Le projet de budget de l'Etat pour l'exercice 2012 suggère un prélèvement de 4 journées de travail sur les salaires des agents des secteurs public et privé, en tant que contribution exceptionnelle au budget. Cette proposition a fait couler beaucoup d'encre et a été l'objet de longues discussions. Les trois organisations syndicales (Union des travailleurs de Tunisie, la Confédération générale tunisienne du travail et l'Union générale tunisienne du travail) ont pris des positions discordantes par rapport à ce sujet. Selon le quotidien « Le Temps », l'UTT a refusé catégoriquement cette disposition : « Nous mettons en garde contre le prélèvement d'une seule journée de travail sur les salaires des employés qui sont déjà confrontés à l'augmentation des prix et à la baisse du pouvoir d'achat ». Selon M. Ismaïl Sahbani, secrétaire général de cette organisation ouvrière créée en mai dernier, une telle décision doit être prise en concertation avec toutes les parties et non de manière unilatérale. De son côté, la CGTT rejette une relance économique sur le dos des salariés. «Nous sommes pleinement conscients du fait que notre pays connaît une grave détérioration de ses équilibres budgétaires qui nécessite un véritable mouvement de mobilisation nationale, mais nous refusons que les salariés paient seuls les pots cassés», souligne M. Habib Guiza, secrétaire général de cette organisation syndicale de gauche interdite sous l'ancien régime et autorisée depuis février dernier. M. Guiza dénonce également une décision «précipitée et non concertée» qui montre, selon lui, que les vieux réflexes hérités de l'ère Ben Ali ont la peau dure. L'UGTT accepte, quant à elle, le principe du prélèvement de quatre jours de travail à titre de contribution exceptionnelle au budget de l'Etat, tout en posant quelques conditions. « De par notre attachement à placer l'intérêt de la Tunisie au dessus de toutes les considérations et à aider notre pays à surmonter les difficultés économiques conjoncturelles, nous acceptons le principe de prélèvement de quatre jours de travail, mais nous souhaitons que ce sacrifice soit collectif. Nous nous attachons à étendre le prélèvement de jours de travail à toutes les catégories socio-professionnelles, tout en épargnant celles à revenus limités», précise Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'UGTT, chargé du secteur privé.