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Abir Moussi, Moncef Marzouki : le langage de l'instinct animal
Publié dans Business News le 18 - 03 - 2019

Abir Moussi, leader du parti destourien libre, a fait un tabac parait-il ce week-end à Sousse. Là où elle passe, elle fait un tabac d'ailleurs, si l'on jette un coup d'œil furtif sur ses meetings soigneusement organisés par des professionnels en la matière.
Moncef Marzouki, leader d'Irada, lui aussi fait un tabac là où il passe.
L'une et l'autre croient dur comme fer qu'ils ont raison, qu'ils détiennent la science infuse, qu'ils sont intègres, qu'ils sont dans le droit chemin, qu'ils sont plus intelligents que les autres, qu'ils ont plus de connaissances et de savoir que les autres, qu'ils sont (surtout) plus patriotes que les autres. CQFD.
Dans ce paysage politique composé de 216 partis, et autant de chefs de partis à l'égo surdimensionné, parler de ces deux énergumènes est, en soi, beaucoup trop d'honneur pour eux quand on sait qu'ils n'ont rien à donner au pays.
Parenthèse, en passant, nous aussi journalistes et chroniqueurs avons l'égo surdimensionné et croyons, aussi, être plus intelligents que les politiques. A la différence que nous sommes dans notre rôle de l'analyse et de la critique.

Dans ce paysage de 216 partis et chefs de partis, Abir Moussi et Moncef Marzouki occupent les deux extrêmes. L'une est dotée de 3% d'intentions de vote, l'autre est doté de 11%. Des pourcentages assez bas en valeur absolue, à vrai dire, mais quand on connait le discours de l'une et de l'autre, il est plus prudent de les tenir à l'œil plutôt que de les ignorer. Qu'ils aient 14% à eux deux, c'est déjà beaucoup. Pourquoi ?
Que l'on soit d'accord ou pas avec Tahya Tounes, Nidaa, Ennahdha ou le Front populaire, ces partis du « centre » (ou plutôt du milieu) ont le mérite d'avoir une vision républicaine du pays.
On peut toujours faire des procès d'intention à Ennahdha et dire que leur discours n'est qu'une façade mensongère pour cacher leur véritable programme d'islamiser et « khomeïniser » le pays, mais ça reste un procès d'intention. Dans leurs discours, dans leur comportement, dans leur programme, les islamistes s'acharnent à répéter (à ceux qui voudraient bien les croire) qu'ils ont une vision républicaine et civile du pays.
On peut toujours dire que Tahya Tounes, Nidaa, MPT, Afek et autres partis modernistes-laïcs-centristes, sont des néo-RCDistes, des corrompus, un patchwork d'opportunistes hétérogènes, des bons à rien, etc. Dans leurs discours, dans leur comportement, dans leur programme, les Selim Azzabi, Yassine Brahim, Saïd Aïdi ou Mohsen Marzouk ont une vision intègre, moderne, laïque, salvatrice et constructive du pays.
On peut aussi gloser jusqu'au matin à propos du Front populaire, les folies de Hamma Hammami et les cris de Mongi Rahoui et l'anachronisme chronique des frontistes, ils demeurent incontestablement patriotes. Comme l'a si bien dit un jour Hamma Hammami, dans un tacle historique adressé à Moncef Marzouki, « Mon seul pays est la Tunisie, je n'ai pas d'autre pays où me réfugier quand la Tunisie est malade ».

A la différence de tout ce beau monde, des principales tendances politiques du pays, Abir Moussi et Moncef Marzouki ont un discours autre basé sur l'exclusion et la haine.
Alors que tous les autres défendent leur propre idéologie et leur propre vision, indépendamment des autres, l'existence des Marzouki et Moussi n'est possible qu'à travers les autres.
Prenez n'importe quel discours de Abir Moussi, au hasard, et vous trouverez systématiquement des passages relatifs à la nécessité d'exclure les islamistes du paysage et de les renvoyer aux prisons. Ça ne rate jamais. Si on enlève les islamistes du pays, il ne reste plus rien dans le programme de Mme Moussi.
Prenez n'importe quel discours de Moncef Marzouki, au hasard, et vous trouverez systématiquement des passages relatifs aux « azlem » (ou leurs homonymes du type « autres (lokhrine)», « ancien système », « ancien régime », « Etat profond », « corrompus », etc) qu'il faut bannir du paysage. Pour exister, Moncef Marzouki a besoin du bouc émissaire (ou faire-valoir) des médias corrompus (100% des médias qui n'épousent pas sa vision), des politiques financés par les Emirats et de l'argent sale. Retirez ces adjectifs des discours de Moncef Marzouki et il ne restera plus rien. Mais vraiment rien !
Abir Moussi a toujours besoin d'accuser les islamistes pour exister. Moncef Marzouki a toujours besoin de jouer la victime des « azlem » et du « fassed » pour vivre.
S'il n'y avait pas une justice encore sur pied dans ce pays et s'il n'y avait pas encore de lois le régissant, l'une et l'autre auraient intégré les mots « potence » et « napalm » dans 100% de leurs discours et leur programme.

