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Caricature en Tunisie, au bout de la plume, du rire et de la liberté !
Publié dans Business News le 13 - 10 - 2016

Un trait de crayon, quelques mots, une expression percutante et le tour est joué. A travers son dessin, le caricaturiste a un impact immédiat sur le lecteur. L'image véhicule son regard, parfois acerbe, satirique, mais, la plupart du temps, humoristique sur l'air du temps.
Croquer l'actualité politique ou sociale, en invitant au rire, telle est la mission et le don d'un caricaturiste. Depuis la révolution de 2011, la caricature a connu en Tunisie un essor considérable, faisant partie intégrante du paysage médiatique. Le caricaturiste est l'un des chantres de la liberté d'expression et c'est en cela qu'il est intéressant de réfléchir sur le rôle qu'il joue, sur son statut, sur les arcanes de son art et ses limites, mais également de dresser un état des lieux de la caricature en Tunisie.

C'est en marge de l'exposition "La liberté à grands traits" organisée au palais Kheireddine par l'ambassade du Canada en Tunisie en partenariat avec Reporters sans frontières, qu'une rencontre culturelle a eu lieu mercredi 12 octobre 2016 autour des caricaturistes et dessinateurs tunisiens.
"La liberté à grands traits" est une exposition de caricatures et de dessins de presse, regroupant des œuvres primées dans le cadre du concours international sur la liberté d'expression. Des œuvres qui ont été choisies par la commission canadienne pour l'UNESCO et le Comité canadien pour la liberté de la presse.


Parmi les dessinateurs tunisiens ayant participé à cette rencontre et échangé leurs points de vue sur ce domaine, on nommera notre collaborateur, Imed Ben Hamida, ainsi que Chedly Belkhamsa et Taoufiq Omrane. A eux, ils représentent toute une génération de caricaturistes et de dessinateurs de presse politique ayant évolué sous les régimes despotiques de Bourguiba puis de Ben Ali. Il y a également tous les jeunes, à l'instar de Nadia Khiari, alias Willis From Tunis ou Z-, qui sont en train d'agiter la scène et de la bouleverser. Une scène qui s'est beaucoup renouvelée ces derniers temps.

Présente à cette rencontre culturelle, l'ambassadeur du Canada Carol McQueen a déclaré qu'il existe en Tunisie un grand intérêt pour la liberté de la presse et, bien sûr, pour la caricature : « J'ai une admiration très profonde pour les caricaturistes parce qu'ils ont deux dons : celui de pouvoir dessiner et créer une image et celui de voir quelque chose dans la société. Je pense que la caricature joue un rôle important dans la liberté d'expression. Cela nous permet de voir la société d'une manière différente et de rigoler un peu. Cette discussion est utile aussi, parce que je sais qu'il y a toujours beaucoup de pressions sur les médias ».
Hatem Bourial, journaliste et animateur de la rencontre, a rappelé que l'objectif est d'esquisser un état des lieux dans ce domaine tout en proposant un regard rétrospectif sur l'art du dessin et de la caricature en Tunisie. Il a dans ce sens rappelé que dans la Tunisie des années 30, il existait énormément d'initiatives, notamment celles de Ali Douaji et de toute une génération de premiers dessinateurs de presse tunisiens qui avaient réalisé énormément de travail : « En Tunisie en comptait jusqu'à 70 titres de presse humoristique et satirique, entre 1930 et 1956. C'était véritablement un mouvement florissant qui a laissé des traces ». Des pépites de ces réalisations ont été présentées à l'assemblée qui a pu parcourir un exemplaire de la revue « El Moumathel » datant de la fin des années 20. C'est dire que cet art du dessin de presse politique est une culture ancrée dans notre Histoire.


