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Crédits à la consommation : Les Tunisiens entre le marteau et l'enclume
Publié dans Business News le 01 - 11 - 2012

La « polémique » provoquée par une circulaire portant sur la rationalisation des crédits à la consommation, mérite-elle autant le tapage qu'elle a suscité ? Peut-être à cause de la délicatesse de la question et de son importance pour le citoyen lambda. Toutefois, entre une anticipation osée de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et la frilosité « excessive » des banques, c'est le consommateur tunisien qui se trouve lésé. Et il y a de quoi …
L'insécurité est partout. Elle harcèle les Tunisiens, notamment ceux de la « classe moyenne ». C'est, peut être, la seule explication à la grogne de nos concitoyens après la décision de la BCT de rationnaliser les crédits. Le scepticisme marque cette deuxième phase de transition. Mais, quand on touche au pouvoir d'achat et qu'on rajoute une couche en mettant en péril le système D si cher aux Tunisiens en leur permettant d'assurer un certain niveau de vie, c'est alors la vraie panique.
Heureusement que, via un communiqué laconique (dont elle seule a le secret), la BCT vient de démentir, catégoriquement, une quelconque intention d'annuler la possibilité d'utilisation du découvert, communément appelé « rouge ». Et ce, même si ces avances accordées par les banques sur les salaires et qui constituent des facilités ponctuelles remboursées lors du versement des salaires ne sont pas, systématiquement, des droits à faire valoir. Quant aux crédits à la consommation, ils seront tout simplement rationnalisés. Comprendre une meilleure attribution de ce genre de crédits.
C'est ainsi, que la BCT essaie de remplir son rôle de gendarme et ce, dans une place financière qui souffre de plusieurs maux. Car, en face, les banquiers pourraient voir d'un mauvais œil une telle décision. En effet, les crédits à la consommation sont des produits juteux pour les banques. Ils constituent un filon en or : crédits faciles à recouvrir, non-risqués et bien primés. Pour un capital qu'on connaît frileux par nature, c'est une aubaine. D'ailleurs, de l'avis même d'un cadre à la BCT, « les banques courent derrière les crédits à la consommation. Depuis la révolution l'on a constaté un comportement moutonnier vers ces crédits et un effet d'éviction des crédits professionnels ».
Pour sa part, M. Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, a d'autres raisons : dès début septembre, il annonçait sur Express Fm la décision de prendre des mesures visant à réduire l'importation des produits de luxe et à « encadrer le crédit ». L'objectif étant de dissuader l'utilisation des crédits de consommation pour l'achat de ces mêmes produits. Il importe de préciser que le terme approprié étant « rationnaliser » et non « encadrer ».
Pour M. Ayari, il s'agit de réduire, « et en urgence » le déficit commercial qui, par l'effet de l'accroissement des importations, « a atteint des niveaux intolérables » (9 milliards de dinars durant les 9 premiers mois 2012).Déjà, cette déclaration a eu l'effet d'une « mini bombe ». Inquiétude des consommateurs, des importateurs, des revendeurs, des spéculateurs …
Mais, ces crédits ont progressé au mois d'août 2012 de 1,8 MD, soit 15% par rapport à la même période en 2011. Il fallait tirer la sonnette d'alarme. Mais la BCT l'a-t-elle fait précipitamment ?
Car, abstraction faite de l'objectif noble de ces décisions (réduction du déficit commercial), le Tunisien n'a retenu que l'aspect qui le touche directement : sa bourse et son niveau de vie !
Cependant, pour rendre à César ce qui lui appartient, M. Ayari remplace, avec la circulaire n°2012-17 du 4 octobre 2012 portant sur les mesures relatives aux crédits à la consommation, une circulaire datant des premiers jours de l'ancien régime. En effet, les modalités d'octroi, de contrôle et de refinancement des crédits, ont jusque-là, été fixées par la circulaire n°87-47 du 23 décembre 1987. Voilà pour ce qui est du révolutionnaire.
