Forte d'un environnement fiscal très incitatif aussi bien à l'épargne en bourse qu'à l'introduction des sociétés, et d'un environnement économique sain et performant, la bourse de Tunis a pu reconquérir la confiance des grands groupes tunisiens qui ont choisi de financer leur développement par appel du marché. Cependant, les grands groupes tunisiens ne sont pas nombreux, encore moins ceux qui ont choisi de s'introduire en bourse. Est-ce une question de confiance ? Est-ce que nos investisseurs ne sont pas averses aux risques ou est-ce dû à une défaillance du côté de la Bourse de Tunis ? Commençons tout d'abord par donner un petit aperçu sur les dates clés de la Bourse de Tunis, avant de répondre à ces questions. Créée en 1969 en tant qu'établissement public assurant le contrôle et la gestion du marché, la bourse des valeurs immobilières a connu, en 1988, ses premières réformes avec le lancement de nouveaux produits ayant pour objectif de moderniser et d'approfondir le marché financier. En novembre 1994, la loi n°94-117, a profondément réorganisé le marché financier en séparant notamment les fonctions de contrôle et de gestion du marché. Ainsi, la régulation et le contrôle du marché ont été confiés au Conseil du Marché Financier, alors que la gestion du marché est assurée par la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis, qui se transforma, à partir du 15 novembre 1995, en une société anonyme dont le capital est souscrit, exclusivement et à part égale, par tous les intermédiaires en bourse. Depuis, la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis, sous son nouveau statut, a entamé de profondes réformes, touchant notamment la modernisation de son infrastructure technique, la réorganisation de ses marchés et la réhabilitation de son rôle promotionnel du marché. En octobre 1996, la bourse de Tunis a entrepris une véritable révolution technologique en introduisant un système de cotation électronique (NSC) qui a remplacé le système de cotation sur panneaux. Cette infrastructure technologique a été de nouveau modernisée vers la fin de l'année 2007 par la mise en place de la dernière version de cotation électronique produite par NYSE-EURONEXT, la V900. Cette mutation technique est fonctionnelle a permis de répondre aux besoins des opérateurs nationaux et de placer la bourse de Tunis sur le plan de la technologie de cotation au niveau des standards des marchés les plus évolués. A coté de la gestion du fond de garantie du marché, la bourse de Tunis se voit confier en mai 2009, celle du fond de garantie clientèle du marché des valeurs mobilières et des produits financiers pour couvrir les risques non commerciaux. Toutes ces mutations techniques de la bourse de Tunis ont été accompagnées par l'élaboration d'une stratégie de promotion et de communication visant à améliorer son image. Objectif atteint ? Pas vraiment, puisque après 40 ans d'existence, le nombre des sociétés tunisiennes cotées en bourse n'est que de 52. Cependant, à croire les chiffres publiés, les résultats sont bon. En effet, la Bourse de Tunis a réussi à préserver une évolution positive de son activité au cours de l'année 2008, malgré la conjoncture internationale difficile. Cette évolution se manifeste dans : L'augmentation des émissions de plus de 80% entre 2007 et 2008 Le doublement du volume des échanges sur le marché secondaire pour atteindre 2.1 milliards de dinars en 2008 Le volume quotidien moyen a atteint en 2008, 8.6 MDT Concernant l'année 2008, un nouveau mouvement d'admission s'est manifesté. Après la première introduction en Bourse de la Société de Production Agricole de Teboulba SOPAT au marché Alternatif de la Cote de la Bourse en novembre 2007, une deuxième introduction sur ce même marché a eu lieu au mois de juin 2009. Il s'agit de la société SERVICOM opérant dans le secteur des infrastructures télécom, électricité et eau. Cette société a fait son entrée suite à la réalisation d'une augmentation de capital par offre publique de souscription portant sur environ 40% du capital après augmentation. Les fonds mobilisés dans le cadre de cette opération ont atteint 3,25 millions de dinars. Une troisième introduction s'est effectuée au mois d'octobre 2009. Il s'agit de la société « les Ciments de Bizerte » mobilisant un montant de 101,3 millions de dinars par offre publique de souscription portant sur 20% du capital après augmentation. Sa première cotation a eu lieu le mercredi 21 octobre 2009. Cette opération constitue une première dans l'histoire de la Bourse de Tunis, puisque les fonds levés représentent le montant le plus important jamais réalisé sur la place de Tunis et de surcroit exclusivement auprès d'investisseurs tunisiens. Il est à noter que le Conseil d'administration de la Bourse se prépare pour statuer, bientôt, sur la demande d'admission à la cote d'une nouvelle société : il s'agit de l'assurance SALIM, filiale de la BH, opération qui sera réalisée dans le cadre d'une OPS réservée au public. Les statistiques de l'année 2009 ont, eux de même, enregistré une importante évolution, à un rythme plus accéléré que celui de l'année précédente. S'agissant du nombre des émissions, il a atteint 31 opérations, soit 4 de plus que l'année 2008. L'indice Tunindex a augmenté de 41,49% et sa part dans le PIB a enregistré une hausse de 11% par rapport à l'année 2008. De la part du marché des titres de créances, 21 emprunts obligataires ont été admis sur la cote de la bourse depuis le début de l'année représentant un montant global de 485 MD, ce qui porte l'encours des emprunts obligataires admis à la cote de la Bourse et négociables sur le NSC à 1,3 milliard de dinars. La BVMT a bel et bien fourni de grands efforts pour améliorer son activité et apporter par conséquent une plus importante contribution à l'économie nationale. Personne ne dira le contraire. Néanmoins, ces efforts ne semblent pas être suffisants. Il serait judicieux de se concentrer dans la période qui suit sur la fourniture de plus de transparence notamment au niveau des communications financières des sociétés cotées. Travailler davantage sur l'amélioration de l'image de la BVMT l'aidera à attirer plus d'opérateurs étrangers, ou au moins à convaincre les existants de ne pas retirer leurs investissements (Il est à noter que la BVMT a récemment constaté un flux net négatif de 118,9 MDT, dû au retrait de certains investissements de la part des opérateurs étrangers. Ce constat répond parfaitement à notre question relevé au début de l'article et démontre à quel point les investisseurs dans le marché boursier tunisien ne sont pas averses aux risques.l).