Aussi bien sous Ben Ali que sous la troïka, les médias ont été et sont encore accusés de véhiculer une mauvaise image de la Tunisie. Par notre mauvaise foi, par nos prises de positions et orientations, par notre volonté d'axer sur ces petits détails insignifiants, on réussit souvent cet exercice. On oublie juste de mentionner que le diable se cache dans les détails et que ce sont justement ces détails insignifiants qui permettent de comprendre les choses importantes. Quand on observe de près le cas de Moncef Marzouki, président de la République tunisienne de son état, on ne compte plus ces détails « insignifiants » qui en disent long sur la personne, mais aussi sur le personnage. Si ces petits détails sont valorisants, c'est son image et, par ricochet, celle de la Tunisie qui en profiteraient. Idem si ces détails sont dévalorisants. C'est son image et celle de tout le pays qui en pâtissent. Avec Moncef Marzouki, on en est là. A son arrivée, son équipe et lui, nous disaient que le bonhomme est issu du peuple, qu'il rejette cette image « bourgeoise » du président de la République. Et c'est parce qu'il voulait être sans paillettes qu'il est là sans cravate, simple, ordinaire avec des vêtements fripés. A suivre leur logique, on pourrait s'attendre à voir le président en tongs, mal rasé avec des vêtements fripés. Oui, pourquoi pas tant qu'on y est. Après tout, ils ont bien accepté que leur patron prenne des leçons de bonne tenue, devant les caméras, de la part du prince qatari. Mais pour eux, l'essentiel n'est pas là (et ils ont raison), Ben Ali était toujours bien habillé, cela ne l'a pas empêché pour autant de véhiculer une mauvaise image du pays. Ceci est vrai, mais ceci n'explique pas le comportement de M. Marzouki et la clochardisation de la fonction du président de la République. Les faits de cette semaine sont là pour mettre en exergue, une énième fois, cette clochardisation de notre président… sur le manque de respect, lui et son équipe, de cette fonction. Et quand on ne se respecte pas, il est normal que l'on ne soit pas respecté en retour. En déplacement en Arabie Saoudite, Moncef Marzouki a été reçu par l'émir Mohamed Ben Saâd Ben Abdelaziz, qui n'est ni ministre, ni secrétaire d'Etat, mais vice-gouverneur de la région de Ryadh. Au même moment, et au même endroit, le président des Emirats Arabes Unis et le roi du Bahreïn, sont reçus par le ministre Youssef Ben Ahmed. Interrogé à ce sujet, Imed Daïmi a minimisé l'histoire. Soit ! Il a son explication et elle pourrait tenir debout. Mais nous avons aussi la nôtre et elle pourrait tenir debout également. Pourquoi voulez-vous que les Saoudiens reçoivent Moncef Marzouki avec tous les honneurs dus à un président de la République lorsque le parti de ce même président organisait, il y a 15 jours à peine, un sit-in de protestation devant leur ambassade ? Avant d'aller à Ryadh, Marzouki a-t-il pensé à cela ? On en doute. L'histoire de Ryadh aurait pu passer inaperçue si elle ne coïncidait pas avec sa visite annulée à Gaza. A Tunis, dans les dépêches officielles, on ne nous parle que d'une annulation de visite. Or, quand on lit le très sérieux quotidien londonien Al Quds Al Arabi, on constate que ce sont les dirigeants palestiniens qui lui ont demandé de ne pas venir à Gaza, afin d'éviter qu'il ne divise davantage leur pays ! Une claque sans prix que Moncef Marzouki aurait pu éviter si ses services avaient bien préparé la visite avec leurs homologues palestiniens. Pourquoi se sont-ils empressés d'annoncer une visite, alors que celle-ci n'était pas préparée ? C'était exactement pareil lors des annonces en grandes pompes, l'année dernière, de la tenue d'un sommet des dirigeants maghrébins en septembre 2012, alors que les dirigeants maghrébins concernés n'en étaient pas informés ! Qu'est-ce qui a alors poussé la présidence tunisienne à annoncer quelque chose qui n'était pas confirmée ? Allez savoir ! Un an après, cette présidence répète les mêmes erreurs. Après Ryadh, Marzouki est allé à Koweït City pour le dossier syrien. En clair, et si j'ai bien compris, Moncef Marzouki est capable de trouver une solution pour faire cesser le conflit en Syrie, alors qu'il a été incapable d'empêcher l'incendie du Mausolée de Sidi Bou Saïd à un kilomètre de sa résidence. Comment va-t-il aider les Syriens ? En leur promettant la reconstruction immédiate de leur pays avec de la peinture et du surfaçaire ? Allez savoir ! Au même moment, et en cette même semaine, ses troupes à Tunis, continuent à assurer la clochardisation de leur département de la présidence. Tour à tour, Imed Daïmi et Tarek Kahlaoui, ont descendu en flammes l'initiative des trois partis de l'opposition Nidaa Tounes, Al Massar et Al Joumhouri, avec des propos insensés, irresponsables et totalement diffamatoires. Kahlaoui a été odieux sur le plateau d'Ettounsia et a donné la pire des images, non pas de la présidence de la République seulement, mais des hommes politiques tout court. Ces Daïmi et Kahlaoui peuvent arguer qu'ils parlaient avec leur casquette du parti, certes. Mais vu la fonction qu'ils occupent à la présidence, ils se doivent de représenter l'ensemble des Tunisiens. Ils se doivent la réserve. Ils se doivent la retenue. Ils se doivent d'éviter le mélange des genres. Ils se doivent de la … boucler ! Qu'ils laissent Mohamed Abbou et autres caciques du CPR descendre Nidaa Tounes et consorts. Il y a tellement de travail à Carthage qu'ils ne devraient pas avoir de temps pour s'occuper d'autres choses. Ils n'ont pas à critiquer les opposants ou quiconque, c'est là le travail du CPR et c'est au CPR de l'assurer. En dérogeant à ces règles basiques, les Daïmi et Kahlaoui clochardisent encore davantage la présidence. Et cette présidence n'appartient pas à Marzouki ou au CPR, elle appartient à tous les Tunisiens. Qu'ils soient révolutionnaires ou anti-révolutionnaires, qu'ils soient islamistes ou athées, qu'ils soient des criminels ou des saints. En manquant de respect à la fonction qu'ils occupent, que les différents hauts responsables de la présidence (à commencer par le 1er d'entre eux) ne s'étonnent pas des sévères critiques qu'ils reçoivent et du peu de respect que leur vouent, en retour, les différents dirigeants étrangers. N.B : Pensée à Sami Fehri et Nabil Chettaoui, sous les verrous depuis des mois, en attente de leurs procès.