Pour ce qui est du concret, un constat s'impose : le Tunisien est endetté jusqu'au cou. Le constat est on ne peut plus clair et résulte des années de dictature : une société de consommation a émergé brusquement, le Tunisien a été pris dans la déferlante et a adopté un rythme de vie et un comportement inquiétant.de consommateur. On est endetté auprès des banques, des caisses sociales, des fonds sociaux des entreprises, … et les mesures d'octroi de crédits ont été assouplies, entre-autres, pour des raisons politiques. Même si force est d'avouer que cela a, quelque part, bénéficié à l'économie. Cependant, endettement des ménages et inflation sont les côtés obscurs de cette démarche.
Néanmoins, dans ce débat sur le crédit, il importe d'étudier le profil du consommateur tunisien. Selon les chiffres publiés par la BCT, au mois de juin 2012 (chiffres provisoires) les crédits non professionnels octroyés aux particuliers par le secteur bancaire s'élèvent à près de 13,7 MD. Ils se répartissent comme suit : 11,386 MD pour le logement, 2,014 MD pour les crédits à la consommation, 355 068d pour les véhicules
De prime abord, l'on constate que les crédits à la consommation ne représentent que le sixième des crédits. D'autre part, ils se sont stabilisés, depuis décembre 2006, autour des 2 MD.
Toutefois, ces crédits ont réellement explosé fin 2007 en atteignant un volume de 2,559 MD (pour un total de crédits de 6,395 MD) soit presque 40%. Idem pour décembre 2006 avec 2,266 MD pour un total de 5,306 MD. Une année auparavant, soit en décembre 2005, ces crédits atteignaient les 1,773 MD.
Aussi, pour des raisons culturelles, économiques et spéculatives, ce sont les crédits de logements qui se taillent la part de lion des crédits non professionnels octroyés aux particuliers par le secteur bancaire.
Alors pourquoi cette « polémique » autour d'une circulaire aussi technique que compliquée pour le citoyen lambda ?
Il y a tout d'abord, un timing complètement « inopportun». Décréter une telle mesure à la veille d'une période de pic de consommation – et d'attribution des crédits à la consommation - est déraisonnable. Quand cela coïncide avec une année très difficile et un événement (Aïd El Idha), c'est complètement « absurde ». Aussi, force est de constater que la BCT n'a pas anticipé l'effet boomerang de cette décision. Sa communication a trop tardé en passant du stade d'information à celui de « gestion de crise ».
Par ailleurs, le caractère temporaire de ces mesures est intriguant. A défaut d'agir sur les importations, les exportations, les circuits parallèles et la contrebande, le gouvernement n'a pas trouvé mieux que de restreindre les crédits à la consommation. L'effet psychologique dépasse de loin celui économique ou financier. L'assiette de ces crédits n'est pas aussi importante qu'on la présente. Aussi, selon des économistes, le déficit commercial est important, mais non catastrophique. Quant aux réserves en devises, elles augmenteront inéluctablement grâce aux financements extérieurs (dons et surtout crédits).
Il y a aussi la réticence de certains banquiers à se conformer à cette circulaire. Les crédits à la consommation sont une manne pour les banques avec, notamment, les agios qu'ils appliquent sur l'utilisation du découvert. Les rationnaliser pourrait toucher leurs intérêts ! Récemment, sur Mosaïque FM, Ahmed Néjib Chebbi soulignait que les banques appliquent cette circulaire « chacune selon son appréciation » et ce, tout en précisant avoir été témoin d'un citoyen qui s'est vu refuser 50 dinars par sa banque, car son compte était dans le rouge !
Cependant, cette polémique autour des crédits à la consommation a bien profité aux deux camps : le gouvernement, d'une part, qui fait oublier ses échecs multiples pour diminuer les risques politiques et sécuritaires, principales préoccupations des IDE et l'un des handicaps essentiels pour l'investissement. D'autre part, c'est une aubaine pour « l'opposition » qui critiquera, sans ménager, la politique du gouvernement. Bref, chacune des deux parties trouvera son compte. Mais quid du citoyen tunisien ?


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