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On y vit mal, l'été
Banlieue ouest de tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 08 - 2015

La banlieue ouest de Tunis, par cette chaleur caniculaire, est une véritable fournaise pour ses habitants qui sont, de plus, assaillis par les tas d'ordures qui occupent tous les espaces.
Les adultes font de leur mieux pour gagner leur vie et celle de leurs familles. Les jeunes ont perdu tout espoir en l'avenir et se sentent de trop dans leur pays. La plupart d'entre eux rêvent de franchir les frontières pour ne plus revenir.
En voyant cela, il n'y a pas de quoi être fier, et il faut faire quelque chose pour sortir ces citoyens de ce mal-être existentiel et leur donner ce brin d'espoir dont ils ont besoin.
Il y a des cités dans le Grand-Tunis où on vit très mal l'été, surtout quand la canicule sévit. C'est le cas des cités de la banlieue ouest de la capitale telles que les cités Helal, Ezzouhour, Zahrouni et leurs environs proches. La concentration urbaine dans ces agglomérations et la promiscuité des habitations rendent infernale la vie des familles qui y résident et qui n'ont pas d'autres choix pour sortir de cette fournaise. De nuit comme de jour, on subit les incommodités et les désagréments d'un milieu de plus en plus encombré de toutes sortes d'activités et des conséquences qui en découlent, notamment ces tas d'ordures qui vous agressent partout où que vous alliez et les relents qui s'en dégagent vous poursuivent et vous collent à la gorge. Les conditions d'hygiène sont des plus précaires et ne font qu'ajouter aux conditions inhumaines dans lesquelles évoluent des centaines de milliers d'êtres humains aux moyens limités et dont beaucoup vivent dans une vraie misère.
Une petite tournée matinale en ce dimanche 2 août du côté de la cité Helal en passant par Mellassine pour enfin débarquer à Sidi Hcine nous a permis de nous arrêter sur l'état de délabrement de ces environs proches de la capitale, dont on ne s'occupe que trop peu pour permettre aux habitants une existence digne de l'homme.
Dès l'entrée de la grande artère divisant Hay Helal en deux, vous êtes agressé par les amoncellements d'ordures et par toute sorte de détritus. Dans ce milieu, on a croisé des mères de familles avec leurs bébés que les genoux accroupies à l'ombre des murs fuyant leurs demeures à la recherche d'une petite brise qui se faisait rare par la chaleur caniculaire qui mettait le feu dans les ruelles. Et vous avez tout intérêt à ne pas trop insister en voyant ce spectacle qui vous rend mal à l'aise car les jeunes qui passent par là vous fusillent de leur regard méchant vous signifiant qu'on ne tolère pas aux étrangers de s'immiscer dans leur vie et dans leur intimité. L'hostilité du regard vous contraint à quitter les lieux sans demander votre reste. Mais on est déjà assez instruit sur ce que c'est la vie dans ces coins de la capitale.
Bifurquant sur la route longeant le lac Essijoumi, vous êtes un tant soit peu soulagé d'autant que dans ce lac, par cette matinée estivale, il y avait tant et tant de flamants roses qui se nourrissaient des larves et des têtards que recèle cette lagune salée et qui peut être le seul éclair dans cette grisaille. Cela vous rend un peu le moral. Mais pas pour longtemps car déjà vous êtes en présence d'un autre phénomène: celui des moustiques qui sortent de cette même lagune.
Au départ, on avait l'impression de voir de la fumée se dégager de ces environs d'autant que dans ce lieu, on recourt beaucoup au feu pour se débarrasser du trop d'ordures.
Des tourbillons noirs vont du bas et jusqu'à cinq à six mètres de haut sont formés de ces moustiques qu'on nous affirme ne pas être des suceurs de sang contrairement à ceux qui vivent dans les ordures et qu'on retrouve partout dans ces cités de jour comme de nuit.
Ordures et moustiques!
C'est le couple infernal qui cohabite dans ces quartiers et qui rend la vie encore plus dure, cette détestable et malvenue calamité s'explique par le surpeuplement de cette banlieue et par l'existence de beaucoup de petits commerces et ateliers dont les propriétaires se débarrassent de tout ce dont ils n'ont plus besoin là où bon leur plaît.
