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Misère au milieu du paradis
Bilan d'un séjour milanais
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 07 - 2015

La canicule sévit à Milan, comme partout en Italie et dans les pays européens voisins, à l'instar de la France. Cet été, elle supplante les records de chaleur de 2003. Mais, en dépit de son implacabilité, cette chaleur est apaisée par l'eau abondante et gratuite aussi bien dans les foyers qu'en dehors où les points d'eau publics se trouvent dans chaque quartier de la ville. Cela sans parler de la vapeur rafraîchissante qui inonde les clients installés sur les terrasses de certains cafés et bars-restaurants. Autrement dit, au moyen de mesures et de procédés simples, les autorités locales de Milan ainsi que quelques-uns de ses commerçants parviennent à atténuer les effets désagréables d'une nature déchaînée et à rendre moins dures les journées de leurs citoyens. Alors que chez nous, non seulement les citoyens sont délaissés et livrés à la fureur de l'été, mais en plus certains parmi eux sont même privés d'eau potable, à l'instar de certains habitants du gouvernorat de Gafsa.
Une municipalité bienveillante
On ne peut pas se promener dans la ville de Milan sans regretter l'état lamentable des nôtres. On envie ses habitants non seulement pour la beauté de ses bâtisses et la propreté de ses chaussées et trottoirs, qui sont bien nettoyés tous les soirs, mais aussi et surtout pour ses nombreux parcs et esplanades et sa grande infrastructure dans les transports et le domaine du sport. Dans cette merveilleuse ville, vous ne rencontrez jamais les difficultés que nous vivons, nous les Tunisiens, au quotidien. Les gens là-bas n'ont pas le souci d'arriver en retard au travail, ni celui de rentrer tard le soir, tellement le transport est disponible et bien organisé. Vous en trouvez de tout : bus, tramway, train, métro. Et pour ce qui est de ce dernier, on vient de mettre en service une cinquième ligne hyper moderne et hyper sécurisée : les quais sont fermés avec des vitres et les rames roulent sans conducteurs. En fait, cette ligne est rénovée et prolongée jusqu'au fameux Stade San Siro, à l'occasion de l'ouverture de l'Expo 2015, c'est-à-dire depuis mai dernier. L'autre symbole de beauté de cette ville, c'est le nombre impressionnant des parcs de loisirs, tels que «Parco Nord», «Parco Di Trenno», «Parco Forlanini», «Parco Sempione». Celui-ci les dépasse, peut-être, en beauté, par son emplacement, étant donné qu'il donne sur «Piazza Castello» qui est reliée, à son tour, à «Piazza Duemo», c'est-à-dire au centre-ville. Il est intéressant de s'attarder un peu, ici, sur la gigantesque et superbe église qui donne son nom à cette place. Elle est imposante par ses dimensions et son architecture très originale. C'est ce qui expliquerait l'entrée payante. Comme quoi l'église ne s'intéresse pas uniquement au monde intemporel. L'intérêt qu'elle porte au monde d'ici-bas est encore visible à travers sa présence assez manifeste, avec de grandes bâtisses, dans presque tous les arrondissements de la ville où elle veille sur les fidèles. Donc, à ce niveau, on n'a rien à envier à nos amis italiens. Revenons à nos parcs. Ils sont immenses, abritent des bibliothèques et sont animés par des troupes musicales, payées par la commune, qui font vibrer l'assistance sur les pistes de danse. Des concerts de musique sont aussi organisés sur les nombreuses esplanades, au stade San Siro et au gigantesque hippodrome, se trouvant juste à côté. Donc, à Milan, on danse à volonté et à longueur de journée. La commune ne s'occupe pas seulement des loisirs de ses citoyens, mais également de leur état de santé, puisqu'elle met à leur disposition des piscines et des parcs omnisports, comprenant des terrains de football et autres. Comment voulez-vous qu'on s'ennuie dans un cadre pareil où la municipalité est au service du citoyen et veille à son confort?
