" On ne peut dissocier la dimension économique et sociale du développement sachant que la dimension sociale du développement durable n'a pas fait l'objet d'une recherche et d'une reflexion approfondies ni d'une application sur le terrain" telle est la principale conclusion qui ressort de la cinquième séance scientifique tenue vendredi après-midi à Gammarth sur le thème "la femme et la dimension sociale du développement durable". Lors de cette séance, présidée par Mme Charifa Al- Yahyaiya, ministre des affaires sociales du Sultanat d'Oman, Mme.Fawzia Abdul Baki Al-Jammali (Sultanat d'Oman), a présenté le document de travail de cette séance, dans lequel elle explique que cette situation est le reflet des particularités culturelles et de la condition sociale. Elle ajoute, qu'il s'agit d'arguments souvent utilisés pour justifier les politiques de développement qui ne tiennent pas compte de la dimension ou de la sécurité sociale. L'intervenante, a indiqué, que les questions de la femme et la dimension sociale du développement durable, n'ont pas été suffisamment étudiées malgré les multiplication des recherches portant sur le développement durable et la participation de la femme au processus de développement. Cette carence est de, dit-elle, au fait qu'un intérêt particulier a toujours été accordé, en premier lieu, à la participation de la femme à la vie politique et économique mettant l'accent sur l'absence d'un dispositif statistique durable qui tient compte des aspects sociaux du développement et de la qualité de la contribution de la femme dans ce contexte. {Mme.Fawzia Abdul Baki Al-Jammali, a souligné que le document de travail porte essentiellement sur la situation de la femme dans les zones rurales. Une situation, dit-elle, marquée par des conditions de vie difficiles au plan économique et qui sont en rapport étroit avec la question de la sécurité alimentaire dans le monde arabe. Elle a précisé que les données disponibles confirment les mauvaises conditions de vie de la femme arabe et l'accumulation des difficultés en raison des facteurs climatiques et d'une recherche constante en vue d'assurer les conditions d'une vie digne. Elle a relevé que la femme rurale est l'horloge du changement sociétal et la soupape de sécurité face aux changements notamment ceux qui touchent le secteur économique dans la mesure où elle constitue un acteur essentiel dans l'édifice des économies agricoles. Elle a ajouté que la sécurité alimentaire constitue un souci majeur en matière de développement dans le monde arabe. Il est à relever que la femme rurale représente une force de travail importante puisque 78% des femmes rurales sont âgées entre 15 et 59 ans. Le document précise que parmi les défis majeurs qui se posent devant la durabilité du développement social dans le monde on cite la pauvreté, l'absence de justice et d'équité sociale, particulièrement, dans les zones rurales où vit plus d'un billion de personnes, dont les trois quart, en majorité des femmes, souffrent de la pauvreté (Conseil économique et social des Nations unies 2008). Le document comporte un ensemble de propositions en vue de promouvoir la femme rurale en tenant compte des répercussions de la crise économique. Le document recommande d'accroître l'investissement public dans les zones agricoles et rurales, de promouvoir une prise de conscience politique chez la femme rurale, d'assurer une couverture sociale pour les femmes actives en milieu rural, de sensibiliser l'ensemble de la société, et particulièrement les médias, quant à l'importance du rôle et de la participation positive de la femme tout en veillant à lui garantir des revenus durables et un accès au micro-financement. Le document propose aussi de mettre à la disposition de la femme rurale des formateurs, d'élaborer des politiques de financement adéquats, de conforter la formation dans le domaine agricole et les services et de mettre au point des programmes de mise à niveau des femmes actives dans le secteur non organisé tout en favorisant la participation des structures de la société civile à la production de données actualisées qui seront mis à la disposition des décideurs. M.Ibrahim Ahmad Ibrahim (Sudan) a passé en revue l'évolution historique du concept du développement avant l'adoption de l'approche du développement durable par le programme des Nations Unies pour le développement(PNUD), sous l'appellation de "développement humain". Il a indiqué que malgré l'existence de plusieurs notions voisines, à l'instar du concept du développement social et du développement humain, il n'en reste pas moins juste que le développement est l'œuvre des personnes qui sont aussi sa finalité. Le conférencier a fait observer que les crises économiques ont montré l'importance des micro-projets et des projets à caractère social qui ne reposent pas sur la marge bénéficiaire en tant que catalyseur de l'activité économique. Dans son intervention l'orateur a évoqué deux questions essentielles à savoir les politiques proposées pour lutter contre la pauvreté et les données en rapport avec le genre social. L'intervenant a relevé qu'à la suite de l'échec des politiques qui ont accompagné la planification sectorielle, il a été proposé de suivre une démarche fondée sur les politiques solidaires et sur une planification multi-sectorielle. Il a, dans ce contexte, relevé que les politiques proposées constituent un cadre idoine pour approfondir la réflexion sur le développement rural dans ses dimensions économique, sociale, humaine et culturelle. Il a mis l'accent sur la nécessité d'associer les catégories vulnérables, y compris la femme rurale, à la réalisation de la sécurité alimentaire en favorisant leur accès aux sources de financement, aux nouvelles technologies, à l'apprentissage et au management. Le conférencier a souligné que la dimension sociale du développement commande de se pencher sur le concept du développement global sans pour autant occulter les politiques économiques, de l'emploi et les politiques dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie, de la santé et de l'éducation. S'agissant des données relatives au genre social, l'intervenant a souligné qu'on ne peut se limiter aux données statistiques de base pour parler du développement, du changement social et des efforts en vue de lutter contre la pauvreté. Il convient aussi, a t-il précisé, de consolider ces données au moyen d'informations qualitatives et d'études socio-culturelles approfondies afin d'identifier les causes qui sont à l'origine de la pauvreté et d'apprécier dans quelle mesure la femme a pu tirer profit des différents aspects du développement et des changements structurels, en s'inspirant d'autres expériences vécues à l'échelle internationale, dans le respect des spécificités arabes. Les intervenants ont souligné que l'accès des femmes au développement durable commande la reconnaissance de leurs droits en tant que partie intégrante du dispositif des droits de l'homme, dans son acception globale, mettant l'accent sur la nécessité de consacrer les principes de la participation, de la non-discrimination, de la protection et de la solidarité. L'adoption de ces principes, ont-ils affirmé, commande la recherche de dénominateurs communs et de principes fondamentaux reconnaissant la plénitude des droits dans la législation et dans la pratique afin de réaliser le bien-être social de la femme. Ils ont souligné, également, la corrélation entre les différentes dimensions du développement ayant pour objectif la réalisation de la durabilité et de la globalité du développement, relevant la nécessité à ce que la dimension sociale et la participation de la femme au processus du développement ne doivent nullement se limiter à l'étude de la question de la femme et la pauvreté mais doit plutôt concerner la question de l'autonomisation économique et la marginalisation de la femme dans le cadre des politiques de développement. Les intervenants ont, dans ce contexte, insisté sur la nécessité d'examiner la situation de la femme au sein de la famille et de la société et dans le domaine éducatif et de la santé. Il s'agit aussi ont -ils relevé d'examiner le phénomène de la violence à l'égard de la femme. Ils ont relevé que les changements survenus dans les structures politiques et économiques n'ont pas été accompagnées d'une évolution au niveau des structures culturelles et sociales, ce qui constitue une entrave majeure empêchant toute lutte contre l'image stéréotypée et dégradante de la femme qui limite la femme à sa simple fonction biologique et reproductive et à l'éducation des enfants.