En plus, les services du ministère ne cessent d'annoncer des séries d'arrestations, interpellations, démantèlements des réseaux de trafic de drogues, émigration clandestine, etc. On parle même de saisies d'armes, de stups et d'objets de valeur dérobés. La majorité des criminels est certes identifiée, arrêtée et neutralisée. Toutefois, une question s'impose, y-a-t-il des raisons valables pour que les Tunisiens s'inquiètent ou faut-il plutôt faire confiance aux agents de la sûreté et dormir sur ses lauriers ? Conscient de ces soucis de sécurité chez les citoyens, le ministère de l'Intérieur est, depuis un bon moment, fidèle aux rendez-vous de la cellule de communication au premier ministère. On remarque même une présence massive des divers services et une grande représentativité des différentes équipes et brigades. Hichem Meddeb, chargé de mission auprès du ministre de l'Intérieur, a toujours veillé à éclaircir la situation quand il s'agissait d'incidents entre familles, communautés, appartenances idéologiques, dans les rues, les stades de foot. Avec des photos à l'appui. Des détails ont été révélés concernant les circonstances des affrontements, des agressions, des incendies et même des infractions du code de la route. On a également entendu les témoignages des responsables de différentes brigades. Les responsables de l'anticriminelle, l'antiterroriste et d'autres unités sont venus pour expliquer l'actualité dans les différentes régions du pays, et sur les frontières. Le ministère de l'Intérieur semble vouloir redresser la barre contre deux phénomènes. D'une part, la période post révolution est marquée par une recrudescence de la violence. Au nom de la liberté, certaines personnes se sont permis d'enfreindre la loi. La ligne de démarcation entre liberté et anarchie a été embrouillée et plusieurs en ont profité pour s'accaparer les biens d'autrui ou régler certains comptes personnels, toujours sous l'égide de la liberté et la justice. D'autre part, les forces de l'ordre, se sont trouvées subitement écartées et dénigrées. La politisation du secteur sécuritaire et l'utilisation de la sûreté nationale au profit du régime de Ben Ali, ont créé de fortes tensions et une profonde rancune dans le cœur de bon nombre de Tunisiens. A tort ou à raison, la police a été considérée un certain moment, l'outil de l'ancienne dictature, donc l'ennemi du peuple. Cette image diabolisée est surdimensionnée, si l'on sait que les responsabilités des injustices sont entrain progressivement d'être établies et la justice est là pour faire payer les coupables, qu'ils soient policiers ou civils. Lazhar Akremi, ministre chargé des réformes auprès du ministère de l'Intérieur a présenté la feuille de route de la réforme du corps des forces de la sûreté nationale, après un long travail de deux mois, qu'il a qualifié de «marathon d'investigations». Le ministère de l'Intérieur a pris conscience de la nécessité de mettre à jour, voire même de restructurer le secteur. Le projet de réforme établi avec la collaboration de plusieurs experts prévoit une réforme globale, touchant la réglementation et l'administration. Sur le plan textuel légal, M. Akremi a précisé que le règlement intérieur compte 1740 articles depuis 1952, dont 1300 sont encore en vigueur. Un nombre impressionnant d'articles est très vieux. Il nécessite, donc d'une manière urgente une révision et une amélioration, un semblant de relooking de cette loi vieille d'une soixantaine d'années. La réforme envisagée prévoit également une restructuration de l'administration, avec une tendance de modernité et de rapidité. M. Akremi a mentionné que la révolution a démoli l'ancien système sans créer la structure de rechange. Il s'agit d'un puzzle dont il faut rassembler les morceaux. La refonte de la réglementation fera de la sûreté un service dont profite le peuple et non le régime comme ce fut le cas auparavant. Il s'agira d'une sûreté de proximité et une sûreté compétente. En effet, le ministère a pris conscience de la dégradation de l'image de ses agents et veille à l'améliorer. De nouveaux uniformes élégants et respectables sont prévus, afin de donner une nouvelle image physique et également morale car elle coupera définitivement avec les mauvais souvenirs de la police de Ben Ali. «La police de demain sera forte mais pas violente, souple mais pas faible, selon M. Akremi. Par de souci pour la question de compétence, une faculté spécialisée assurera la formation pendant deux ans des agents de la sûreté. Cette formation, outre les performances physiques et pédagogiques, offrira une formation en droits de l'homme. A ce propos, les violences commises dans les locaux du ministère disparaitront à jamais, d'après le ministre. Les sous-sols lugubres où les détenus étaient incarcérés et torturés ont été vidés, repeints et M. Akremi aimerait que les murs soient décorés par des dessins d'enfants, portant des messages d'espoir et d'avenir meilleur. M. Akremi a également expliqué que les arrestations se basaient obligatoirement sur des aveux, ce qui poussait les agents à user de méthodes violentes afin de les extorquer. Cette pratique sera remplacée par les arrestations basées sur les preuves et épargnera toute intervention musclée. M. Akremi a fini par exprimer sa déception quant aux partis politiques, qui n'ont présenté aucun projet de réforme du système sécuritaire, un secteur pourtant vital car la sécurité est devenu le souci majeur de tous les citoyens. En outre, on a appris que le ministère de l'Intérieur a recruté ces derniers temps quelques 10000 nouveaux agents. Le souci sécuritaire semble certes s'estomper mais il faudra améliorer les relations humaines entre le peuple et les agents, des relations qui doivent être basées sur le respect mutuel. Dorra Megdiche Meziou