Austérité et déni d'histoire
Les Italiens ont investi gros dans ce grand événement planétaire, Expo 2015, auquel ils ont choisi comme slogan « Nourrir la planète, énergie pour la vie », dans l'espoir de redorer une image ternie en cette période de récession. Cet effort financier exceptionnel apparaît à travers l'immensité de l'espace, l'originalité et la beauté de l'architecture des pavillons. Mais, lorsque vous pénétrez dans cet univers grandiose et magique et que vous consultez le plan officiel, vous ne trouvez nulle trace de la Tunisie dont le petit pavillon est abrité dans l'espace Cluster Bio-Mediterraneo, auquel adhèrent dix autres pays en plus du nôtre, et où sont organisés, périodiquement, des événements thématiques. Ce programme privilégie la diététique méditerranéenne basée sur des produits du terroir, à savoir les céréales, les olives et la vigne, préserve l'écosystème et met à l'honneur les traditions culinaires de la région qui, outre leur fonction nutritive, en assurent une autre d'ordre social qu'est la convivialité. Dans le catering du pavillon de la Tunisie, on fait déguster aux visiteurs nos plats et mets traditionnels, mais... sans alcool. Ceci en dépit du projet «Sur les traces de Magon», cofinancé par l'UE dans le cadre du Programme de coopération transfrontalière entre la Tunisie et l'Italie, et qui vise à transformer les chemins de la vigne de l'époque de Magon en itinéraire culturel et touristique, une visée ô combien importante par ces temps durs et difficiles. La commercialisation de nos produits vinicoles est d'autant plus importante que, parmi les activités de ce projet, il y a l'optimisation de la mobilité et des transports et une offre œnogastronomique (œno signifie vin en grec) et commerciale capable d'associer les vins et les produits du terroir. Faut-il rappeler que la production du vin en Tunisie est vieille de 27.000 ans, et que ce produit noble, qui est fait pour être dégusté, accompagne les mets? Malgré l'encerclement qu'il connaît chez nous, depuis quelque temps, pour des considérations religieuses, Mohamed Ben Cheikh, président Cpba-Utica, rassure ses amateurs qu'il y a 2 millions de consommateurs de vin en Tunisie. Un chiffre qui la place loin en tête, au niveau maghrébin, devant respectivement l'Algérie et le Maroc.
Dans la petite salle de projection, on propose une vidéo de sept minutes, racontant l'origine des oasis dans la ville de Gabès, à laquelle on a donné comme titre le verset coranique «Nous avons fait de l'eau toute chose vivante», sans qu'on n'en voie la trace dans le film. L'auteur de cette narration cinématographique, le cinéaste Nasser Ktari, recourt à une légende tirée par les cheveux pour représenter la symbiose entre l'homme et la nature, en basant sa fiction sur la contingence : une femme trouve, par hasard, un noyau de datte, en tamisant le sable du désert, à l'aide d'un tamis qu'elle a aussi trouvé par hasard. Enfin, on apprendra que l'un de nos responsables ayant regardé la vidéo n'a pas apprécié la nudité de l'actrice du film, une nudité que lui seul a constatée, à moins qu'il ne veuille qu'elle porte le voile. Ce qui aurait, d'ailleurs, bien cadré avec l'ambiance générale.
Produits et slogans incompatibles
Heureusement que le pavillon de la Tunisie est tiré de l'anonymat grâce à sa proximité avec le joyau et le symbole de cette foire, à savoir le gigantesque «Arbre de la vie», cet imposant édifice en bois et en acier, qui s'illumine, à la tombée de la nuit, pour devenir l'attraction majeure de tous les visiteurs qui s'entassent sur les gradins pour admirer ce spectacle envoûtant, offrant une symbiose parfaite entre lumière multicolore, musique et jets d'eau, suivant un rythme synchronisé. Et ce n'est pas la seule distraction qu'offre la foire à ses hôtes venus des quatre coins du monde, puisqu'à l'autre bout de l'allée, juste en face de cet arbre magique, on a aménagé une scène gigantesque pour des spectacles très variés, allant des concerts de musique aux jeux de cirque. Toutefois et en dépit de toute cette grandeur et toute cette splendeur, on voit mal comment on peut concilier, dans, cet espace, les produits biologiques et diététiques avec ceux de l'industrie agroalimentaire, tels que MacDonald et Coca-Cola, hyperprésents, à travers des pavillons géants. Le slogan «Let's Move and Donate food» (bougeons et offrons de la nourriture), affiché dans l'allée centrale de l'Expo, ainsi que les vélos elliptiques et les tapis roulants, exposés au même endroit, peuvent-ils être d'un grand secours aux consommateurs de ces aliments et ces produits industriels? L'autre grande interrogation que l'on ne peut s'empêcher de se poser dans cette exposition mondiale nous est inspirée par son slogan officiel : «Nourrir la planète...». Est-ce qu'on va le faire avec l'industrie agroalimentaire qui recherche le profit maximal à n'importe quel prix...humain? Ces suspicions et ces inquiétudes se justifient davantage lorsqu'on voit des pays n'ayant presque aucune tradition agricole, à l'image du Qatar et du Koweït, occuper une grande place dans cette exposition planétaire, avec des pavillons d'apparat. N'est-ce pas là l'indice que c'est bel et bien l'argent qui règne en maître absolu, et que tout slogan humanitaire et toute évocation de tradition ne sont que de simples éléments de marketing?
