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Habib Bourguiba, 110 ans et toujours vivant
Publié dans Business News le 02 - 08 - 2013

« Devant les trahisons et les têtes courbées, je croiserai les bras, indigné, mais serein. Sombre fidélité pour les choses tombées, sois ma force et ma joie et mon pilier d'airain! » Victor Hugo, Ultima verba. Ces vers, combien bavards en ces temps revêches, sont extraits d'un poème des préférés du Zaïm Habib Bourguiba. C'est qu'il en a connu des trahisons, des têtes courbées et des choses tombées.
Le 3 août 2013 marque le 110ème anniversaire de Bourguiba. Un événement qui ne sera, toutefois, pas célébré cette année à Monastir, comme à l'accoutumé, au regard des récentes tragédies touchant le pays. Nous ne passerons, cependant pas outre rendre un hommage au père de la Nation, bâtisseur de la Tunisie moderne et combattant suprême. Flashback sur le parcours du premier président de la République.
Fils d'un officier de l'armée beylicale et le plus jeune d'une fratrie de huit sœurs et frères, Habib Bourguiba a vu le jour à Monastir un certain 3 août 1903. Très vite, il a quitté sa ville natale pour arpenter les rues de la capitale Tunis à l'âge de 5 ans où il a fait les bancs de l'école primaire et secondaire. Le baccalauréat en poche, Bourguiba décide de gagner la ville des lumières Paris, car pénétré d'une hardiesse à combattre le protectorat français, il va étudier le droit.
Habib Bourguiba, nanti d'une intelligence singulière, a compris que son arme ultime dans la guerre contre la colonisation française serait incontestablement son diplôme d'avocat qu'il a eu, d'ailleurs, en 1927, après quoi il regagne le sol tunisien. Sans perdre une once de temps, Bourguiba se joint aux fils du parti destourien en tenant une collaboration au journal l'Etendard tunisien et en 1932, il fonde son propre journal : l'Action tunisienne.
Très vite, Bourguiba s'est imposé en tant que meneur d'hommes, de par son éloquence et son regard fort séduisant, et prend très vite conscience que la Tunisie ne pourrait être sauvée des griffes des colons français au travers de l'œuvre d'une caste politique « bourgeoise » et aux aguets de la masse populaire. Convaincu et déterminé plus que jamais, Bourguiba abdique le projet du vieux Destour de Thâalbi et s'engage dans la fondation du parti du Néo-Destour, conforté par une frange de jeunes. Incisif et percutant dans son action politique, Bourguiba se fait arrêter en compagnie de ses camarades de lutte par le résident général français, Marcel Peyrouton, qui les a qualifiés d' « agitateurs ». Le Zaïm sera déporté au Sud tunisien et y sera détenu jusqu'à 1936.
Aussitôt libéré, qu'à nouveau Bourguiba se fait arrêter puis relâché par les Allemands en 1942 sans pour autant qu'il n'avalise le ralliement aux puissances de l'Axe car selon lui l'Allemagne ne remportera pas la guerre et ne peut pas la gagner. Il écrit d'ailleurs, derrière les barreaux de sa prison, à son compagnon Habib Thameur : « l'ordre vous est donné à vous et aux militants d'entrer en relation avec les Français gaullistes en vue de conjuguer notre action clandestine. Notre soutien doit être inconditionnel, c'est une question de vie ou de mort pour la Tunisie
Néanmoins, les autorités coloniales ne tiennent pas compte du soutien apporté par le Néo-Destour à la résistance française suite à la défaite des puissances de l'Axe. Moncef Bey destitué, Bourguiba fuit la Tunisie clandestinement, désabusé par la France. Il côtoie les espaces nationalistes et intellectuels arabes au Caire où il s'est installé de 1945 à 1949, période au milieu de laquelle, il se rend aux Etats Unis d'Amérique, dans une tentative optimiste de défendre la cause de son pays colonisé. Bourguiba, exprime une profonde déception quant aux personnes qu'il a eu à rencontrer dans le monde arabe et s'aperçoit que, désormais, il ne peut s'appuyer que sur ses propres forces ainsi que sur les mouvements anti-coloniaux en Occident.
