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Trio infernal
chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 08 - 2015


Par Hmida BEN ROMDHANE
Cent quarante-cinq réfugiés africains n'ont pas pu atteindre l'Europe et ont failli mourir noyés, n'eût été l'intervention des gardes-côtes tunisiens qui les ont sauvés. Rassemblés quelque part dans la ville de Benguerdane, sur leur visage est inscrite la misère dans son sens le plus hideux et leur regard trahit une détresse telle que l'on ne peut s'empêcher de se demander si leur sort de rescapés est meilleur que celui des milliers de réfugiés happés par les flots furieux de la Méditerranée.
Mais à supposer que l'embarcation des rescapés de Benguerdane n'a pas échoué dans les eaux territoriales tunisiennes et a poursuivi sa route jusqu'aux côtes européennes, leur sort aurait-il été meilleur?
Les rescapés de Benguerdane sont, de toute évidence, moins malchanceux que les milliers de noyés dans les eaux méditerranéennes, mais on ne peut pas les plaindre de n'avoir pas pu rejoindre le flot des dizaines de milliers d'autres bloqués dans les frontières de pays occidentaux ou parqués dans des conditions infrahumaines.
On peut comprendre les efforts désespérés des réfugiés syriens de fuir leur pays devenu invivable. Il est certain qu'en acceptant de s'entasser dans des camps insalubres et d'errer d'une frontière à l'autre, ces réfugiés ne sont pas dans la situation de celui qui cherche de meilleures conditions de vie. Ils ne sont même pas dans la situation de celui qui fuit la répression politique ou la torture, mais de celui qui tente désespérément de protéger sa vie et celle de ses enfants. Et dans ce cas, il est parfaitement normal que les citoyens syriens en danger de mort fassent l'impossible pour fuir l'enfer qu'est devenu leur pays. En revanche, ce qui n'est pas normal est que les pays de «transit», comme la Grèce et la Macédoine, mobilisent leurs polices et leurs armées pour barrer la route à ces pauvres réfugiés comme s'il s'agissait de hordes barbares s'apprêtant à les envahir.
Si les Grecs et les Macédoniens se comportent anormalement envers les réfugiés syriens, il ne faut pas non plus leur faire assumer la responsabilité de ces événements tragiques à l'évolution desquels ils n'ont contribué ni de près ni de loin.
Le plus dramatique est que les vrais responsables de ces événements tragiques, que sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, se lavent les mains et regardent ailleurs, comme s'ils n'ont rien à voir avec les tragédies de proportion biblique qui frappent l'Irak, la Syrie et la Libye. Or, tout le monde sait que sans les malheurs qui s'abattent sur l'Irak depuis 2003 et sur la Syrie et la Libye depuis 2011, non seulement il n'y aurait pas de crise de réfugiés, mais la vie de centaines de millions de terriens serait meilleure et nettement moins dangereuse.
Il va sans dire que le trio susmentionné n'est pas l'unique responsable de ces drames. Il y a aussi quelques acteurs subalternes, comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar, qui assument une part de responsabilité. Toutefois, sans l'aval de leurs protecteurs américains, ils se seraient certainement tenus tranquilles. Mais revenons aux vrais responsables du drame, le trio américano-anglo-français. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne assument une responsabilité de premier plan dans la multitude d'événements dramatiques en Irak, de la chute de Bagdad en avril 2003 à l'invasion de Mossoul par les hordes de Daech en juin 2014. Mais le trio au complet assume la plus grande part de responsabilité dans la destruction de la Syrie et de la Libye et, par conséquent, dans l'éclatement d'une crise de réfugiés sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Washington, Londres et Paris ont non seulement été incapables de se comporter en acteurs acceptant d'assumer la responsabilité de leurs actes vis-à-vis des drames irakien, syrien et libyen, mais ils se sont avérés dépourvus du moindre sens moral qui les aurait poussés à voler au secours des milliers de réfugiés, victimes collatérales de leurs politiques désastreuses.
Pourtant, un simple engagement dans l'effort humanitaire en faveur de ces réfugiés n'est pas au-delà des moyens de ces pays. Pendant la crise des boat-people vietnamiens de 1978-1979, la France avait bien pu affréter des bateaux et les envoyer à des milliers de kilomètres recueillir les réfugiés asiatiques. Aujourd'hui, alors que des réfugiés sont noyés à proximité de ses eaux territoriales, tout ce que la France a jugé nécessaire de faire, c'est de «coopérer» avec la Grande-Bretagne en vue de «stopper le flux de réfugiés».
Les Etats-Unis, qui ont les moyens de débourser deux milliards de dollars par jour pour leur armée, observent sans broncher la terrible amplification du drame des réfugiés à l'éclatement duquel ils ont largement contribué.
On n'a pas besoin de lire «Le Prince» de Machiavel pour savoir que les Etats sont des monstres froids pour lesquels il n'y a qu'une seule chose sacrée au monde : leur intérêt bassement matériel. C'est le droit de chaque Etat de se comporter en entité égoïste, cherchant avant toute chose à garantir ses intérêts. Mais a-t-on jamais lu ou entendu une critique à l'encontre des Etats suisse, suédois, danois, norvégien ou finlandais, par exemple. Ils ne sont responsables d'aucun drame dans le monde, et pourtant ils sont plus généreux et plus prompts à voler au secours des victimes de ces drames que les vrais responsables.
Si l'un des dirigeants du tiers-monde avait provoqué le millième des tragédies engendrées par les politiques désastreuses du trio susmentionné, on aurait assisté à la prompte mobilisation de la justice internationale. Mais qui traînera en justice des dirigeants occidentaux coupables d'avoir transformé la vie de centaines de millions d'êtres humains en enfer ?


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