Les saintes-nitouches
Enfin, on ne peut pas omettre de souligner l'aspect cosmopolite de la ville de Milan. En plus de la présence massive des Maghrébins et aussi des Egyptiens, en particulier les «Saâydas» (les habitants d'Essaïd), il y a de fortes communautés de latinos et d'Asiatiques. Cependant, les plus nombreux d'entre ces derniers ce sont, incontestablement, les Chinois dont un bon nombre sont des commerçants qui commencent à envahir certains quartiers, comme ils l'ont déjà fait, il y a quelques années, dans certains quartiers parisiens tels que Belleville. Certains observateurs refusent de voir dans cette implantation chinoise des initiatives personnelles et soupçonnent la présence d'une politique d'Etat derrière ce phénomène, moyennant d'importants financements. A propos de commerce, on a pu remarquer que les petits commerçants qui s'approvisionnent auprès des grandes surfaces demandent une quittance en plus du ticket de caisse pour rendre compte de leurs comptabilités auprès du fisc. D'ailleurs, même les consommateurs sont tenus de réclamer leurs tickets, faute de quoi ils risquent d'être sanctionnés d'une amende par les contrôleurs des finances qui peuvent surgir à tout moment, à la sortie des caisses. Pendant que les Italiens veillent au grain en matière de fiscalité, nos autorités laissent faire, laissent passer, faisant comme si elles n'avaient rien vu. Parallèlement à ces étrangers qui viennent pour le travail, il y en a d'autres qui sont là pour le tourisme et qui donnent plus de couleurs à la ville par leur grande variété. Parmi cette diversité, il est facile de repérer une catégorie qui se démarque de l'ensemble par son allure particulière, très particulière. Il s'agit des ressortissants des pays du Golfe. Comme de coutume, les femmes portent soit le niqab, soit le voile, et sont accompagnées de leurs protecteurs mâles qui les gardent jalousement comme un troupeau contre les éventuelles concupiscences. Le comble de l'hypocrisie que nous offre cette scène grotesque, qui est comme une fausse note dans un univers jovial, carnavalesque et harmonieux, c'est leur fréquentation de bars-restaurants «haram» qui vendent de l'alcool, et où ils se mettent en deux rangées, l'une pour les femmes, l'autre pour les hommes. Faute de pouvoir empêcher la mixité dans tout le restaurant, ils se contentent de l'imposer sur une surface réduite. Et peut-être bien qu'ils s'inspireraient du roi saoudien, qui a privatisé la plage française de Vallauris pour y avoir la paix. Et pourtant, toutes les autres femmes et filles du monde, excepté toutefois certaines Arabes, y compris quelques-unes des nôtres et même des fillettes «Saâydas», qui sont voilées ou niqabées, toutes les autres se promènent avec des vêtements légers, très légers. Certes, ce spectacle haut en couleur fait tourner la tête aux hommes qui se contentent d'en assouvir les yeux et, tout au plus, de courtiser, pour les plus audacieux, sans jamais enfreindre les règles de la courtoisie. Cela, on peut vous l'assurer en tant que témoin auculaire. C'est au sein de cette pluralité de nationalités qu'évoluent nos ressortissants qui participent tant bien que mal à l'animation de la ville de Milan. Nous y reviendrons.


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