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La fatwa des cheikhs : Pas touche à l'oseille !
Publié dans Business News le 19 - 12 - 2018

Ils ne décolèrent pas. Ils ne cessent de revenir à la charge de peur que leurs convictions religieuses ne soient souillées par des lois « hérétiques ». Eux, ce sont des imams qui se disent zeitouniens comptant dans leurs rangs d'anciens responsables du temps de la troïka. Ils contestent le projet de loi sur l'égalité successorale et n'hésitent pas à monter l'opinion publique contre les députés qui voteraient pour l'égalité dans l'héritage.

C'est à l'initiative du président de la République, Béji Caïd Essebsi que ce projet de loi, honni par les islamistes et conservateurs de tous bords, a vu le jour. L'examen du texte à l'Assemblée des représentants du peuple, prévu pour le mois de janvier 2019, s'annonce d'autant plus houleux. Pourtant, ce projet de loi est conforme aux dispositions de la constitution tunisienne qui énonce dans son article 46 que "l'Etat s'engage à protéger les droits acquis de la femme, les soutient et œuvre à les améliorer" et que "l'État garantit l'égalité des chances entre la femme et l'homme pour assumer les différentes responsabilités et dans tous les domaines".
Depuis le 13-Août dernier, les réactionnaires resserrent les rangs et mènent campagnes et actions en vue de faire échouer l'adoption d'une loi qu'ils considèrent contraire aux préceptes de l'Islam, dangereuse et menaçant la cohésion sociale.
A les entendre, la fureur divine risquerait de s'abattre sur le peuple tunisien si jamais les hommes et les femmes venaient à hériter à parts égales ! Pour le moment, on a droit à la fureur de nos réac' contrits qu'ils sont du fait que leurs mères, épouses, filles ou nièces puissent enfin accéder à l'égalité successorale ; du fait qu'elles concurrencent les « hommes » sur l'un des derniers avantages que leur a concédé la législation tunisienne.
C'est que le patrimoine doit rester l'apanage de la lignée masculine et puis ce n'est pas eux qui le disent c'est le texte religieux. Haro sur le portefeuille !

Dernière action en date, une journée d'étude organisée par la Coordination pour la défense du Coran, de la Constitution et du Développement équitable où l'on a vu défiler une ribambelle d'imams en colère contre le projet de loi, à leur tête l'ancien ministre des Affaires religieuses nahdhaoui, Noureddine Khadmi.
C'est cette même coordination qui avait mis le paquet, à coups de banderoles, de matériel sono, de transport à disposition des sympathisants lors de la manifestation contre le rapport de la Colibe en août. Ils avaient choisi la place du Bardo en face du siège du parlement pour cracher leur haine contre les réformes sociétales proposées par le rapport et en premier lieu l'égalité successorale. Plusieurs figures islamistes étaient de la partie et tous scandaient « Avec notre sang nous défendrons l'Islam » partant du principe que le camp adverse veut changer les piliers de la religion.

Ce collectif qui réunit donc des universitaires de la Zitouna, des dignitaires religieux et des personnalités pro-islamistes connues pour leurs positions extrémistes, menace aujourd'hui d'émettre une fatwa interdisant aux croyants de voter, lors des prochaines échéances électorales, en faveur des députés qui approuveraient le projet de loi. Remonté, l'un des cheikhs s'exclame en ces termes : « Sera considéré haram du point de vue chaarique tout vote pour une personne, ayant approuvé l'égalité dans l'héritage, à un conseil municipal, au parlement ou à n'importe quelle responsabilité future que cela soit sur une liste partisane ou individuelle ». Une fatwa qui suggère en somme que tous ceux qui voteraient pour l'égalité successorale seraient des hérétiques qui se sont écartés des préceptes de l'Islam. Une approche dangereuse qui touche à l'essence même de la civilité de l'Etat et qui pourrait être interprétée comme une incitation à persécuter ces « brebis égarées ».

Dans ce sens, ce collectif de religieux se permet d'imposer les notions de halal et de haram pour influencer le comportement électoral des citoyens. Il se permet de donner des consignes de vote, de brandir l'interdiction au nom du sacré dans un processus politique foncièrement civil. Ces imams et cheikhs se disent les défenseurs de la Constitution en plus du Coran. Sauf qu'ils violent clairement les dispositions de cette même constitution qui dispose dans son 2eme article que « la Tunisie est un Etat à caractère CIVIL, basé sur la citoyenneté, la volonté du peuple et la primauté du DROIT ». Personne n'a parlé ici de droit divin, de législation religieuse ou de fatwa !
Mais encore l'article 6 de la constitution stipule que l'Etat est le seul garant de la liberté de croyance et de conscience, notamment par rapport à toute instrumentalisation partisane. Le même article dispose également l'interdiction des campagnes d'accusation d'apostasie, l'incitation à la haine et à la violence.

Il semblerait que ce collectif composé de pieux cheikhs n'ait pas eu connaissance de tous ces « petits » détails qui font pourtant toute la différence. Emettre une fatwa n'a aucune valeur juridique, elle ne peut être comprise que comme une sorte de moyen de pression moral, sur les députés en premier lieu et les citoyens en second. Une intimidation qui frôle, sans le dire, l'accusation d'apostasie pour ceux et celles qui se risqueraient à soutenir l'égalité dans l'héritage. Une incitation implicite à la haine du moment qu'ils seraient considérés comme apostats ayant renié les valeurs de l'Islam.
Mais peu importe, du moment qu'une bonne partie de l'opinion publique, fortement sensible à ce discours, leur soit acquise. Peu importe qu'ils attisent la haine et la discorde, tant que le projet de loi ne passe pas et que les hommes héritent toujours le double des femmes.


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