«Le projet de la loi de finances complémentaire 2012 ne livre pas un message clair à même de rassurer les Tunisiens», ont estimé, des économistes tunisiens, lors d'une table ronde, tenue, mercredi 21 mars 2012, à Tunis et couverte par l'agence TAP. «Le projet de la loi de finances complémentaire 2012, prévoit une hausse de 10,8% du budget de l'Etat pour 2012, en comparaison avec la loi de finances initiale, à travers le recours aux ressources de privatisation, aux recettes de cession des entreprises confisquées et à la dépréciation du dinar» a rappelé M. Mohamed Haddar, président de l'Association des économistes tunisiens, ASECTU. Pour le président de l'ASECTU, le gouvernement a opté pour la dépréciation du dinar, comme l'une des solutions pour consolider les ressources propres de l'Etat, sans penser à ses répercussions aussi bien sur le coût des importations que celui de la dette ». M. Mahmoud Ben Romdhane, économiste, estime que le gouvernement s'est contenté de puiser dans les réserves de l'Etat plutôt que de mobiliser de nouvelles ressources. M.Jamel Bel Haj, membre de l'équipe de rédaction du projet de la loi de finances initiale a qualifié d'«irréaliste» le montant des revenus de cession des entreprises confisquées, soit 1200 millions de dinars. Il cite la faible capacité d'absorption du marché local. Pour M. Abderrahmane Lahga, économiste, la réalisation d'un taux de croissance de 3,5%, tel que prévu par le projet de la loi de finances complémentaire 2012, demeure tributaire d'un climat politique et social stable, chose qui n'est pas encore réalisée de nos jours. Au chapitre des dépenses, M. Mongi Boughzala, économiste, a avancé que «la grande part du budget de l'Eta doit être allouée à la création d'emplois et à la dynamisation économique des régions démunies, tout en réduisant petit à petit les autres dépenses». Il relève que le gouvernement n'a pas opté pour le même ordre de priorité dans le cadre de l'élaboration du projet de loi de finances complémentaire 2012. M.Boughzala estime toutefois, qu'un taux de déficit budgétaire supérieur à 6,5%, tel que prévu par la loi de finances complémentaire 2012, pouvant même atteindre 9%, est acceptable dans des conditions exceptionnelles, telles que celles que traversent la Tunisie, pour peu que la période d'endettement soit courte. La réussite d'une telle stratégie nécessite, dans un premier temps, de sensibiliser l'ensemble des parties à l'enjeu d'une telle démarche et de concilier entre les politiques monétaire et financière du pays dans un second temps. Investir en Tunisie