La ville de Sfax a accueilli aujourd'hui le meeting populaire d'Al Joumhouri, réunissant membres du parti, représentants de la société civile et simple citoyens. Une réunion phare dans cette ville oubliée par les politiques autour de deux thèmes centraux : les urgences de la ville de Sfax et les défis de la transition démocratique « actuellement bloquée », à l'heure où l'actuel projet de Constitution fait débat. Au programme : une Constitution écrite par les Tunisiens, un régime politique donnant des prérogatives égales à la présidence de la République et au chef du gouvernement, et une opposition unifiée et plus forte que jamais… Quelque 400 à 500 personnes se sont réunies au théâtre municipal de la ville de Sfax, dans cette matinée du dimanche 28 avril 2013. Si l'entrée au lieu du meeting a été assurée par des policiers impressionnants et au regard peu rassurant, l'ambiance à l'intérieur se révèle, en revanche, plus chaleureuse et décontractée. Au milieu de la classe politique et associative, venue s'enquérir de l'événement, de nombreux citoyens aux aspirations aussi simples que légitimes ont répondu présents, drapeaux nationaux à la main, scandant des slogans en faveur de la liberté, l'identité et la justice sociale » et rendant hommage aux martyrs. A cette occasion, la présence du père du martyr de la Révolution, Slim Hadhri, a été saluée par par les acclamations de la foule et l'homme a été accueilli par Maya Jribi, sur scène, au son de l'hymne national.
Une véritable standing ovation a été réservée à Maya Jribi, secrétaire générale du parti, qui a été le moment fort de ce meeting. Entre Mongi Ellouze, Mohamed Aloulou, Salheddine Zahhaf, Chedly Ferah et Abdeljabbar Rkiki, la femme forte d'Al Joumhouri a rendu un hommage retentissant à toutes les forces actives de la Tunisie, et en, particulier aux habitants de la ville de Sfax. Exprimant son regret face à la situation économique de la ville « qui ne correspond pas aux ambitions et aux efforts de ses habitants », ainsi qu'à la recrudescence de l'insécurité, de la violence et du trafic d'armes à Sfax, elle a souligné que Sfax ne restera pas oubliée des politiques et que cette ville, aux nombreuses attentes, aura les moyens de réaliser ses rêves et d'être à la hauteur de ses ambitions.
Dans son long discours, qu'elle a voulu à la fois rassembleur et plein d'espoir, Maya Jeribi a sonné le glas du rassemblement, encore une fois, appelant à l'union des forces démocrates et républicaines. « Toutes les forces démocrates et républicaines doivent s'unir pour l'intérêt de la Tunisie », a-t-elle martelé. L'arrivée très remarquée de Tahar Hassine, propriétaire de la chaine Al Hiwar et membre du bureau exécutif de Nidaa Tounès, a été fortement saluée par Maya Jribi qui a insisté que toutes les forces démocrates sont les bienvenues : « de Nidaa Tounès, au Front Populaire ».
Autre sujet phare de l'allocution de Maya Jribi, la Constitution tunisienne, dont le troisième avant-projet, rendu public il y'a quelques jours, fait actuellement débat. Maya Jribi n'a pas manqué de fustiger un Mustapha Ben Jaâfar qui, selon ses dires, a intenté un véritable coup d'Etat constitutionnel et a complètement tourné le dos à l'opposition « oubliant qu'il était lui-même opposant ». Elle a également accusé Ettakatol, ainsi que le CPR, alliés d'Ennahdha, de lui avoir préparé le terrain pour une véritable hégémonie et un retour du parti unique.
« Aucun consensus ne sera fait sur la démocratie et cette Constitution sera celle de tous les Tunisiens », affirme-t-elle. Tout en soulignant que l'opposition a gagné de nombreuses batailles dans mais qu'elle continuera à se battre pour que cette constitution soit celle de tous les tunisiens.
Et c'est selon ses dires, aujourd'hui, au sein du dialogue national que les batailles sont menées. Un dialogue national qui n'est pas une initiative de la présidence, insiste-t-elle, mais celle de tous les partis politiques réunis à Dar Dhiafa.
Au sujet de la présidence, Moncef Marzouki a également été dans le collimateur de Maya Jribi. Si elle insiste sur la nécessité, aujourd'hui, d'opter pour un régime politique accordant des prérogatives égales au président de la République et au chef du gouvernement, elle ne manquera pas de signaler que c'est ce même président, qui se retrouve aujourd'hui les mains liées, a lui-même voté pour des prérogatives limitées alors que l'opposition a voté contre.
Occupant toutes les conversations et les discours, l'UGTT, a été considéré par Maya Jribi, comme « l'acteur clé de la transition démocratique ». Même si la présence des membres de l'UGTT n'a pas été constatée lors du meeting, Al Joumhouri a insisté sur l'importance du rôle joué par la centrale syndicale dans la phase actuelle, notamment, dans une ville telle que Sfax, où l'UGTT joue un rôle déterminant dans les mouvements sociaux et politiques dans la région.
« Notre travail et un travail collectif et nous devons plus que jamais nous unir autour de l'intérêt national », martèle Maya Jribi . En plus du rassemblement entre les différentes forces politiques, c'est l'image même du parti Al Joumhroui et de l'opposition démocrate qu'on a voulu redorer lors de ce meeting. Loin des surenchères et des luttes intestines. Nous avons envie d'y croire…