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Affaire Mourad Gharsalli : Quid d'une police parallèle ?
Publié dans Business News le 01 - 03 - 2015

Le témoignage de la sœur du très recherché terroriste, Mourad Gharsalli, a ravivé les accusations quant à l'existence d'une police parallèle au sein du ministère de l'Intérieur. Des allégations, certes non avérées, qui ont été, aussitôt, vivement condamnées par sécuritaires et syndicalistes. Si tous s'accordent sur l'existence d'éléments proches des terroristes, infiltrés au sein du ministère, la réalité d'une police parallèle à proprement parler continue d'agiter les débats.
A 28 ans, Mourad Gharsalli est l'un des terroristes les plus recherchés par le ministère de l'Intérieur. Membre actif de la brigade Okba Ibn Nefâa, il est accusé d'être impliqué dans 15 attentats dont l'assassinat du membre de la Garde nationale, Anis Jelassi, l'attaque du domicile de l'ancien ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, l'opération terroriste de juillet 2012 qui a causé la mort de 8 membres de la Garde nationale et la récente attaque de Boulâaba. Bénéficiaire de l'amnistie de 2011, il a combattu en Syrie avant de revenir en Tunisie et de rejoindre les rangs des terroristes retranchés aujourd'hui à Châambi. Il est catalogué, par le ministère de l'Intérieur, comme l'un des bras droits de Lokmane Abou Sakhr et comme l'un des plus dangereux terroristes connaissant parfaitement le mont Châambi, à Kasserine, ville dont il est originaire.
La sœur de Mourad Gharsalli, a été l'invitée de l'émission « le 8ème jour » de Hamza Belloumi, diffusée vendredi 27 février sur El Hiwar Ettounsi. S'il ne s'agit pas de sa première apparition télévisée- les mêmes déclarations ont été, auparavant, données aux médias - l'émission a été très commentée et a suscité des réactions mitigées. Entre ceux qui se sont élevés contre cette tribune offerte à un membre de la famille d'un terroriste notoire lui permettant de lui transmettre des messages codés, ceux qui ont condamné les déclarations touchant les forces de l'ordre et ceux qui ont appelé, à leur lumière, à l'ouverture d'une enquête, l'émission a créé un véritable buzz.
En effet, en plus de la présence controversée sur un plateau télévisé d'une proche d'un terroriste recherché, les propos mêmes de la sœur de Gharsalli ont provoqué un tollé auprès de la classe politique et sécuritaire. Lors de cette émission, Radhia Gharsalli a affirmé que son frère a été prévenu de la descente des forces de l'ordre venues l'arrêter après l'assassinat d'Anis Jelassi dans lequel il est accusé. Deux policiers, se présentant comme tel et portant l'uniforme, lui ont permis de fuir à temps, et d'échapper, aujourd'hui encore, aux forces de l'ordre. Elle évoque, par ailleurs, d'autres dysfonctionnements dans le travail des forces de l'ordre. En effet, Mourad Gharsalli, pourtant activement recherché, a pu se déplacer sans être inquiété entre Kasserine et Gafsa alors que la ville est un véritable traquenard sécuritaire. Comment a-t-il pu échapper aux barrages policiers ?
Voilà de quoi pousser au questionnement quant à l'existence de membres infiltrés au sein du ministère. Des membres de connivence avec des groupes terroristes et qui en faciliteraient les opérations. Des membres faisant partie d'une police parallèle. Cette théorie a été longtemps débattue du temps de la Troïka. On avait accusé l'ancien ministre de l'Intérieur, Ali Laârayedh, de présider un ministère infiltré par les terroristes. Idem de l'ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, lui aussi cadre du parti islamiste Ennahdha.
Cette théorie n'a jamais été complètement démentie, étant donné que le porte-parole du ministère de l'Intérieur lui-même, affirme que ces infiltrés existent réellement. Le lendemain de la diffusion de l'émission, Mohamed Ali Aroui a donné une interview au journal arabophone Assabah, samedi 28 février 2015, dans laquelle il affirme que des sécuritaires ont été, effectivement, impliqués avec des terroristes depuis 2012 et ont facilité certaines opérations terroristes. Mais ceux ne seraient que « des cas isolés », selon ses dires.
Dans cette interview, le porte-parole du MI, a profité de son auditoire pour étayer les « opérations terroristes fomentées par des éléments dangereux », dont fait partie Mourad Gharsalli. Il a mis en relief les importantes opérations sécuritaires menées par les forces de l'ordre et de l'armée dans leur « grande lutte pour éradiquer le terrorisme », contre les 80 à 100 terroristes retranchés aujourd'hui dans les hauteurs du nord-ouest tunisien.
Le ministère de l'Intérieur mène une grande opération communication pour montrer « la grande efficacité » de sa lutte antiterroriste. A coup de montage vidéo, de communiqués postés quotidiennement sur la page du ministère, mais aussi d'interrogatoires rendus public en parfaite violation du secret d'instruction, le ministère déballe sa force de frappe. De telles déclarations pourraient donc sérieusement compromettre cette opération com' et toucher au moral des troupes.
Les propos de Radhia Gharsalli ont, aussi, vite fait d'être condamnés par les syndicalistes sécuritaires. Le syndicat régional des forces de sécurité intérieure à Kasserine s'est indigné contre « les propos touchant ouvertement l'intégrité des forces de l'ordre ». Dans une déclaration aux médias, le syndicat a dénoncé ces déclarations et s'est étonné de leur timing après « les efforts déployés par les forces de l'ordre cette dernière période ». Le syndicat a également appelé à ce qu'une enquête officielle soit ouverte d'urgence par le ministère de l'Intérieur.
Par ailleurs, la classe politique s'est aussi indignée suite aux déclarations de Radhia Gharsalli. Présent sur le même plateau, Noureddine Ben Ticha, cadre de Nidaa Tounes, a affirmé que des éléments terroristes parasitent le MI en servant un agenda particulier, et a appelé Nejem Gharsalli et Habib Essid à s'intéresser plus profondément à la situation du ministère de l'Intérieur avant de penser à la lutte anti-terroriste.
L'ancienne députée d'Al Massar, Selma Mabrouk, s'est aussi indignée sur sa page Facebook suite à cette apparition télévisée : « En premier lieu, pourquoi a-t-elle lieu maintenant, plus de 2 ans après les faits ? Ou plutôt pourquoi sa médiatisation se fait elle maintenant puisque la sœur du suspect prétend que sa famille a déjà fait des déclarations publiques auparavant ? ». La députée appelle à « la mise en place d'une commission d'enquête sérieuse qui ne soit pas inféodée à l'exécutif » et qui ferait intervenir des personnalités compétentes non partisanes. Elle suggère également à l'opposition parlementaire (le front populaire) de demander la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le sujet et à lui donner les prérogatives nécessaires et suffisantes pour remplir son rôle.
Il est difficile, à l'heure actuelle et en l'absence d'une enquête officielle, de savoir si les faits contenus dans les déclarations de la sœur de Mourad Gharsalli sont avérés ou s'il s'agit d'allégations infondées débitées par la sœur d'un terroriste en mal de reconnaissance. Ces déclarations auraient mieux fait, cependant, d'atterrir devant un juge que sur un plateau télévisé au risque de compromettre sérieusement le secret de l'instruction, si instruction il y a. Il est temps de faire, enfin, toute la lumière sur l'existence éventuelle d'une police parallèle au sein du ministère de l'Intérieur qui compromettrait sérieusement toute lutte anti-terroriste.


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