Le groupe Assad est une entreprise "indomptable". C'est le moins que l'on puisse dire, et sans exagération aucune, sur une entreprise dont les ambitions tutoient les nuages. Car, après une année de conjoncture internationale épileptique, il est très difficile de conduire une entreprise à ramifications multiples comme "Assad" et exportatrice de surcroît dépendant d'un secteur automobile morose. Indomptable, parce qu'au moment où certains groupes ont choisi de se mettre à l'abri en se recentrant sur leurs activités de base, "Assad", n'a pas fait le même détour "mortel", dont les retombées, une fois la reprise de retour, seraient irrémédiables. Car cela va de ses parts de marché. L'entreprise n'a pas donc froncé. Au contraire, elle a réussi à préserver sa position de leader qui n'a pas été obstruée ni par la conjoncture internationale, ni par la législation algérienne changeant en fonction des saisons, ni encore par la concurrence sur le marché local. "Une entreprise indomptable". C'est ce qui ressort de l'assemblée générale de la société "Assad", tenue jeudi 20 mai 2010, au siège de la Maison de l'Entreprise. Il faut dire que la famille Kallel a de bons arguments. Toutes les sociétés du groupe ont terminé l'année 2009 avec un résultat bénéficiaire. Le résultat net du Groupe de 9,3 millions de dinars répartis comme suit : 7,1 MDT pour la société mère, 2,8 MDT pour Assad International et 1,8 MDT pour batteries Assad Algérie. Mieux encore, la joint-venture Enersys-Assad a clôturé sa première année d'activité entière bénéficière. Plus de détails. Côté "activité", le marché a consommé environ 440 mille batteries démarrage soit environ la même quantité par rapport à l'exercice précédent. Les ventes de batteries importées au cours de l'année 2009 ont été estimées à 75.000 batteries contre 47.000 en 2008, la part de marché de l'importation est passée de 10,6% à 17% en 2009. La marque de Lion a réussi à préserver sa position de leader avec une part de marché d'environ 58% et ce malgré le non respect de certains concurrents de l'application du décret prévoyant « le système de la consigne obligatoire et de la reprise des accumulateurs usagés », ce qui a perturbé les ventes de la société. Concurrence déloyale ? Le management ne le dira pas. Pour les batteries industrielles, notamment les batteries stationnaires, "Assad" semble nouer des relations stratégiques avec les trois opérateurs de la télécommunication en remportant le marché de Tunisie Telecom, de Tunisiana et celui du nouvel opérateur Divona-Orange. Les ventes de plaque, par ailleurs, sont destinées essentiellement à la filiale algérienne (89% des quantités) et le reste est écoulé sur l'Europe. La part du chiffre d'affaires des plaques en 2009 est de 12,5%. A la fin de l'exercice 2009, la société a réalisé un chiffre d'affaires, hors produits d'exploitation, d'environ 52 MDT, en hausse de 1,4% par rapport à l'année précédente. Cela était prévu d'avance étant donné que le chiffre d'affaires local (23,2 MDT) a régressé de 10,6% par rapport à 2008, soit une augmentation de 24,5% pour les batteries industrielles et une diminution de 12,7% pour les batteries de démarrages. Faut-il rappeler que l'année 2009 a été marquée par une reprise à la hausse du cours du plomb par rapport à son niveau fin d'année 2008. Néanmoins, le cours moyen du plomb (LME) de l'année 2009 (1,719 dollars) a enregistré une baisse de l'ordre de 18% par rapport à la même période 2008 (2,091 dollars). Qui plus est, cette même fluctuation n'a pas mis du plomb dans les ailes de la société qui battent encore plus fort sous d'autres cieux. Le chiffre d'affaires à l'export (28,5 millions de dinars) a enregistré une hausse de 13,7% par rapport à l'année précédente. Dans l'ensemble, le chiffre d'affaires total consolidé a progressé de 5,7% soit une hausse de 3,6 MDT. Le taux de la marge d'exploitation 2009 s'est amélioré de 2 points seulement par rapport à 2008, ceci s'explique, selon M. Kallel, par l'augmentation de 0,3 MDT du budget marketing et 0,4 MDT de charges de personnel et de sous-traitance. La structure financière de la société relève un fonds de roulement positif de 12,3 MDT en baisse de 1,8 MDT par rapport à l'année précédente, ceci s'explique par les investissements réalisés au cours de l'année 2009. En somme, l'entreprise va plutôt bien et a même la possibilité de mieux se développer. Seulement la famille Kallel n'a pas du tout été épargnée par les actionnaires. Le débat qui a suivi la présentation des résultats de la société a été truffé de questions portant essentiellement sur la trésorerie négative, la nouvelle technologie performée par la société, les batteries Ca-Ca en l'occurrence, le cours du LME, le nouveau décret et l'avenir de la joint-venture Enersys-Assad. Le point qui a fait cependant l'objet de revendications de la part de certains actionnaires n'était autre que celui relatif à l'augmentation des dividendes de 25 millimes. Le conseil a proposé la distribution d'un dividende de 0,370 dinar par action, soit une progression de 5,7% par rapport à l'année écoulée. Encore une fois, Souheil Kallel n'a pas manqué de prouver qu'il est à l'image de sa société. Tout comme elle, il semble être indomptable. Pour ce qui est de la trésorerie négative, M. Kallel a souligné que la filiale algérienne a dû faire face aux difficultés d'importation créées par la loi algérienne de finances complémentaire de juillet 2009. Le besoin en fonds de roulement a ainsi augmenté de 13% suite aux difficultés de règlement rencontrées par la filiale algérienne suite au changement de la législation concernant le règlement des fournisseurs étrangers. Cela ne semble pas inquiéter le management qui sait qu'il ne fait pas face à de mauvais payeurs. De fait, la trésorerie sera renflouée bientôt. Au sujet du cours des LME, M. Kallel a précisé que la fluctuation du cours du plomb n'a pas impacté vraiment les résultats du groupe. Déjà, le chiffre d'affaires à l'exportation est indexé au cours LME (prix du plomb). Cette formule lui a permis de déterminer le prix à la vente en fonction des prix de tonne de plomb et d'effectuer des corrections juste à temps. Quant à Enersys-Assad, M. Kallel a fait savoir qu'il s'agit d'un petit projet, fruit d'une alliance avec le mastodonte international INERSIS, qui commence à s'agrandir. Poursuivant une approche prudente, le groupe est en train d'évaluer l'expérience pour entamer prochainement une deuxième phase qui connaîtra la mise en place d'un business plan pour cette entreprise. Abordant le sujet de l'augmentation du dividende, M. Kallel a précisé que l'entreprise a entamé une phase d'investissement. Ses besoins en fonds augmentent par conséquent et ne peut pas se permettre de s'endetter davantage. C'est ce qui explique, en gros, la décision du groupe de ne distribuer que 53% de son résultat et d'améliorer ses réserves. Pour l'entreprise, il est question de ménager la chèvre et le chou, précise un autre actionnaire, défendant la démarche de la société. Il est à signaler que l'assemblée a approuvé un projet de résolution prévoyant l'augmentation du capital de l'entreprise d'un montant de 1 million de dinars par incorporation de réserves et la distribution d'actions gratuites à raison d'une action nouvelle pour chaque lot de dix actions anciennes. Walid Ahmed Ferchichi