13 Janvier 2014, le président provisoire, Moncef Marzouki, adresse un mot au peuple tTunisien à l'occasion du 3ème anniversaire du départ de Ben Ali et encore une fois, il confirme que réellement, il n'a que deux vraies prérogatives : la parlotte et l'amnistie. Après 3 ans, Marzouki se pose toujours des questions ! Il cherche encore des excuses à présenter aux blessés de la révolution et aux mères des martyrs et se contente de présenter des constatations sur l'échec de la Troïka: l'exacerbation de la corruption, le non développement des zones nécessiteuses et fait porter toute la responsabilité au prochain gouvernement. Puis il s'en prend aux journalistes, disant que la présidence n'a mis aucun journaliste en taule, qu'elle n'a fermé aucun journal, qu'elle n'a pas lutté contre ceux qui l'ont combattue et qu'elle a patienté. Des propos qui sous entendent que les journalistes doivent en être heureux, surtout après les menaces franches du porte-parole de la présidence, Adnane Mansar, lors d'une émission télévisée, que la patience de l'institution ne va pas durer. Aussitôt, on a intenté un procès contre Zouhaier El Jiss et publié tout un livre qu'on qualifiait de « noir » défiant toutes les lois et les normes. Fait d'une manière amatrice et sélective, ce livre contient les noms de journalistes qui, selon Marzouki, faisaient partie du paysage médiatique du régime déchu. Bref, un règlement de comptes pur et dur qui ne semble pas fini de si tôt après cette escalade avec la presse. En parlant de la sécurité qu'ils ont « réussi » à instaurer, il conjugue brusquement ses phrases à la 1ère personne du pluriel : Nous ! Il donne des constatations sans chiffres sur le taux de criminalité qu'il compare à celui de l'ère de Ben Ali et prétend qu'il a diminué. De quelle sécurité parle-t-il ? De la sécurité sous laquelle, deux icônes de nos politiciens ont été assassinées par des civils qui circulent toujours parmi nous et qui détiennent des armes à feu ? Cette sécurité sous laquelle neuf de nos soldats ont été égorgés sauvagement dans les montagnes de Châambi et d'autres qui ont vu leurs jambes amputées à cause des mines qui ont été plantées à leur insu ? Cette sécurité sous laquelle, les agents de la Garde nationale ont été abattus lors d'un combat à Sidi Ali Ben Aoun ? Puis, parlant de la cohésion de l'Etat, qui selon lui, a aussi été assurée, il s'en prend aux sitinneurs du Bardo et les traite de conjurés. Il se contredit dans une même phrase, parlant d'un coup d'Etat et de légitimité puis il cautionne un gouvernement issu d'un dialogue national qui n'aurait jamais eu lieu sans la pression du sit-in de Bardo, des députés retirés et du Quartet. Paradoxalement, lui le président qui est arrivé à réaliser son rêve obsessionnel sans suffrage, menace d'un ton méprisant qu'il ne cèdera le pouvoir qu'à un président élu ! Avant de clore son allocution, il essaye de faire les yeux doux aux villes de l'intérieur, qui sont en état d'effervescence, leur demandant avec tout le culot qui puisse exister de se calmer. Lui qui ne peut plus y entrer après en avoir été chassé à maintes reprises : la première fois de Sidi Bouzid lors de la célébration du 17 Décembre 2012 et une deuxième fois de Kasserine, un mois après. Tandis qu'en 2013, il a préféré boycotter toutes les festivités pour préserver ce qui lui reste de dignité devant ces régions. Le lendemain, le 14 Janvier 2014, et comme à l'occasion de toute fête nationale ou religieuse, M. Marzouki profite à fond de sa deuxième vraie prérogative : l'amnistie. Les supporters de la cause de Jabeur Mejri, soit le principe de la liberté de la conscience, sont furieux contre le président. Le 14 janvier 2014, à l'occasion du 3ème anniversaire de la fuite du président déchu, Marzouki a gracié plus de 600 détenus de droit commun (qui étaient 1800 avant « d'étudier » leurs dossiers avec le ministre de la Justice Nadhir Ben Ammou). Aucun artiste ou personnage public qui mérite le sursis ne figure parmi eux. Une stratégie machiavélique, plus on fait du bruit autour d'eux, plus leur grâce sera marquante. Marzouki croit qu'il détient un joker électoral alors qu'il détient l'un des clous qu'il va lui-même planter dans son cercueil politique. NB : Pensée à Jabeur Mejri et tous les prisonniers d'opinion détenus pour leur sécurité.