« La corruption, publique ou privée, coûte deux points de croissance à l'économie tunisienne », a indiqué M. Abderrahmane Ladgham, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de la gouvernance et de la lutte contre la corruption. Dans une interview accordée au journal « La Presse », M. Ladgham précise que la lutte contre la corruption demande un effort titanesque ainsi que des moyens efficaces : « En général, les corrupteurs sont les citoyens, les corrompus sont les employés de l'administration. Mais ça c'est de la petite corruption comparée à la grosse corruption qui se situe au niveau des marchés publics qui occupent 20% du PIB, soit dix mille milliards. Maintenant, sachant comment tout cela se passe de l'intérieur, nous allons transformer la législation, notamment concernant les lois qui sanctionnent et punissent la corruption. Pourquoi ? Il n'y a pas de sanctions importantes qui combattent franchement la corruption ». Il faudrait créer une culture nouvelle de lutte contre la corruption. Les autorités comptent lancer des sessions de formations. Elles feront tout pour ancrer une culture de l'anticorruption et créer une éthique nationale pour éradiquer la corruption : « Je sais que cela va prendre du temps, mais nous comptons créer un «Monsieur bonne gouvernance» dans tous les ministères. Il faut beaucoup de patience et je suis certain qu'avec le temps, la pratique et le changement des mentalités, on peut ancrer dans les esprits cette bonne gouvernance, que ce soit dans le domaine public ou privé ». L'autre volet de la lutte contre la corruption, c'est la dématérialisation des procédures par l'utilisation de l'électronique, de numéros pour les participants aux appels d'offres, etc. Les outils de lutte sont d'abord la loi qu'il faut appliquer, le juge, le policier et le citoyen doivent être à la hauteur des espérances. M. Ladgham a annoncé qu'il envisage d'instaurer une culture anticorruption grâce, entre autres, à une campagne multimédia et un site web de bonne gouvernance : « Nous préparons une grande réforme concernant les achats publics. Les acheteurs publics, qui sont au nombre de 5.000, suivront des stages de formation. Nous avons déjà passé des accords avec les Allemands pour former des spécialistes dans la gouvernance ».