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Sofiane et Nadhir : Plus de 200 jours et sans nouvelles
Publié dans Business News le 01 - 04 - 2015

A plus de 200 jours depuis l'enlèvement des journalistes tunisiens Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari en Libye, nous restons sans nouvelles de nos compatriotes. L'information de leur exécution par la branche libyenne de l'Etat islamique (Daech), après un jour de l'attentat perpétré contre le journal satirique, Charlie Hebdo a eu l'effet d'une bombe auprès de l'opinion publique tunisienne. Sauf que rien ne prouve que cet acte ait été commis. Sont-ils encore en vie ? Qui sont les ravisseurs ? Que font les autorités tunisiennes pour les libérer ? Autant de questions qui restent sans réponse et qui révèlent la complexité de cette affaire, le conflit qui fait rage en Libye n'arrangeant pas les choses.


Le ministère des Affaires étrangères tunisien, préconise la prudence dans le traitement médiatique sur l'affaire du kidnapping. Mokhtar Chaouachi, porte-parole du MAE, nous fait remarquer que le département, auparavant donnant des nouvelles régulièrement, a décidé de s'éloigner de la sur-médiatisation. Dans l'impossibilité de nous donner plus de détails sur l'avancement des recherches et des négociations, M. Chaouachi affirme que cette démarche vise à préserver les intérêts des détenus, pour ne pas les mettre en danger, mais assurant que cette affaire est l'une des premières priorités du département qui travaille d'arrache-pied et ne tarit pas d'efforts pour arriver à un dénouement.

Une position officielle qui ne semble pas au goût des familles et du Syndicat national des journalistes tunisiens, qui pour marquer les 200 jours de la disparition de Chourabi et Guetari, a publié un communiqué incendiaire mettant en cause le manque de sérieux des autorités tunisiennes. Le SNJT a en effet annoncé, qu'hormis quelques promesses faites par certains responsables, l'action gouvernementale n'a pas été en adéquation avec la gravité de la situation. Le syndicat tient ainsi les autorités, particulièrement le ministère des Affaires étrangères, comme étant responsables éthiquement et juridiquement, vu le laxisme avec lequel ils ont traité l'affaire et de part les conséquences de ce manque de sérieux pouvant mettre en danger la vie de nos confrères.

Le ministère se défend de ces accusations, prônant la primauté de la discrétion vu la situation délicate, assurant que la vie des deux journalistes seraient d'autant plus mise en danger si des informations consécutives à l'opération sont divulguées. Toutefois, les Tunisiens sont en droit de connaitre la teneur des faits et face à au manque de communication, les gens ont tendance à penser que nos compatriotes ont été abandonnés à leur sort. Pour contrecarrer l'oubli, des rassemblements de soutien, des campagnes d'affichage dans les grandes villes ont été organisés. Dernière action en date, l'hommage rendu aux journalistes, lors du Forum social mondial qui s'est tenu à Tunis. Initié par le SNJT, l'hommage a été l'occasion pour révéler de nouveaux détails consécutifs au kidnapping.

Ali Karbous, journaliste à la chaîne de télévision First Tv, où Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari travaillaient avant leur enlèvement, révèle que le téléphone portable de Chourabi a pu être localisé à la caserne d'appui technique, à Tripoli. Cet endroit, selon l'intervenant, s'occupe des affaires relatives aux médias. M. Karbous avait déclaré « nous avons, en vain, fourni cette information aux autorités tunisiennes compétentes ». Il a également assuré avoir reçu plusieurs confirmations attestant que les deux journalistes tunisiens sont encore en vie, et que l'ambassade de Tunisie en Libye a contacté le consul général de Tunisie à Benghazi, deux jours après la localisation du portable de Chourabi, mais ce dernier n'a pas réagi. Ali Karbous a finalement indiqué que toutes les informations, dont ils disposaient, ont été fournies à la cellule de crise chargée du suivi de l'affaire, mais sans aucun résultat…

Pour sa part, le président du Syndicat national des journalistes tunisiens Néji Bghouri a déploré, qu'après 7 mois de la disparition de nos collègues, on ne sait toujours pas l'identité de leurs ravisseurs ou l'endroit où ils se trouvent, critiquant en passant le rendement des gouvernements Jomaâ et Essid sur cette affaire. Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité d'agir très rapidement pour libérer les deux journalistes, compte tenue de la situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader en Libye. Le responsable syndical a rappelé le nombre important d'agressions que les journalistes subissent dans les zones de conflits. On apprend que selon une étude récente de la Fédération internationale des journalistes, 135 confrères ont disparu ou ont été tués en 2014.

Les familles des journalistes se retrouvent impuissantes et sans autre moyen de vérifier si leurs enfants sont encore en vie. Salem Guetari, père de Nadhir Guetari a ainsi appelé, lors de l'hommage organisé en marge du FSM, le gouvernement à entrer en contact direct avec toutes les parties libyennes en vue d'élargir le champ des investigations. Il a notamment ouvertement critiqué l'ancien secrétaire d'Etat en charge de la sûreté, Ridha Sfar et l'ancien ministre des MAE, Mongi Hamdi, leur imputant «d'avoir instrumentalisé l'affaire du kidnapping ». Salem Guetari a en outre appelé le président de la République, Béji Caïd Essebsi à tenir sa promesse de libérer son fils et Sofiane Chourabi. Le chef de l'Etat avait, avant son investiture, érigé cette affaire en priorité, sans que l'on ne voit jusqu'à ce jour les résultats concret d'une telle promesse.

Revenons en arrière, et rappelons les circonstances du kidnapping de nos confrères. Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari sont partis en Libye au début du mois de septembre 2014 pour réaliser un reportage dans l'Est de la Libye, plus précisément dans la région d'Ajdabia. Le journaliste et le caméraman préparaient ce reportage pour la nouvelle chaîne First TV, s'intéressant aux incidences de la crise libyenne sur la Tunisie. De violents combats déchirent en effet, toute la zone, où des factions ennemies se disputaient le pouvoir.
Le 3 septembre 2014, une source sécuritaire en Libye annonce l'enlèvement des deux journalistes, dans la ville de Brega. Les autorités tunisiennes contactent leurs homologues libyens afin de faire le nécessaire pour qu'ils recouvrent leur liberté au plus vite. Le ministère des Affaires étrangères entre en contact avec le chargé d'affaires libyen et le consul général de Libye en Tunisie, exprimant l'inquiétude des autorités tunisiennes et réclamant leur intervention auprès des ravisseurs pour la libération des deux Tunisiens. D'un autre coté, l'ambassadeur de Tunisie en Libye a été chargé d'établir des contacts sur place. Trois jours plus tard, le 7 septembre, ils sont libérés. On a pu recevoir une communication venant de Sofiane Chourabi où il explique que les ravisseurs les ont séquestrés pour une soi-disant, absence d'autorisation de travail officielle. Chourabi a également confirmé que leurs papiers et matériels leur ont été rendus, et qu'ils n'ont subi aucun mauvais traitement. Cependant, nos confrères seront séquestrés, à nouveau le 8 septembre, par une milice non identifiée à Ajdabia.

Depuis, les informations contradictoires et les rumeurs ne cessent de fuser. Avec aucune nouvelle des sources officielles, l'inquiétude va en s'accroissant, laissant peu de place à l'espoir qui ne doit pourtant pas être abandonné, même infiniment tenu. Deux Tunisiens, deux journalistes au cours de l'exercice de leur métier, se sont retrouvés pris au piège dans le bourbier libyen. Des otages que l'Etat tunisien a promis de libérer au plus vite, mais on attend toujours le dénouement, qu'on espère positif…


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