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Mohamed Abbou : un justicier au silence gênant
Publié dans Business News le 30 - 04 - 2020

Mohamed Abbou, l'ancien militant sous la dictature, devenu ministre d'Etat sous le gouvernement Fakhfakh est attendu au tournant. Par ses nombreux détracteurs, évidemment, mais aussi par ses sympathisants. C'est que M. Abbou s'est construit l'image d'un « monsieur propre ». Son credo est la lutte contre la corruption. Aujourd'hui, il est ministre d'Etat en charge de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption. Il a vu ses prérogatives étendues par le chef du gouvernement. De sa réussite ou de son échec dépendra l'avenir du pays en matière de politique anticorruption, mais également sa propre carrière.


On dit que l'exercice du pouvoir use. Tout dirigeant ne peut qu'y laisser des plumes. Celui dont le parti porte le slogan de la lutte contre la corruption a été gratifié d'un portefeuille sur mesure, avec un pompeux titre de ministre d'Etat et, en sus, des prérogatives déléguées par le chef du gouvernement. Il a, en main, tous les moyens possibles pour mener cette guerre qu'il n'a eu de cesse de réclamer. Les attentes de résultats concrets sont donc d'autant plus élevées. Il a un peu moins de cinq ans, si le gouvernement tient ou s'il ne le quitte pas en cours de route, pour mettre en place sa stratégie.
Le champ d'action de Mohamed Abbou a été défini par décret gouvernemental paru le 29 avril au Journal officiel de la République tunisienne. Dans ses attributions on retrouve l'élaboration et la mise en œuvre des politiques du gouvernement dans le domaine de la réforme et de la modernisation administratives, de la fonction publique, de la gouvernance, de la lutte contre la corruption, et du contrôle, de l'évaluation et du suivi de ces dossiers. Par ailleurs, les autorités administratives se doivent de l'aider et communiquer aux structures qui relèvent de son autorité tous les documents qu'il demande. En plus de plusieurs structures qui relèvent de son autorité (à consulter ici), l'Ecole nationale d'administration est désormais placée sous sa tutelle, alors que tous les comités de contrôle assureront les missions d'inspection, d'audit et d'évaluation sous ses ordres ou ceux du chef du gouvernement.
Elyes Fakhfakh Elyes Fakhfakh délègue à Mohamed Abbou, conformément aux dispositions de l'article 92 de la constitution, l'exercice de toutes les attributions et actes juridiques et administratifs qui concernent les structures qui rélèvent de son autorité, en plus de la nomination des agents et la compétence de prendre des arrêtés à caractère individuels.
En somme, Mohamed Abbou hérite d'un super ministère et de prérogatives d'un vice-chef du gouvernement en quelque sorte.

On disait que l'exercice du pouvoir use et que ça peut décaler les lignes de priorités chez ceux qui le manient. Au premier exercice, l'affaire de l'accident d'une voiture de fonction attribué à la fille du ministre du Transport, on n'a pas beaucoup entendu Mohamed Abbou. Il est vrai qu'il a ordonné une commission d'enquête. Mais l'affaire semble avoir été étouffée. Mohamed Abbou s'est même aventuré, sur les ondes d'une radio de la place, à dire que ce n'est pas le bon moment de polémiquer dessus puisque le gouvernement a été rattrapé, entre temps, par la crise du Covid-19. Les critiques à son encontre ont été tout autant virulentes que celles visant son collègue. Première brèche dans la confiance accordée au militant anticorruption.
Survient ensuite l'affaire des masques, impliquant un autre de ses collègues, le ministre de l'Industrie d'un côté et le député Zayati. Alors que le rapport du comité général de contrôle des dépenses publiques a conclu à plusieurs dépassements, Mohamed Abbou assure qu'il n'y a pas de « Masques Gate ». Alors même que la mission d'inspection a relevé une suspicion d'orientation de l'offre publique, de conflit d'intérêt et de fuite d'une information privilégiée, Mohamed Abbou assure qu'il n'y a pas eu de corruption mais des infractions aux procédures. Le ministre chargé de la lutte contre la corruption s'est ainsi attelé à théoriser sur la définition juridique de la corruption pour conclure qu'aucune partie n'a profité de la situation pour se mettre de l'argent dans la poche et que donc au final ce n'en est pas une de corruption.
Vient après l'information de la nomination d'Oussama Ben Salem à la Kasbah. Celui qui a fondé la chaîne pirate Zitouna dont on ignore les sources de financements par l'avis même de la Banque centrale de Tunisie. La nomination n'a pas encore été confirmée et d'après Mohamed Abbou, le chef du gouvernement est en train d'étudier ce dossier. Pas plus. Encore une fois son silence a fait que ses détracteurs se déchainent contre lui et que ses amis le critiquent ouvertement.

Le ministre d'Etat intervenait mardi 28 avril au cours d'une séance de dialogue avec les députés. Bien évidemment, les élus ne l'ont pas raté à propos de ses dossiers l'accusant de se taire en faisant primer la solidarité gouvernementale au détriment de ses principes et de la mission qui lui incombe. L'intervention de Nabil Hajji député d'Attayar, interpelle en ce qu'elle résume la gêne que peuvent ressentir les proches du ministre. « Nous avons placé la barre très haut en ce qui concerne la lutte contre la corruption. A chaque affaire suspecte les Tunisiens disent où est Mohamed Abbou. Des campagnes de hashtags se multiplient sur les réseaux sociaux. Pour ce qui est de l'affaire des masques, j'estime, qu'il y a eu une erreur de communication de la part du chef du gouvernement, du ministre de l'Industrie et de Mohamed Abbou, et au moins de la mauvaise gouvernance si ce n'est une suspicion de corruption. J'ai la conscience tranquille en le disant. Chacun à son rôle ».


Les défis qui attendent Mohamed Abbou ne sont pas des moindres. Le capital confiance n'ira qu'en baissant s'il continue de la sorte sa gestion de telles affaires. Ne pas réagir ou pas assez face aux dépassements, privilégier la solidarité gouvernementale en contradiction avec ses principes qu'il a toujours défendu, écornera son image mais surtout mettre en péril la politique de l'Etat dans la lutte contre la corruption.


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