Réduits à dix, les Cabistes ont plié face à une Espérance réaliste Il y a très longtemps que l'EST n'avait pas battu le CAB au stade 15-Octobre. Mercredi dernier, en match décalé de la 2e journée, ce fut chose faite. Il faut dire que les Cabistes ont joué quatre-vingts minutes durant en infériorité numérique. Le héros de la rencontre, l'arbitre Nabil Aguir a, en effet, vite fait d'expulser le pivot Mohamed Slama dès les premières minutes de jeu. Ce milieu, pièce maîtresse dans le dispositif de Gérard Buscher, a laissé un grand vide dans l'entrejeu cabiste. Dans la foulée, le reféree expulse l'entraîneur du CAB pour être rentré discuter sur le terrain à un mètre de la ligne de touche. L'arbitre du match CAB-EST a frappé fort d'entrée, scellant ainsi le sort des locaux qui ont pourtant débuté la partie tambour battant. Malheureusement pour eux, les choses ont rapidement tourné en leur défaveur. Evoluant en infériorité numérique dès la 10', les camarades de Ben Mustapha ont reculé d'un cran, laissant alors l'initiative à l'EST. Petit à petit, les visiteurs s'installent dans le camp cabiste et exercent une domination territoriale continue. Ils se créent, pendant toute la période initiale, bon nombre d'occasions dont l'une à la 20', lorsque Darragi tire sur la barre transversale. Domination territoriale de l'EST La sortie du milieu Mohamed Slama a permis à l'EST de dominer l'entrejeu. On a vu alors Korbi récupérer facilement les longs ballons envoyés à l'emporte-pièce par les défenseurs nordistes. Le travail de sape s'effectue à partir de ce compartiment de jeu par Traoui, M'sakni et Darragi, partie de terrain dans laquelle le ballon circule parfaitement pour échoir, à droite sur Ben Amor ou, à gauche, sur Chemmam. Mais rien n'y fait, le CAB ne cède pas. On a tenté, côté espérantiste, de pénétrer par l'axe, mais les camarades de Darragi butent à chaque fois sur une arrière-garde bien articulée autour de Sylla et Karim Ben Amor. Les «Sang et Or» dominent certes, mais ils ne trouvent pas la faille. Ce manque de réussite devant les bois de Ben Mustapha obligea le staff technique de l'EST de procéder à un changement tactique en faisant remplacer un latéral droit, A. Ben, Amor, par un attaquant Enramo. Ce coaching, si on peut appeler ça comme ainsi dans les conditions que l'on sait, a pesé rapidement sur le tableau d'affichage. En effet, incorporé à la 45' de jeu, le remplaçant nigérian fut à l'origine d'une passe décisive à Darragi, celle qui amena le but victorieux de son équipe (47'). Réveil tardif L'ouverture du score pour l'EST a eu le mérite de secouer quelque peu l'équipe locale. Longtemps dominés par leurs vis-à-vis, les Cabistes sortent de leur torpeur pour menacer sérieusement les visiteurs. Et c'est Harbaoui qui prend la place de Laouini, un attaquant à la place d'un milieu de terrain, qui donna le ton notamment à la 67' lorsqu'il hérita d'une passe lumineuse de Ben Sallem, sa frappe trop croisée étant passée de peu à côté. Ce fut l'occasion la plus significative jusqu'ici après le repos. Toutefois, la rentrée de Jabbari et Hadj Mabrouk a été, à notre humble avis, un peu tardive, respectivement aux 72' et 79'. Pourtant, la défense adverse avait auparavant montré des signes de fatigue, voire de faiblesse, au niveau de l'axe central et du flanc droit. Les malentendus entre le gardien Naouara et les défenseurs étaient devenus fréquents. Malheureusement pour les Cabistes, leurs efforts, dans un dernier sursaut d'orgueil, n'ont pas été récompensés. Amoindris dès le départ, ils n'ont, qu'en de rares occasions, développé leur jeu habituel, axé sur les passes courtes et les permutations entre les attaquants Jabbari et Ben Sallem, qui donnent le tournis aux meilleures défenses. L'arbitre de la rencontre en a voulu autrement. «Il est vrai que l'expulsion de Slama nous a facilité la tâche. Ce fut difficile devant une équipe cabiste qui n'est pas facile à battre chez elle. La bataille de l'entrejeu a été gagnée, nous avons pu alors construire de belles actions», dira Kanzari, à l'issue du match. Mais si l'entraîneur-adjoint de l'EST semble satisfait de cette victoire, le coach bizertin, lui, était fou furieux de cette défaite: «Nous avons bien entamé les débats. On commençait à prendre la mesure de nos adversaires quand l'arbitre intima à une pièce maîtresse dans l'entrejeu, Mohamed Slama, de rejoindre les vestiaires à la suite d'un 2e avertissement trop sévère et dicté par le staff de l'équipe adverse. L'EST est une grande équipe et n'avait pas besoin d'un pareil coup de pouce. A dix, il était devenu pratiquement impossible de battre notre adversaire. C'est une défaite que je qualifie de programmée. C'est très frustrant». Le score aurait pu être plus lourd, signe qui prouve que l'EST a bien géré ce mince acquis. Elle a dominé le plus clair du temps et n'a à aucun moment paniqué si l'on excepte ces quelques coups de boutoir du remplaçant Harbaoui qui a apporté de l'animation à l'attaque du CAB. Le métier de l'EST a finalement prévalu devant une équipe nordiste qui force le respect.