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Farhat Rajhi fonce, tête baissée, pour l'élection présidentielle
Publié dans Business News le 06 - 05 - 2011

Farhat Rajhi a créé un buzz sur Internet, d'abord, en lançant de graves accusations contre le Premier ministre traité de « menteur », contre l'Armée et son chef d'état major, le général Rachid Ammar, accusé de « préparer un coup d'Etat en cas de victoire d'Ennahdha aux élections du 24 juillet 2011 », contre les Sahéliens « furieux d'avoir perdu le pouvoir » et contre Kamel Ltaïef, qualifié « d'éminence grise tirant toutes les ficelles au sein du pouvoir ».
Pourquoi ces accusations, du reste sans preuves, et pourquoi le choix de ce timing précisément ?
Certains avancent que M. Rajhi, étant connu pour être un proche d'Ennahdha, aurait choisi ce moment précis, justement parce qu'on parle d'une grande marche de plus de dix mille personnes, samedi 7 mai 2011 à Tunis pour sensibiliser l'opinion publique contre l'idéologie des Islamistes.
En attendant, c'est dès l'après-midi du jeudi 5 mai 2011 que les manifestants se sont déplacés, par centaines, à l'avenue Habib Bourguiba pour demander le départ du Premier ministre Béji Caïed Essebsi.
La journée du jeudi 5 mai 2011 aura été folle en déclarations, en accusations, en précisions et en réactions dont notamment celles de Farhat Rajhi, lui-même, de Kamel Ltaïef et de Moez Sinaoui, chargé de la communication au Premier ministère.
L'interview, réalisée par deux jeunes journalistes débutants et diffusée sur Facebook, a porté à son début sur des questions générales qui se rapportent à son exercice au sein du ministère de l'Intérieur et de ses fonctions en tant que ministre. A la question concernant la pluralité des partis politiques, il répond qu'il n'avait pas réellement le pouvoir de décider d'accorder ou non le visa à un tel ou autre parti.
Revenant sur sa nomination, il déclare qu'il a été choisi simplement pour « blanchir » l'image du régime, et qu'il a été présenté comme étant l'homme honnête et même naïf au point qu'on lui a volé son manteau et son portable ! Il affirme ne pas avoir eu le choix quant au limogeage des anciens gouverneurs ni dans la nomination des nouveaux qui, pour la plupart, étaient des ex-RCDistes.
Farhat Rajhi avance que les Sahéliens n'ont jamais accepté d'être écartés du pouvoir, que le général Ammar, a été promu chef d'état major des trois armées dans le but de fomenter un coup d'Etat militaire en cas de victoire d'Ennahdha, le 24 juillet 2011, et que Kamel Letaïf était la personne qui décidait tout et gérait le pays depuis la révolution.
A ce propos, il précise que cet homme d'affaires, l'a contacté pour le rencontrer mais qu'il avait refusé de le voir pour deux raisons, dit-il. La première raison est qu'il risquait d'être filmé et accusé d'être traitre et la seconde est qu'il risquait d'être amené à servir les intérêts du RCD, chose qu'il refuse.
L'ancien ministre accorde un deuxième entretien à la radio Express Fm, tard la nuit, afin de revenir sur les questions évoquées et les accusations lancées. Il maintient sa position et déclare ne rien regretter, car, selon lui, il n'a fait que décrire des faits vécus et des événements avérés. A la question posée concernant les « snipers », il nie leur existence.
Il indique que ses déclarations étaient spontanées et ne véhiculaient aucun propos ciblé. Il s'agit, selon lui, de faire la lumière sur la scène politique qui est malheureusement entachée d'ambigüité. Il ajoute que, pour réussir des élections démocratiques, il fallait éclairer l'opinion publique pour aboutir à des choix conscients et mûrs.
Revenant sur les circonstances de son limogeage, il admet qu'il l'a été, en partie, à la suite de la dissolution du RCD, et s'explique également par le fait qu'il est un « homme de principe », qui n'exécute pas les ordres sans discussion. Il était devenu donc « indésirable ». « Il y a des forces occultes qui exercent ! », mais il refuse de les citer promettant de revenir sur le sujet sous 48 heures.
En ce qui concerne ses prévisions sur l'avenir en Tunisie, il dit craindre de voir ce qui s'est passé en Algérie, se reproduire dans notre pays. Et indique, malicieusement, que le général Ammar est parti en Algérie, dernièrement, et au Qatar où il aurait rencontré (selon ses dires) l'ancien président.
Venant, enfin, à la question, s'il allait être candidat aux présidentielles, il ne rejette pas l'idée de se présenter si le peuple le plébiscite.
