Le très controversé Slim Riahi continue de faire planer le mystère sur sa personne. Concerné par un mandat de dépôt et en fuite à l'étranger, il promet de révéler « toute la vérité et rien que la vérité » sur son affaire. Une conférence de presse a été organisée aujourd'hui par son comité de défense afin de « tenter d'éclaircir certaines zones d'ombre ». Une conférence de presse a été organisée ce vendredi 3 mai 2019 dans un hôtel de la capitale par le comité de défense de l'ancien président de l'UPL et ex-secrétaire général de Nidaa, Slim Riahi pour éclairer l'opinion publique sur les affaires ayant conduit à sa récente condamnation. Accusé de fabrication de documents et de blanchiment d'argent et suite à une enquête menée par la Ctaf à propos de l'origine de sa fortune, outre une plainte déposée contre lui par une instance libyenne officielle, concernant la même affaire, un mandat a été émis à l'encontre de l'homme d'affaires et ex-dirigeant politique, par la chambre des mises en accusation près de la cour d'Appel de Tunis le 17 avril 2019.
Lors de la conférence de presse tenue ce matin, ces chefs d'accusations ont été, un à un, réfutés par les avocats de Slim Riahi. Ils le disent « victime d'une campagne acharnée menée par ses adversaires politiques ». Le comité de défense de l'homme d'affaires a épinglé une justice « sous influence » et ont évoqué des craintes quant à un éventuel retour vers un régime « totalitaire ». Les membres du comité de défense, très investis par l'affaire, ont martelé que les plaintes évoquées à l'encontre de Slim Riahi sont portées par des commissions, des structures et des institutions qui n'existent pas. « Le juge d'instruction a proposé le gel des avoirs après avoir entendu une personne libyenne qui porte une identité qui n'est pas la sienne et qui dit faire partie d'une commission qui n'existe même pas ! On dit que l'Etat libyen a porté plainte contre Slim Riahi, mais l'Etat libyen n'existe pas ! La même justice qui a décidé de lever l'interdiction de voyage a émis quelque temps plus tard un mandat de dépôt, où est la cohérence ? » ont-ils souligné. Accuser Slim Riahi de blanchiment est en soi abracadabrantesque, jugent les avocats de l'ancien président de l'UPL, car pour prouver le blanchiment, il faudrait que la source de l'argent en question ait fait l'objet d'un délit, or, il n'en est rien selon eux. Dans une présentation donnée aux journalistes, les avocats ont fourni un document libyen attestant de la virginité du casier judiciaire de l'homme d'affaires. Cet extrait du casier judiciaire date du dernier séjour de Slim Riahi en Libye, il n'y est plus retourné depuis, affirment ses avocats.
Un à un, les avocats de la défense ont plaidé contre ce qu'ils estiment être « une instrumentalisation de la justice pour des règlements de comptes politiques ». A cran et marchant sur des œufs devant un parterre de journalistes aux aguets, les avocats de l'homme d'affaires ont exhorté les médias à ne pas enfoncer leur client, à respecter la présomption d'innocence et à éviter d'utiliser des mots trop accablants dans leur titraille. Ils ont tenté de relever de nombreuses incohérences dans le dossier, des noms qui lient la direction des enquêtes de la Garde Nationale de l'Aouina à la Kasbah, et des « tentatives d'outrepasser la loi pour interdire à Slim Riahi de voyager ». Les avocats ont relevé des confusions sur le fait par exemple de lever l'interdiction de voyage pour émettre ensuite un mandat de dépôt contre leur client. Slim Riahi a enfin adressé une lettre aux journalistes présents sur place, dans laquelle il a mis en garde contre une main mise sur la justice et « la menace » que cela constitue sur le processus démocratique tunisien. Il a souligné que dès qu'il lui sera possible, il rentrera au pays et parlera directement aux médias.
L'homme politique au passé flou ne cesse, en effet, de susciter beaucoup de méfiance à son égard. A la tête d'une grande fortune, il est apparu en Tunisie après 2011 et a décidé de fonder son propre parti politique. Accueilli, dès son arrivée, par les « gold diggers », Riahi reste très discret sur l'origine de sa fortune. Ses relations avec la famille Kadhafi alimentent les questionnements et les rumeurs en tout genre et font l'objet d'une enquête auprès du pôle financier qui le soupçonne de blanchiment d'argent. Riahi évoque aujourd'hui un éloignement « forcé » et refuse de donner une date de retour. A l'étranger depuis novembre 2018, il n'a eu de cesse d'affirmer qu'il n'était pas en fuite et qu'il allait revenir en Tunisie, mais son retour est maintes fois « reporté ». Le mandat de dépôt émis à son encontre ne va pas aider et ce n'est pas demain qu'on verra le candidat «prioritaire » de l'Union patriotique libre (UPL) à la présidentielle fouler le sol tunisien…