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Réfugiés d'hier et d'aujourd'hui
chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 06 - 2015


Par Hmida BEN ROMDHANE
Le drame des réfugiés en mer n'est pas une particularité liée à la Méditerranée. Ce drame n'est pas non plus une damnation qui frappe uniquement la jeunesse de l'Afrique au nord et au sud du Sahara. Là où l'histoire s'emballe, là où il y a la guerre ou le nettoyage ethnique, là où il y a la misère ou la famine, en un mot, là où la vie devient intenable, il est parfaitement naturel que les victimes de tels fléaux partent à la recherche de cieux plus cléments. Il se trouve que maintenant, ce sont les Africains des deux côtés du Sahara qui risquent chaque jour leur vie en s'entassant sur des embarcations de fortune en direction du nord.
Les années qui avaient suivi la chute de Saigon le 30 avril 1975, la mer de Chine était le théâtre d'un drame humanitaire gigantesque. Des milliers de Vietnamiens fuyaient leur pays par la mer. On les appelait alors les « boat-people » et leur détresse en haute mer avait à l'époque interpellé la conscience internationale et beaucoup de pays avaient volé à leur secours. La France, à elle seule, avait alors envoyé sept navires pour recueillir en mer de Chine ces damnés de la terre.
Alors que les boat-people vietnamiens se trouvaient à des milliers de kilomètres, la France avait à juste titre jugé qu'il était de son devoir de les secourir et les accueillir. Pourquoi regarde-t-elle aujourd'hui ailleurs quand un drame humanitaire de grande ampleur se déroule à quelques centaines de kilomètres seulement de ses côtes ?
On nous répondra évidemment que le contexte mondial de l'époque n'a rien à voir avec celui de 2015, et que les « boat- people » vietnamiens fuyaient la persécution politique alors qu'aujourd'hui les Africains fuient la misère et la famine.
Il faut préciser d'abord que, tout comme les boat-people d'hier en mer de Chine, ceux d'aujourd'hui en Méditerranée sont des êtres humains en danger de mort et dont le sauvetage est un devoir moral. Ce qu'on ne nous dira pas en revanche, c'est que les « boat-people » vietnamiens étaient anticommunistes, une « qualité » hautement appréciée en Occident dans le contexte de la guerre froide qui opposait alors les deux camps ennemis à l'Est et à l'Ouest. Ce qu'on tentera de passer sous silence aussi, c'est que l'arrivée des « boat-people » vietnamiens en France ne suscitait aucune hostilité de la part des partis nationalistes et d'extrême droite, contrairement aux Africains, et que, par conséquent, les décideurs n'avaient aucun souci électoral à se faire au moment de l'accueil des réfugiés vietnamiens en France.
Maintenant seule l'Italie semble consciente de ce devoir de sauvetage puisque, ces derniers 18 mois, elle a sauvé toute seule d'une mort certaine pas moins de 200.000 personnes. Les Italiens ont raison d'être en colère face à l'indifférence dont font preuve les autres membres de l'Union européenne qui se défilent devant leur responsabilité qu'exige d'eux le devoir de solidarité intereuropéenne qui consiste à partager non seulement les avantages, mais aussi et surtout les inconvénients.
Il est tout de même étonnant de voir un pays riche et puissant comme la France qui compte près de 70 millions d'habitants refuser catégoriquement d'accepter sur son territoire 7.000 boat-people africains, un quota qui lui a été proposé suite à des négociations laborieuses intereuropéennes sur le sujet. Notons en passant que la Suède, dix fois moins peuplée que la France, très loin de la Méditerranée et sans passé colonial en Afrique, a consenti des efforts et des sacrifices parfaitement louables en faveur de ces damnés africains. Enfin, on n'arrive pas à comprendre que le pays de la révolution de 1789, devenu riche et puissant, éprouve toutes les difficultés du monde à accueillir 7.000 personnes, alors que de petits pays comme le Liban ou la Tunisie n'hésitent pas à ouvrir leurs frontières à des centaines de milliers de réfugiés affluant de Syrie et de Libye...
Mais des 28 pays de l'Union européenne, le plus farouchement hostile au partage du fardeau des boat-people de la Méditerranée est l'Irlande. Et là, on reste pantois, quand on sait que la moitié de la population irlandaise a émigré loin, très loin de la mère patrie.
L'Irlande, qui ne veut pas entendre parler de « réfugiés économiques » africains, a pourtant souffert entre 1846 et 1855 d'une famine dévastatrice qui a emporté en moins d'une décennie 750.000 personnes et poussé vers l'émigration un million d'Irlandais. Pire encore, si les Africains aujourd'hui partent clandestinement et se débrouillent comme ils peuvent par leurs propres moyens pour embarquer vers l'Eldorado européen, les Irlandais étaient eux encouragés par leur gouvernement à embarquer vers l'Amérique dans ce qu'on appelait alors « les bateaux cercueils », compte tenu du nombre dramatiquement élevé des embarcations englouties par le vaste océan Atlantique.
Normalement un pays qui a vu la moitié de sa population le quitter pour chercher un meilleur sort ailleurs devrait être plein de compassion et de générosité envers les Africains qui vivent aujourd'hui pratiquement les mêmes conditions que les Irlandais un siècle et demi plus tôt.
Cela dit, n'oublions pas que la tragédie des boat-people africains n'aurait jamais pris de telles proportions si la Libye n'avait pas sombré dans l'anarchie et la violence aveugle. La France de Sarkozy, qui en 2011 avait activement participé à semer les germes de l'anarchie en Libye, est en dernière analyse l'un des principaux responsables de l'amplification du phénomène des boat-people africains en Méditerranée. Pourtant, elle continue de regarder ailleurs feignant de croire et de faire croire qu'elle n'a rien à voir avec ces interminables tragédies.


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