« Les créances douteuses constituent une des grandes faiblesses du secteur bancaire en Tunisie », a déclaré Laurent Gonnet, expert du secteur financier pour la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à la Banque mondiale. Intervenant lundi 3 juin 2013 sur Express FM, M. Gonnet a estimé ces créances à 13,5% des engagements contre 3% dans un pays comparateur comme le Maroc. Il a imputé cet état de fait à la lenteur de la justice tunisienne (les procès trainent longtemps, blocages de la loi sur les entreprises en difficulté) et à l'application laxiste par les banques de la réglementation relative au provisionnement de ces créances. Il a fait une mention spéciale pour les banques privées qui font mieux que les banques publiques en matière de gestion des créances douteuses. L'expert a indiqué que le secteur bancaire en Tunisie est éclaté et sous développé en ce sens où il n'est pas assez outillé pour évaluer les risques et sélectionner ses clients conformément aux normes internationales. En ce qui concerne l'audit des banques publiques, il a déclaré que cette affaire va durer 8 à 9 mois et doit aboutir soit à leur maintien, soit à leur fusion, soit à leur privatisation partielle dans une première étape et totale dans une seconde. A titre personnel, il estime que l'Etat tunisien a encore besoin des banques publiques dans la mesure où les banques privées répugnent encore à financer deux créneaux stratégiques pour le développement du pays, en l'occurrence, les petites et moyennes entreprises et surtout l'agriculture. «Dans tous les cas de figure, a-t-il-dit, les banques publiques doivent disposer, au terme de cet audit, des mêmes conditions de concurrence, de compétitivité et de souplesse que les banques privées».