Toute la classe politique et médiatique tunisienne a été ébranlée par la triste nouvelle : le ministre de la Santé, Slim Chaker n'est plus. Décédé en pleine activité ministérielle en coopération avec la société civile. Toute la scène nationale est attristée par ce départ brusque et soudain. Retour sur le parcours d'un grand commis de l'Etat… Pas plus tard que ce matin du dimanche 8 octobre 2017, Slim Chaker a pris part au marathon organisé par l'association Nourane pour la prévention du cancer dans le gouvernorat de Nabeul. Suite à quoi, il a été victime d'un malaise cardiaque qui a nécessité son hospitalisation. Transporté d'urgence à l'hôpital régional de Grombalia, où il a reçu les premiers soins, il a été transféré, par la suite, dans un état déjà grave à l'hôpital militaire de Tunis. Mais son cœur a lâché, Slim Chaker est décédé à l'âge de 56 ans, alors qu'il accomplissait son devoir avec enthousiasme et dévouement.
C'est dire que depuis sa nomination à la tête du département de la Santé, M. Chaker avait enchaîné les activités. Il menait un rythme de travail intense et se démenait pour étudier et trouver une solution aux nombreux dossiers qui l'attendaient sans oublier l'énorme pression exercée sur lui, notamment à travers les réseaux sociaux. D'ailleurs, tout le monde se remémore sa visite au CHU de Sahloul, où il s'est rendu pour entreprendre une inspection, à la suite de l'agression du personnel et de la vandalisation des équipements au sein du service d'urgence de l'hôpital. Il était dans tous ses états, et sa réaction, tellement forte et la limité du colérique, avait fait la Une des médias. « Le ministère et l'Etat ne peuvent plus remplacer les équipements détruits par les citoyens, ainsi que les médecins et le personnel qui quittent à cause des agressions. On ne doit plus s'interroger à propos du manque d'équipements et des jeunes médecins qui quittent la Tunisie, pour s'installer dans d'autres pays. Il est inadmissible que des gens en état d'ivresse saccagent le matériel et agressent les médecins et les infirmiers […]. Tous ceux qui saccagent les hôpitaux, leur unique place est en prison ! ». Tels furent les propos du M. Chaker.
Mais Slim Chaker n'était pas à sa première expérience gouvernementale. Il a eu un parcours politique aussi riche que varié. Après la révolution de 2011, il est nommé secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, dans le gouvernement de Mohamed Ghannouchi puis de celui de Béji Caïd Essebsi.
Ensuite, il est nommé ministre de la Jeunesse et des Sports. Après avoir quitté le gouvernement, il rejoint Nidaa Tounes, où il devient chargé des programmes économiques et sociaux. Et c'est à la suite d'un travail acharné sur le volet économique, et l'élaboration du programme économique et social de Nidaa Tounes, qu'il a occupé les postes de ministres de l'Economie et des Finances ainsi que celui du Commerce et de l'Artisanat au sein des gouvernements Essid.
Cependant, M. Chaker n'a pas été retenu pour faire partie du premier gouvernement d'union nationale, sans pour autant quitter la scène nationale. Il a rejoint le palais de Carthage en tant que conseiller à la présidence de la République chargé des affaires politiques. C'est dans sa deuxième version, que Slim Chaker réintègre le gouvernement d'Union nationale en tant que ministre de la Santé, succédant ainsi à Samira Merai, il y a de cela un peu plus d'un mois. Petit fils du leader national, Hédi Chaker et fils de l'homme politique M'hamed Chaker, le défunt était connu pour son patriotisme et sa loyauté envers la nation. C'est, d'ailleurs, en accomplissant son devoir avec un sens aigu du professionnalisme et un engagement sans limites qu'il quitte ce bas monde laissant derrière lui, une grande amertume chez la majorité de ceux qui l'ont côtoyé et connu.
Dès l'annonce de la triste nouvelle, les réactions ont fusé de toutes parts, témoignant d'un état de choc et d'un grand chagrin. Tel était le cas du chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui a déclaré avoir perdu « un frère, un ami et un collègue, qui est parti en accomplissant son devoir et décédé en soutenant une noble cause ». La présidence de la République a, également, présenté, ses condoléances à la famille de Slim Chaker rappelant le patriotisme et le professionnalisme dont a toujours fait preuve le ministre tout au long de son parcours.
Plusieurs députés et partis politiques ont été très touchés par le décès du ministre, et ont exprimé leur douleur en cette circonstance tragique, à l'instar de Hafedh Caïd Essebsi, Wafa Makhlouf ou Sahbi Ben Fraj. La centrale syndicale a de son côté présenté ses sincères condoléances à la famille et aux proches du défunt. Et les réactions et autres hommages continuent à déferler témoignant des hautes qualités morales, professionnelles, politiques et académiques du défunt, ravi à un âge où il était à l'apogée de ses moyens.