En dépit des pressions, nous avons résisté !
Chedly Belkhamsa a relevé que le dessin d'humour a commencé très tôt en Tunisie, il y a presque 100 ans. Une fois l'Indépendance de la Tunisie acquise, « le rire n'était plus très en vue. Quelques tentatives ont persisté quand même du temps de Bourguiba et de Ben Ali avec tout ce qui s'en suivait de pressions et de harcèlement des dessinateurs et des journaux ». Evoquant la révolution, M. Belkhamsa a rappelé que les caricaturistes se sont tout d'abord exprimés sur les réseaux sociaux et les sites internet et qu'après, cela a donné une certaine liberté dans les journaux. « Cela a ouvert la porte, pour exprimer leur art à des gens qui pendant longtemps étaient réprimés. »

La caricature en manque de lecteurs avertis ?
Pour Imed Ben Hamida, ce qui a changé ne réside pas seulement dans le contexte politique mais dans le travail du caricaturiste. « Avant, on passait du temps à trouver un sujet. On avait des difficultés à en trouver compte tenue de toute la pression, on y arrivait tant bien que mal, en employant des prouesses, sans s'adresser directement aux personnes visées, etc. Le problème, c'est qu'avant, il y avait des lecteurs, mais depuis on a l'impression que la caricature a été banalisée : Une chose qu'on perçoit sans se donner le temps de réfléchir à ce qui a été dit».
Imed Ben Hamida considère qu'il n'y a pas eu une véritable évolution après la révolution, en dépit de la presque inexistence des pressions politiques : « Nous continuons à faire la même chose, sauf que bien évidemment, la marge de liberté est beaucoup plus grande ».


Quel statut pour le caricaturiste en Tunisie ?
Taoufiq Omrane a évoqué, quant à lui, le statut de caricaturiste en Tunisie : « Dans la presse, la situation du caricaturiste est floue. Il n'est ni journaliste, ni artiste peintre, il est entre les deux. Donc la première chose à faire en Tunisie, c'est de situer le caricaturiste. Qui est-il réellement ? Est-il journaliste ? Est-il un artiste ? ».
Et c'est aux dessinateurs de nous affirmer qu'il est impensable de vivre, aujourd'hui en Tunisie, du métier de caricaturiste. Avec amertume, ils soutiennent que c'est, au niveau financier et social, pratiquement impossible. C'est ainsi que la plupart se trouvent dans l'obligation d'exercer un autre métier en parallèle, quitte à ce que ce soit éloigné du milieu de la presse. Faire de la caricature devient donc, pour certains, un hobby et c'est ce qui devrait changer pour que cela se transforme en un métier à part entière et reconnu.


Le sacré, pas touche !
« Avant, on pouvait tout dessiner sauf le président et sa famille. Aujourd'hui, tout est permis sauf les sujets touchant à la religion. Je crois qu'on a droit à une deuxième révolution, pour pouvoir dessiner et le président, et la religion ! », martèle Taoufiq Omrane.
Pour pouvoir accéder à une liberté d'expression totale et sans entraves, doit-on toucher au fait religieux ? Doit-on bousculer les tabous dans une société qui tend à se renfermer sur les questions identitaires et à devenir de plus en plus intolérante? Quelles sont les limites de cette liberté d'expression ? Cette liberté de croquer, par exemple, un bonhomme avec une longue barbe blanche confortablement assis sur un nuage, et de s'en moquer, gentiment ou pas. Ce débat sur la liberté d'expression et notamment la liberté de toucher ou de tourner en dérision le sacré, s'est imposé. On évoque les dessinateurs de Charlie Hebdo, morts pour un dessin, tous les artistes de par le monde menacés dans leur intégrité physique. On se rappellera plus récemment, l'assassinat de l'écrivain jordanien Nahed Hattar, tué par trois balles, pour avoir publié une caricature jugée offensante à l'islam et à Dieu.
Les participants s'accordent sur la suprématie de la liberté d'expression, mais se rejoignent également sur le fait qu'un caricaturiste en Tunisie, ne pourrait se permettre de toucher frontalement aux questions religieuses sans se voir menacé. Le contexte l'impose certes, mais n'est-il pas le rôle de l'artiste de casser les tabous, d'aller à contre-courant et d'inciter la société à réfléchir…


Toujours est-il, la rencontre au palais Kheireddine a permis de dresser un état des lieux du domaine de la caricature dans le pays. La caricature, une arme pour défendre les libertés, pour dénoncer les travers de la société et du monde politique avec humour et dérision, a de longues années devant elle, en dépit des appréhensions toujours présentes d'un retour en arrière.


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