La question principale qui se pose est la suivante. A quoi joue donc Farhat Rajhi ? Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il lance un pavé dans la mare en s'attaquant et en accusant, sans preuve aucune, le Premier ministre, le chef d'état major des Armées et un nombre d'hommes politiques. Pire, au risque de pousser le pays vers le chaos, il parle d'une stratégie visant à comploter un coup d'Etat pour barrer la route aux Islamistes.
Il faut dire que les propos de M. Rajhi ont soulevé de très nombreuses réactions aussi bien de la part de l'opinion publique que de la part de certaines parties mises en cause dans son interview, en l'occurrence, Kamel Ltaïef et le Premier ministère par le biais de son chargé de la communication, Moez Sinaoui.
Le premier s'est élevé contre les affirmations de M. Rajhi en le qualifiant d'irresponsable qui ne mesure pas la portée de ses accusations qui ne reposent sur aucun fondement tout en précisant que ses dires tombent sous le coup de la loi.
M. Ltaïef, tout en reconnaissant ses amitiés avec plusieurs responsables au sein du gouvernement et parmi les partis politiques, affirme « qu'il n'a pas de prétentions politiques et qu'il ne brigue rien ».
Il dément catégoriquement les propos de M. Rajhi qu'il n'a jamais connu ou rencontré.
M. Sinaoui, dans une déclaration à l'agence TAP, a qualifié ces propos "de graves de la part d'un ancien haut responsable à un moment sensible où le pays a besoin de la voie de la sagesse et de la pondération".
Le responsable de la communication auprès du gouvernement de transition Moez Sinaoui a fait part, dans une déclaration à l'agence TAP, de « l'étonnement du gouvernement des déclarations aussi graves de la part d'un ancien haut responsable et ancien ministre à la tête d'un ministère de souveraineté".
Il a expliqué que la gravité de ces déclarations se situe, en particulier, au niveau de "la propagation de fausses informations, ce qui suscite le doute, porte atteinte à l'ordre public et manipule les sentiments des citoyens".
Il a ajouté que ces déclarations ont été faites par un responsable "soumis au droit de réserve" et sont de nature à alimenter les sentiments régionalistes et porter atteinte au prestige de l'institution militaire qui bénéficie d'un consensus national total.
Il a, en outre, expliqué que ce responsable doit se rendre compte des conséquences de ses déclarations, particulièrement dans cette conjoncture délicate par laquelle passe le pays.
Reste à savoir la position de l'Armée. Normalement et selon la loi, avec des accusations directes, aussi graves et crues contre l'institution militaire, Farhat Rajhi serait passible de passer devant une cour martiale. L'Armée nationale appliquera-t-elle la loi au risque de voir le pays flamber vu la popularité de Farhat Rajhi ? Ou donnera-t-elle des éclaircissements sous forme de démenti ou de confirmation des propos de l'ancien ministre de l'Intérieur.
Quoi qu'il en soit, ces propos sont totalement dangereux pour la sûreté publique et il y a un gros risque du retour de l'insécurité, voire du chaos.
L'ancien ministre de l'Intérieur suscite, en effet, un vaste courant de sympathie en sa faveur. Déjà, des marches à travers les villes de la Tunisie dont notamment à l'Avenue Bourguiba à Tunis et de nombreuses pages sur Facebook ont marqué la journée de ce jeudi 5 mai 2011 pour crier leur soutien à M. Rajhi et leur détermination à le défendre. Et les observateurs s'attendent à une escalade de cette polémique suscitée par les propos de l'ancien ministre. Ce dernier était-il conscient qu'il allait générer une pareille pléthore de réactions ?
Ancien magistrat, il sait parfaitement qu'il ne peut lancer des accusations sans preuves. En tout cas, il a promis d'expliciter ses déclarations dans les 24 ou 48 heures qui suivront. Il n'a qu'une seule alternative : ou bien, il va persister et signer tout en apportant, cette fois-ci, les preuves ou bien il devra présenter des excuses publiques et officielles.
Politiquement parlant, il y a une évidence qui saute aux yeux : M. Rajhi a déjà les cadres du ministère de l'Intérieur à dos. Désormais, il devra affronter également ceux de l'Armée et les Sahéliens.
Sans parler d'une partie de l'opinion publique (dont on ignore le pourcentage) qui voit d'un très mauvais œil cet acte fortement déstabilisant de la cohésion d'un pays déjà fortement fragilisé.
Farhat Rajhi est, certes, très populaire auprès de la masse (visiblement), mais s'il envisage de se présenter à la présidentielle, comme il le dit, il y a lieu de s'interroger comment va-t-il gouverner en ayant à dos ces deux corps de l'Etat si puissants.
Cliquer ici pour visionner la vidéo Noureddine HLAOUI et Dorra Meziou


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