En ce jour de marché, et en dépit du passage des services de propreté, il y a toujours des tonnes d'ordures qui restent là éparpillées tout au long de la route et dans les ravins. Impossible de les lever avec n'importe quel engin. C'est un vrai casse-tête auquel on n'a pas jusqu'ici trouvé de solution à même d'épargner aux riverains tant de désagréments, qui n'en finissent jamais, puisque en allant vers la cité Ezzouhour du côté du marché de Libye, on prend rendez-vous avec le chaos total. Dans ce coin, on vend de tout, les étalages disputent l'espace aux tas d'immondices, et les gens y circulent et font des affaires !
Les commerçants exerçant dans ce coin sont à peine gênés par ce qu'ils côtoyaient comme saleté. A la question de savoir si cela ne les dérange pas et comment ils peuvent vivre dans un milieu aussi infect, ils vous répondent que ce n'est pas de leur faute et c'est à la municipalité de se débrouiller pour enlever toutes ces ordures.
Quittant ces lieux pour aller du côté des habitations, on est de nouveau à peu près dans le décor de la cité Helal, sauf qu'ici, les rues sont plus larges, ce qui favorise encore plus les amoncellements des saletés, qui sont, il faut l'avouer, un trait commun à tout cet espace allant de Hay Helal à Sidi Hcine, cette cité qui longe le Séjoumi dans sa partie ouest et jusqu'au sud par certains endroits.
Cela dit, en continuant ma petite randonnée, qu'il faut avouer très harassante par la chaleur de ce jour alors qu'il n'était pas encore dix heures, j'ai choisi un café un peu à l'écart de la grande foule qui déambulait, pour siroter un café et engager une discussion avec des jeunes attablés et qui ne manifestaient aucune hostilité apparente.
Ils sont tous au chômage sauf un seul qui continue ses études supérieures au Campus. Ce dernier, tout en affirmant avoir décidé de finir ses études de droit, ne se faisait aucune illusion quant à l'avenir, car il sait d'avance qu'il ne pourra jamais décrocher un emploi sauf par miracle.
Il songe déjà à émigrer et espère en avoir les moyens pour y parvenir par les voies légales pour éventuellement améliorer sa situation. Ils étaient cinq et tous rêvaient de quitter le pays par un moyen ou par un autre. Ils disent avec beaucoup d'amertume qu'ils se sentent de trop dans leur pays et que tout ce qui les avait bercés comme rêve depuis 2011 s'est votalisé devant la réalité de leur vécu.
Désillusion des jeunes!
A la question de savoir s'ils n'avaient pas d'activité sportive ou autre, ils ont répondu en chœur que le sport d'aujourd'hui est une affaire de riches. Et même le COT, ce club qui a depuis sa création eu une vocation sociale, végète dans les divisions inférieures après avoir fait partie de l'élite et enfanté tant de grands du football du pays. Les chaâtani, Ben Mansour, Cassidi, Kerya, Jlassi, Henchiri, Hbita, A.Bel Hassan ont fait les beaux jours de ce club et de bien d'autres. Cette association sportive en voie de perdition était la fierté de cette banlieue et avait rendu de grands services à des centaines de jeunes et à leurs familles, mérite sans doute d'être ressuscitée pour assurer ce rôle social dont m'avait toujours parlé Mohieddine Hbita qui ne pardonne jamais à ces présidents qui avaient voulu en faire un club de titres au détriment de la formation et de l'accompagnement d'une jeunesse en manque de moyens et de repères et dont beaucoup rêvent d'émigrer ou d'avoir quelques pécules pour avoir son petit étalage quelque part dans la capitale. Voilà toute l'ambition de cette génération qui risque d'être perdue à jamais et qui vit dans des conditions inacceptables et dont les parents peinent à gagner convenablement leur pain et celui de leurs familles.
C'est une vraie injustice que celle qu'on a vue de près dans cette partie de la Tunisie.
Une injustice qu'il faudrait tout faire pour réparer en redonnant espoir à ces milliers de citoyens qui ne demandent rien qu'à vivre dans la dignité.
Un programme d'urgence devra être initié par l'Etat pour venir en aide à ces damnés qui vivent par ces temps un été infernal et n'ont aucun moyen d'y échapper.


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