Le président du parti El Majd, Abdelwaheb El Hani, a fortement critiqué le travail du gouvernement. Il a appelé à dissoudre la haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution et à démettre les ministres de l'Intérieur et de la Justice suite aux événements du 15 août. Interrogé par Investir En Tunisie sur les derniers évènements et leur incidence sur la stabilité du pays, Abdelwaheb El Hani nous a surpris. Investir en Tunisie : Pour qu'elles raisons critiquez-vous souvent le travail de la Haute instance de Ben Achour ? M. El Hani : « Ma critique est très objective. Je n'ai jamais entendu parler dans le monde, d'une instance quelconque qui délivre chaque semaine un décret-loi. L'instance de Ben Achour a battu le record du monde dans la publication des décrets-lois. L'instance souffre d'une diarrhée de décrets. Pourtant, elle a oublié que la prochaine Assemblée constitutionnelle pourra faire tomber tout ce travail dans l'eau et supprimer tout ce qui a été délivré. Personnellement, je réclame la dissolution de cette instance qui a déjà rempli sa mission après l'adoption du projet de décret-loi relatif aux élections. C'est une instance qui souffre déjà de légitimité, en plus elle a dévié de son objectif principal visant à instaurer une loi électorale transitoire. Cette instance cherche à limiter les prérogatives de la Constituante. Comment évaluez-vous le travail du gouvernement de Béji Caid Essebsi ? Le Premier ministre gère les choses d'une manière prédominée par la médiocrité, le manque de transparence et l'unilatéralité de décision. Voyez son dernier discours, c'est hors sujet de ce qui arrive en Tunisie. Le discours prononcé lundi par le Premier ministre du gouvernement provisoire n'a pas répondu aux aspirations et attentes du peuple. Ce dernier réclame depuis la Révolution, le jugement des meurtriers des martyrs et la démission de leurs fonctions de certains ministres et secrétaires d'Etat (considérés par le peuple comme étant personae non grata). Le discours a déformé la réalité et a passé sous silence les incidents du 15 aout et les atteintes aux citoyens. C'est un choix clair de l'option de l'absence de toute critique à l'encontre du Gouvernement en contrepartie de la sécurité. Comment voyez-vous la date du 23 octobre ? On n'a pas le choix de s'y attacher. Parce qu'il s'agit de la seule issue de sécurité pour la Tunisie. Nous devons la préserver et ne plus la reporter. Al Majd était depuis le début attaché à l'édification de la légitimité et à l'organisation des élections dans les délais convenus. Toutefois, le parti réaffirme son attachement au droit à la manifestation pacifique. Je réitère ma condamnation de principe de toute forme de violence quelle qu'en soit l'origine. J'appelle le gouvernement transitoire, les partis politiques et toutes les composantes de la société civile à instaurer un partenariat effectif et un véritable consensus pour édifier la légitimité garante de la transition démocratique. Propos recueillis par Abderraouf Fatnassi