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Attentat de Tunis, et après?
Publié dans Business News le 04 - 12 - 2015

Dix jours se sont écoulés après l'attentat-suicide contre un bus de la Garde présidentielle à Tunis. Douze agents ont trouvé la mort lorsqu'un jeune kamikaze avait actionné sa ceinture d'explosifs. Une première en Tunisie. Un tel attentat, perpétré en plein cœur de la capitale, à une centaine de mètres du ministère de l'Intérieur et quelques semaines après les attentats meurtriers de Beyrouth et Paris, a fait prendre encore plus conscience de l'imminence du danger djihadiste. Une chose est sûre, cela n'arrive pas qu'aux autres et la Tunisie ne sera pas épargnée par la déferlante terroriste…

Encore sous le choc, les Tunisiens s'attendent à être rassurés, à un chef de guerre qui saura mener cette guerre contre le terrorisme, déjà annoncée à maintes reprises, avec une poigne d'acier. On se demande qu'elles seraient les mesures drastiques qui devront être prises et les dispositions qui devront être mises en places, en prévision d'autres attaques.

Dans la soirée, le président de la République donne une allocution. A ses cotés, pétrifié, raide comme une statue, se tient le chef du gouvernement. Le visage pâle, les traits tirés et la voix vacillante, s'est ainsi que s'est exprimé le chef de l'Etat. On entend le discours habituel de condamnation et dans la foulée, M. Caïd Essebsi décrète l'Etat d'urgence pour trente jours et un couvre-feu sur le Grand Tunis, jusqu'à nouvel ordre.
24 heures après, le Conseil supérieur de la sécurité nationale sort un communiqué étonnant. Pourquoi étonnant ? Parce que comprenant des semblants de mesures, ou plutôt des mesurettes, qui ne correspondent aucunement à la gravité de la situation. L'heure est grave et on parle de réactiver les dispositions de la loi antiterroriste. Une loi censée avoir été adoptée des mois auparavant, sous la pression, après un précédent attentat tout aussi sanglant à Sousse ! On annonce que la Tunisie déclare la guerre totale au terrorisme. Mais n'étions-nous pas déjà en guerre? Peut-être que, cette fois-ci, la guerre est effective. En somme, les Tunisiens sont déçus par la faiblesse de prestation de leurs dirigeants et l'on exprime cette déception sur les réseaux sociaux, aux bureaux ou autour d'un café. On a en tête les promesses de compagne, celle d'éradiquer ce fléau et celle de la grande compétence des nouveaux dirigeants. Il s'est avéré que le terrorisme n'était pas provisoire en fin de compte...

Passé le choc et cet énième traumatisme, les Tunisiens se posent des questions sur l'efficacité des mesures mises en place. Ils se posent des questions sur l'efficacité des services de renseignements. Y-aurait-il eu bavure ? Et si oui, qui en seraient les responsables ? Avec le couvre-feu, les habitants du Grand Tunis se retrouvent « assignés à résidence » et ne voient pas la nécessité d'une telle disposition. Outre la menace terroriste, un malaise s'installe. Toutefois, les citoyens ne seront pas les seuls à être cloitrés dans leurs maisons, les personnes « classées dangereuses », le sont aussi.
En effet, il a été prévu que certains takfiristes et des jihadistes de retour des zones de conflit, à savoir, la Libye, la Syrie ou l'Irak, soient placés en résidence surveillée, en application du décret relatif à la réglementation de l'Etat d'urgence. D'ailleurs, le ministère de l'Intérieur a annoncé que 46 de ces personnes, classées dangereuses, ont été assignées à résidence en vertu de ce décret. On apprend qu'on compte, à l'heure actuelle, 138 individus en tout assignés à résidence.

Du coté du citoyen lambda, c'est l'incompréhension. Comment se fait-il que des terroristes ne soient pas jugés et emprisonnés? De l'inconscience et un non-sens total, entend-on, ici et là. Au département de l'Intérieur, on explique que cette mesure vise, dans la pratique, à déterminer l'emplacement des éléments, vu qu'ils représentent un danger certain. Entre-temps, les services concernés pourraient mener leur enquête, à l'issue de laquelle s'ils parviennent à prouver que ces personnes ont commis des crimes terroristes, elles seraient expressément arrêtées…

On se demande aussi si l'attentat aurait pu être déjoué. Il faut dire que les services de sécurité tunisiens ont plusieurs réussites à leur actif, ne serait-ce l'avortement récent, d'une attaque d'ampleur à Sousse, et le démantèlement de la cellule de « Katibat Al Forkan ». Mais il est également permis de se poser des questions, puisque une semaine avant l'attentat suicide, une alerte a été lancée à l'avenue Habib Bourguiba, après le signalement d'un individu planifiant de se faire exploser. Après son arrestation, la vigilance semble avoir été revue à la baisse.

Depuis l'attentat, le ministère de l'Intérieur effectue chaque jour des descentes et des perquisitions contre les domiciles de personnes suspectes. Des arrestations par dizaines et centaines sont opérées, et aucun jour ne passe sans qu'on nous révèle la découverte d'une cache d'armes. Mais fallait-il attendre que le terrorisme frappe en plein cœur de la capitale pour mener ces opérations?

Hier, l'émission française "Envoyé spécial", diffusait la déclaration d'un hacker qui affirme avoir réussi à intercepter la dernière conversation de Houssem Abdelli, auteur de l'attentat de Tunis. Une conversation qui aurait été faite avec un chef de Daech. L'organisation terroriste ayant revendiqué par la suite l'attaque contre le bus. Le hacker en question s'est dit prêt à présenter les enregistrements aux autorités tunisiennes. En réponse, le porte-parole du ministère public a fait savoir que la Tunisie présentera une demande auprès des autorités françaises afin d'obtenir ces informations qui éclaireront l'enquête.
Indépendamment de l'authenticité ou non de ces enregistrements, il est un fait indéniable que la lutte contre le terrorisme, de nos jours, doit prendre en considération : l'évolution technologique. Nous sommes en face d'un terrorisme 2.0 et notre approche de ce phénomène se doit d'évoluer elle aussi.

Des attentats comme ceux-ci sont parfois inévitables, disent certains experts, ne serait-ce qu'en constatant ce qui s'est passé à Paris. Nous sommes en face d'un terrorisme international et le petit pays qu'est la Tunisie est assis sur une poudrière. La Libye frontalière est le théâtre d'une montée en puissance de Daech, et nous sommes, il ne faudrait pas l'oublier, les premiers exportateurs de jihadistes dans les zones de conflit. Constat, certes inquiétant, on est cependant en droit de réclamer de nos gouvernants plus que de simples mesurettes et autres discours en langue de bois.


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