Au fil des ans et du parcours du Combattant suprême, de l'exil à son arrestation en 1952, pour des appels à la multiplication des actions de résistance, Bourguiba reprend le contrôle de l'appareil du Néo-Destour et prend conscience de la rudesse du chemin conduisant à l'indépendance de la Tunisie. Mais l'échec et les entraves de tout genre n'ont pas eu raison de sa persévérance qui a fini par avoir le dessus. Bourguiba obtient, en effet, du président du Conseil français, Pierre Mendès France, que Paris approuve l'émancipation du peuple tunisien. C'est alors que Habib Bourguiba retourne au bercail le 1er juin 1955, jubilant du triomphe réalisé par la signature des conventions tuniso-françaises, stipulant l'autonomie interne de la Tunisie. Une autonomie refusée par le camarade de lutte au devenant rival, Salah Ben Youssef, que Bourguiba finit par contraindre à l'exil car rejetant de même de partager le contrôle du Néo-Destour.
Le 20 mars 1956, l'indépendance de la Tunisie est proclamée. Une proclamation hâtée par une obstination et un acharnement hors pairs de Bourguiba ayant œuvré à faire montre du bien-fondé de sa politique des étapes, de surcroît après que Salah Ben Youssef ait joui du soutien de Jamel Abdel Nasser. Et c'est à partir de cette illustre date que Bourguiba s'est dépêché d'inaugurer une batterie de réformes législatives dont le plus illustre est le Code du Statut Personnel promulgué le 13 août 1956. Ce Code où, justement, certaines parties obscures tentent de mettre leurs empreintes anachroniques, frustrant les libertés individuelles, notamment le volet qui concerne l'émancipation de la femme.
Le 25 juillet 1957, Habib Bourguiba devient le premier président de la République et s'est engagé dans un nouveau projet, un nouveau combat, celui de construire un Etat moderne. Il instaure la gratuité de l'enseignement car il y voit une arme redoutable pour lutter contre le sous-développement et il y consacre pas moins du tiers du budget de l'Etat. Bourguiba entreprend, dans le même temps, une initiative d'encouragement des jeunes à s'intégrer dans l'action politique et assumer ainsi des responsabilités du même ordre. Mais Bourguiba n'a jamais promis la démocratie. Bourguiba estime que le pluralisme politique menace son projet de développement. Alors il l'éradique.
Mais après la chute de Zine Al Abidine Ben Ali, les gouvernements, qui se sont succédé au trône, nous promettent une réussite incontestée de la transition démocratique. Les gouvernants, de toutes sensibilités politiques qu'ils soient, nous promettent la démocratie après 23 ans de pénible silence et piètre dictature. Les gouvernants, aguichés fortement par le pouvoir, nous promettent la démocratie alors que le pays s'écroule quasi-religieusement sous les coups de la révolution. Qu'à cela ne tienne !
Le Zaïm Bourguiba l'avait compris depuis un demi-siècle. Le peuple tunisien ne sera pas prêt à faire usage de la démocratie tant qu'il n'aura pas quitté la zone du sous-développement, tant qu'il n'aura pas acquis une culture politique aux abysses les moins crapules possibles et tant que les hommes, par leurs différences politiques et idéologiques, ne s'entretueront pas au nom de la démocratie pour envahir les sièges confortables certes, mais éjectables, chose que beaucoup semblent oublier. Ils crient leurs droits au pouvoir et leurs aptitudes à tenir les rênes et s'aiment à détruire les valeurs de la République fondées par Bourguiba ! Etonnante époque, où l'on se retrouve à défendre des valeurs instaurées depuis plus d'un demi-siècle.
Bourguiba a passé le restant de ses jours à Monastir, sa ville natale, prisonnier sous résidence surveillée. Il faisait peur à Ben Ali même à ce stade avancé de sa vie, même rongé par la maladie, même délaissé et oublié par les siens. Bourguiba a rendu l'âme le 6 avril 2000 et fût enterré au Mausolée de la famille Bourguiba.
« Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes, que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes! » A.de Vigny (Le loup est mort). Encore des vers d'un des poèmes préférés de Bourguiba. Des vers combien bavards en ces temps revêches.


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