Ces derniers jours, la Tunisie a été le théâtre de scènes étranges : - Mahmoudi Baghdadi extradé dans un pays où les droits de l'Homme ne sont pas respectés et la sécurité n'est pas assurée (d'ailleurs quand il a été question d'ouvrir les frontières aux ressortissants maghrébins, les Libyens n'étaient pas de la partie). - Un Président qui crie haut et fort ne pas être au courant de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi et le gouvernement qui justifie cela par le fait que le président, en déplacement au Sud n'était pas joignable. - Un chef du gouvernement qui contredit le président de la République disant qu'il avait préalablement donné son accord pour l'extradition. - Un président qui, comme par hasard, décide, au lendemain de l'extradition, de ne pas signer des lois approuvées par l'ANC et annonce le limogeage du gouverneur de la Banque centrale - Un ministre conseiller qui affirme à une agence de presse étrangère que le chef du gouvernement n'a pas donné son accord pour démettre le Gouverneur de la Banque centrale, contredisant le cabinet présidentiel, et qui émet un communiqué un peu plus tard pour démentir ses propres propos et dire que c'était pour dire qu'aucune décision n'avait été prise pour l'instant. - Un président qui annonce qu'il s'adressera au peuple à 20h et qui, trente minutes avant l'heure prévue de l'allocution, se rétracte. Officiellement c'est en raison du match de demi-finale de la coupe d'Europe. - Un secrétaire d'Etat aux affaires maghrébines qui annonce que les cinq libertés sont accordées aux ressortissants des pays maghrébins, en dehors de la Libye, à partir du 1er juillet, provocant des réactions à droite et à gauche, y compris des pays amis tel que l'Algérie qui trouve qu'il y a anguille sous roche et refuse ces libertés à ses ressortissants et exige d'eux de ne quitter le territoire que munis de leurs passeports. - Un ministre des Affaires étrangères qui n'intervient que quelques jours plus tard pour dire que cette affaire des cinq libertés est dénuée de tout fondement et qu'il n'en est rien. Certaines des excuses présentées frôlent le risible. - Est-il crédible de reporter une allocution du président en raison de la demi-finale de la coupe d'Europe ? Il est vrai que l'Europe est le premier partenaire économique de la Tunisie, mais de là à reporter une allocution du président. - Est-il acceptable que le président, chef des armées, ne soit pas joignable ? - Est-il normal qu'un ministre des Affaires étrangères ne réagisse aux propos de son secrétaire d'Etat que plusieurs jours plus tard, alors que le pays s'est enflammé et après qu'un pays étranger ait réagi ? D'autant plus que cela a malheureusement poussé plusieurs Tunisiens à dire du mal de nos voisins même s'ils ne le pensaient pas vraiment. Je ne voudrais pas discuter du bien fondé ou non de ces décisions, mais plutôt du sentiment et de l'impression d'un observateur étranger tant recherché pour l'investissement et la création d'emploi en Tunisie, du sentiment et de l'impression d'un étranger qui envisage de venir en touriste en Tunisie ou même du Tunisien, résident à l'étranger, parfois né à l'étranger, et qui pense venir en vacances ou investir. Ces différents événements donnent l'impression d'un pays mal dirigé, où il y a tellement de capitaines, ou de gens qui veulent être capitaines, que le vaisseau est mal gouverné, où chacun veut se montrer, comme en campagne électorale et veut se donner de l'importance et montrer que c'est lui qui décide. Tout ceci a fait que certains étrangers portent un regard étrange sur cette curieuse Tunisie. Certains membres du gouvernement expliquent cela par le fait qu'eux-mêmes sont en phase d'apprentissage de la démocratie. Je voudrais bien le croire, mais auquel cas, eux-mêmes doivent être indulgents envers le peuple et l'opposition, même si je considère que les membres du gouvernement, eux, ne doivent pas avoir droit à l'erreur, surtout ce genre d'erreurs qui sont plus du ressort d'un enfant gâté qui manque de maturité que de l'erreur d'apprentissage. Il y a des principes simples que tout un chacun a entendus plus d'une fois durant sa jeunesse et qu'il suffirait d'appliquer. - Nul n'est à l'abri d'un excès de colère, mais il doit savoir garder la tête froide et tourner la langue sept fois dans la bouche avant de parler pour éviter de prendre des décisions sur un coup de tête ou de dire des choses sur lesquelles il est difficile de revenir. Il ne faut pas s'emporter et réagir à chaud. - Il ne faut jamais corriger une erreur par une autre. - Tout le monde peut se tromper, et nul n'est à l'abri de l'erreur. Cependant, il semblerait que certains aient oublié ces principes ou les aient ignorés en raison de l'âge ou de la position sociale ou politique. Ils ont oublié que ces principes restent d'actualité tout au long de la vie et qu'ils sont d'autant plus applicables s'ils sont à des postes de responsabilité ou à la tête d'un pays ou d'un gouvernement, avec les yeux braqués sur eux, et que leurs erreurs peuvent conditionner le futur d'un peuple ou d'une Nation. Ceci est d'ailleurs le fondement même de la diplomatie.