Comme chaque année en pareille période, le groupe Jeune Afrique publie son classement des 500 plus grandes entreprises africaines. Dans un hors-série spécial, bien élaboré, on découvre le chiffre d'affaires et le résultat net de chacune de ces entreprises. Et force est de constater que les entreprises tunisiennes sont bien à la traine dans ce classement africain. Non seulement elles sont la traîne, mais elles reculent. Dans le classement 2010, la première entreprise tunisienne, la STIR, est au 72ème rang (elle était 48ème en 2009) à l'échelle africaine, alors que le premier groupe privé, Poulina, se classe au 161ème rang (il était 159ème en 2009). En dépit de son pouvoir d'achat et de son PIB par habitant relativement élevé, la Tunisie demeure un petit pays avec ses 10 millions de consommateurs. Cette étroitesse du marché local fait que les entreprises tunisiennes, comparées à celles africaines, n'ont pas de grande marge de manœuvre pour dégager un gros chiffre d'affaires si elles ne misent pas sur l'exportation. Dès lors, elles ne peuvent plus occuper les premières places quand on les compare aux mastodontes africains. Selon le classement Jeune Afrique, les 5 premières entreprises du classement appartiennent à un organisme public : la Stir, Steg, Agil et Tunisair (qui appartiennent à l'Etat tunisien) et Tunisiana, l'opérateur GSM privé qui appartient à Qtel, une holding du prince du Qatar. La première entreprise privée tunisienne, appartenant à des particuliers, vient au 161ème rang à l'échelle africaine et au 6ème rang à l'échelle tunisienne. Poulina est suivie par le Groupe Elloumi (190ème en Afrique, 7ème en Tunisie) alors que le troisième rang d'un groupe privé tunisien est occupé par le Groupe Loukil (229ème en Afrique, 9ème en Tunisie). Groupe Loukil : 3ème groupe privé en Tunisie Bon à noter, le Groupe Loukil est parmi les rares groupes tunisien à évoluer positivement et significativement dans le classement africain. Il était 270ème dans le classement 2009, il est monté au 229ème rang au classement 2010. En période de crise, cette performance est à inscrire dans les annales. Si Poulina, Elloumi et Loukil occupent les trois premières places des groupes privés tunisiens, c'est qu'ils ont réussi à se distinguer des autres en diversifiant leurs produits et en misant sur l'export. Poulina investit jusqu'en Chine après s'être solidement implanté en Algérie ou en Libye. On le trouve dans l'industrie agro-alimentaire, dans le BTP, le tourisme… Le Groupe Elloumi, quant à lui, s'est spécialisé dans les secteurs automobile, énergie et télécom, agroalimentaire, promotion Immobilière, distribution et électroménager. Sa branche, Coficab, est le leader européen et le second mondial dans l'industrie des câbles et fils électriques pour automobile. Même recette pour le Groupe Loukil, qu'on retrouve dans le secteur automobile, dans l'industrie, le BTP, les télécoms, la distribution… Présent en Afrique et en Europe depuis des années, il a réussi à tirer son épingle du jeu grâce à la diversification de ses produits et, surtout, grâce aux partenariats étrangers qu'il a noué. Dès lors, la recette pour dégager du chiffre et s'en sortir en temps de crise, est toute trouvée. Nos groupes ont réussi à amortir le choc de la crise dès lors qu'elles ont parié sur de nombreux marchés et différents produits. Quand le textile est en crise ici, la BTP se porte mieux là-bas. N'empêche. Nos groupes mériteraient davantage et un meilleur positionnement à l'échelle internationale. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, l'a dit à maintes reprises : il faut miser sur l'africanité de la Tunisie. Il est impératif que nos entreprises aillent explorer les vastes terres vierges africaines où la croissance sera à deux chiffres dans les prochaines années. Pour cela, les banques doivent s'implanter en Afrique pour accompagner nos entreprises. Or, à l'exception de l'Amen Bank qui semble explorer cette piste, nos banques semblent se suffire de l'étroit marché tunisien. Idem pour le transport aérien appelé, par le Premier ministre, à renforcer ces liaisons avec l'Afrique subsaharienne afin de faciliter les échanges des entreprises tunisiennes avec ces pays. C'est d'ailleurs cette diversification et ce pari sur les marchés extérieurs qui a permis aux entreprises marocaines d'obtenir un meilleur positionnement à l'échelle africaine. La première d'entre-elles est la holding royale ONA. Elle a quadruplé son bénéfice en un an et se classe au 21ème rang en Afrique ! La dernière entreprise du TOP 50 marocain dégage un chiffre de 294 millions de dollars. Elle serait tunisienne, elle aurait occupé le 17ème rang. Cela en dit long sur les performances des entreprises marocaines comparée à celles tunisiennes, alors que le PIB par tête du Tunisien (3792 dollars) est bien supérieur à celui du Marocain (2795 dollars). De fait, l'avantage quand on est mal classé, c'est qu'on a une grande marge d'évolution. Nos managers n'étant pas moins intelligents que leurs homologues de l'Afrique noire ou du maroc, ils ont donc les moyens de dégager une croissance significative pour améliorer leur rang africain et obtenir de meilleurs chiffres d'affaires. Cliquer ici pour télécharger le classement des 50 premières entreprises tunisiennes