéro. Avec l'habileté et la précision d'un chirurgien, M. Saihi, sans coup férir, a disséqué les maux et les malaises du secteur des agences de voyages. Il a précisé que la concurrence déloyale sévit dans le secteur et il est de l'intérêt de tout le monde de combattre les pratiques anti-concurrentielles. "Comment expliquer l'offre des transferts gratuits ou encore le fait d'arracher un marché à un collègue en baissant très sensiblement ses tarifs au détriment de la qualité de prestation, provoquant ainsi un manque à gagner pour tout le pays", a-t-il précisé. Etant une situation préoccupante et inquiétante, M. Saihi ne renonce pas à sa position à l'égard de cette question épineuse. "La liberté d'action et de prix n'a jamais signifié désordre et gaspillage. En tout cas, je dirais que ces pratiques ne peuvent qu'affaiblir notre position vis-à-vis des TO et porter préjudice à notre destination en le tirant davantage vers le bas", a-t-il ajouté. Décidemment, l'image de la destination Tunisie demeure encore "Low Cost" au pire, "flou" au mieux. Sur ce point, le président de la FTAV, avance l'idée suivante : il faut doter le secteur touristique d'un budget conséquent afin de rendre l'action promotionnelle et publicitaire percutante. Pour monter à merveille ce dessein, il nous avance une solution, efficace et parfaitement soluble dans les différentes politiques nationales en la matière. Il appelle à la participation de tous les autres bénéficiaires du secteur touristique, en l'occurrence les restaurateurs, les loueurs de voitures, les artisans, les banques, les compagnies aériennes et autres, au fonds de développement de la compétitivité du secteur touristique et de procéder à la mise en place d'une taxe à faire payer par le touriste à son arrivé, à l'instar de ce qui se passe dans certains marchés touristiques. Mais quid de l'expérience de l'Inclusive Tour ? Pour M. Saihi, il s'agit, sans nul doute, d'une nouvelle opportunité de croissance pour le secteur. Lancée il y a 3 ans, les premiers résultats de cette expérience sont positifs et largement encourageants dans la mesure où elle tend à s'ancrer davantage comme une tradition. "Deux autres mérites majeurs à inscrire à l'actif de cette expérience. Elle nous a permis de drainer une nouvelle clientèle et plus encore de nouveaux TO étrangers en Tunisie. Ces résultats, qui cadrent parfaitement avec les orientations globales du tourisme tunisien, militent pour un engagement davantage soutenu au profit de cette démarche. Actuellement, nous sommes en pourparlers avec la Banque centrale (BCT) pour simplifier au mieux les procédures des règlements et des transferts", a-t-il ajouté. Pour ce qui est de l'avenir du métier de l'agent de voyages, et tout en faisant référence à l'étude stratégique en la matière, en phase d'élaboration, M. Saihi, s'est montré optimiste tout en rappelant que le secteur est appelé, plus que jamais, à se restructurer sur des bases profondes, réfléchies, scientifiques, élaborées à la lumière d'une étude prospective. "Nous en sommes actuellement en phase de diagnostic et l'état d'avancement est jusqu'ici satisfaisant. Les grands espoirs que nous portons à cette étude sont fondés et légitimes". W.A.F.