Cette mentalité de l'exclusion de l'autre a des adeptes qui, selon les sondages, représentent 14% de l'électorat. Une mentalité comparable à celles des fascistes pour appeler les choses par leur nom.
A à peine sept mois des élections, dans un pays qui veut sincèrement construire une démocratie, cette mentalité est dangereuse pour cet ambitieux projet.
On dira (à raison) que cette mentalité fasciste gagne du terrain partout dans le monde, que c'est une composante inévitable de la démocratie et qu'il suffit de voir l'Italie, l'Autriche, Israël ou les Etats-Unis, c'est vrai. Sauf que ces grandes démocraties ont des Etats solides et des démocraties ancrées. Qu'ils ont des médias qui sont vraiment des contre-pouvoirs et une justice froide et aveugle capable de défendre la démocratie et ses institutions.
La Tunisie n'en est pas encore là. Son Etat est en déliquescence, sa justice n'est pas saine, ses médias sont agonisants, ses institutions sont malades et sa démocratie encore balbutiante.

Avec une pareille réalité, peut-on nous permettre de maintenir dans notre paysage des partis comme ceux de Moussi et Marzouki dont le programme se résume en l'exclusion des autres ?
On peut être contre, totalement contre, les islamistes sans pour autant les exclure du paysage. Il faut juste les combattre par les urnes en qualité d'adversaire politique et non en qualité d'ennemi. Ce n'est pas l'avis de Abir Moussi.
On peut être totalement contre les « azlem » sans pour autant les exclure du paysage et salir leur honneur aves des mensonges, mais ce n'est pas l'avis de Moncef Marzouki.
Aussi bien Abir Moussi que Moncef Marzouki usent de la plus vile des méthodes pour conquérir leur électorat : l'instinct.
Pour séduire leur public, ce type de personnages politiques fait peur aux gens et leur parle de monstres, ce qui les pousse à aller systématiquement vers eux. C'est le refuge systématique de tous ceux qui ont peur de l'autre, juste parce qu'il est différent d'eux. C'est l'essence même du fascisme. Ce n'est pas par hasard qu'on trouve, dans les rangs de ce genre de familles politiques, des racistes, des homophobes et des néo-nazis.

Quelle solution y a-t-il pour les contrer ? Dans les démocraties établies, les médias et la justice jouent leur rôle et réussissent à sensibiliser les gens sur le danger de ce genre de personnages.
Dans une démocratie comme la nôtre, l'exercice est dangereux, car les contre-pouvoirs classiques ne fonctionnent pas correctement. La solution la plus facile est d'exclure ces gens qui appellent à l'exclusion. Pas de démocratie pour les ennemis de la démocratie. C'est d'ailleurs le discours même de Marzouki and co dans les années 2011-2014. Ils ne l'ont pas réussi heureusement.
En dépit de sa facilité, cette piste de l'exclusion est encore plus hasardeuse. Aussi dangereux soient Abir Moussi et Moncef Marzouki, avec leur mentalité comparable à la mentalité fasciste, ils doivent demeurer dans le paysage. Ils doivent cependant être minorés et on doit, autant que faire se peut, leur mettre un maximum de bâtons dans les roues.
Pour l'intérêt de la démocratie tunisienne et du pays, c'est aux médias de dénoncer nuit et jour leur comportement et leur discours haineux. Autant que faire se peut aussi, c'est aux médias aussi de limiter leurs apparitions médiatiques, comme ils ont limité les apparitions de Bahri Jelassi et Hachemi El Hamdi.
Avec les médias, il y a un autre pilier de la démocratie qui doit pleinement jouer son rôle, la justice. C'est à elle de demander des comptes à Moncef Marzouki sur son discours haineux, mais aussi sur son financement, ses relations avec des puissances étrangères, ses adhérents qui veulent utiliser les armes, ses accusations infondées etc. La justice a bien fonctionné pour questionner Abir Moussi, elle se doit de faire pareil avec Moncef Marzouki. Il y va de l'intérêt suprême du pays, il y va de la survie de notre démocratie naissante.


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