Bien qu'il ait une bonne dizaine de journalistes dans son carnet d'adresses, c'est à un site d'informations islamiste radical que Moufid Souf a donné sa première déclaration après son limogeage de son poste de chef de district de Monastir. Un limogeage décidé après qu'il ait été filmé en train d'agresser physiquement une jeune fille et lui casser son téléphone portable, après une descente policière musclée dans un café ouvert durant le mois de ramadan. Le chef de district déclare qu'il a 22 ans de service, dont 15 ans en tant que chef de district et jure ses grands Dieux qu'il n'a jamais frappé un individu et qu'il est un fervent défenseur des droits de l'Homme.
Concernant la descente policière du mercredi 24 juin, Moufid Souf précise qu'il n'a fait qu'exécuter les ordres ministériels. Il a ainsi déclaré qu'il a reçu une note signée par le ministre (numéro 967/7 datée du 16 juin 2015) ordonnant aux différents districts de procéder à la fermeture des cafés ouverts en matinée durant le mois de ramadan et qui se trouvent dans les quartiers populaires. Le café en question est situé en plein centre ville, près de la CNAM et sur un boulevard avec grande fréquentation. « Je ne suis pas allé à la Marina ou à un endroit touristique, je suis allé à un café qui se trouve dans un endroit populaire et j'ai exécuté les ordres du ministre », déclare Moufid Souf avec un ton de colère. Le tenancier du café aurait été déjà averti et aurait signé la veille, soit le mardi 23 juin, un PV dans lequel il s'engage à ne plus rouvrir son café durant la période du jeûne, selon les propos du chef du district. « Mais il n'a pas respecté son engagement et nous avons dû aller le fermer de force, en exécution de l'ordre ministériel », indique M. Souf. A l'entendre, il y avait une quarantaine de clients dans le café et ont tous été sommés de partir. Ils seraient partis dans le calme, d'après lui et aucun client n'aurait été agressé.
Quant à la fille qu'il a poursuivie en dehors du café, elle lui aurait asséné des grossièretés, ce que le chef de district n'a pas supporté. « Si un homme m'avait dit ça, je n'aurais rien dit ! Mais qu'une fille me dise ça en s'enfuyant, c'est insupportable ! » Moufid Souf ne s'étale pas sur son acte d'agression physique et le fait qu'il ait cassé son téléphone portable en le jetant et revient sur la polémique qui a déclenchée contre sa personne. « C'est quoi ce pays ? Ce propriétaire de café se croit supérieur au ministre de l'Intérieur ? On est dans un pays de lois ! C'est quoi ce pays ? C'est un Etat bananier? ». Moufid Souf s'emporte contre la réaction de sa hiérarchie et son limogeage ne comprenant pas comment un tenancier de café et une fille (pour ne pas dire autre chose, précise-t-il) arrivent à le faire limoger, lui qui a bac+5 et 22 ans de service. « Je ne suis plus fier d'appartenir à ce secteur ! Comment voulez vous que je combatte le terrorisme alors qu'on vient de me tuer avec cette histoire. Pourquoi on me fait un scandale et on me limoge sans même me consulter et m'écouter ? Moi, j'applique la loi et je n'ai pas à quitter mon bureau ! » A la fin de sa déclaration, Moufid Souf précise qu'il ne va pas se taire et qu'il va bien se défendre en médiatisant son affaire. Et de mentionner qu'il connait beaucoup de journalistes (il en cite quelques uns), mais qu'il a préféré se diriger vers ce site islamiste radical en premier lieu.