Par Abdelhamid GMATI Une vaste campagne de nettoyage des rues dans tous les gouvernorats du pays aura lieu ce dimanche 27 septembre. C'est du moins l'appel lancé lundi dernier par le groupe « On a été embêté pour vous ». Ayant réussi une première opération du genre le 30 août dernier, ce groupe veut récidiver et compte sur 80.000 invitations et 33.000 participants pour nettoyer 180 villes et quartiers du pays. Une initiative à saluer et à suivre, les Tunisiens étant excédés par ces tonnes d'ordures et de déchets de toutes sortes qui jonchent les rues et les ruelles. Surtout après les résidus des moutons sacrifiés. Avec tous les désagréments et les dangers pour la santé qui vont avec. On devrait saisir cette occasion pour étendre cette action de salubrité publique dans les rues de nos villes et villages à la vie politique, histoire de favoriser l'équilibre social, politique et économique. Comme le font, depuis quelques mois, nos forces de sécurité, nos militaires et nos douaniers, pour dénicher et mettre hors d'état de nuire les terroristes, les cellules dormantes et les contrebandiers. Et il leur reste beaucoup à faire pour, entre autres, identifier les commanditaires, les enrôleurs, les « laveurs de cerveaux », les fournisseurs d'armes et d'argent. A l'image du ministère des Affaires religieuses qui a commencé à mettre de l'ordre dans nos mosquées afin de les ramener à leur vocation religieuse essentielle et les purifier des prêches extrémistes, prônant le jihad, la haine, la division, la violence, le takfir. Et ce, en dépit des refus et des réticences des islamistes qui n'ont ni le monopole de la religion ni ne sont propriétaires des lieux de culte. De son côté, le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance a procédé à la fermeture de 200 espaces de l'enfance anarchiques sur les 1.000 recensés jusqu'ici. A l'image, aussi, du ministère de la Santé qui multiplie les initiatives pour assainir les hôpitaux dont les rendements sont plus qu'insuffisants et ne remplissent pas leur rôle, au grand désespoir des citoyens malades. A l'instar aussi du ministère de l'Education qui s'ingénie à mettre de l'ordre dans ce secteur névralgique, laissé durant de longues années à la gabegie et à la médiocrité. Mais il reste beaucoup à faire. Il s'agit avant tout d'instaurer une stabilité sociale, condition essentielle pour sortir le pays de l'ornière dans laquelle il se débat depuis ces quatre dernières années et de relancer une économie moribonde. Pour cela, la dictature des syndicats doit cesser. Ces dernières années, le langage des syndicalistes se résume en une phrase : « Vous nous donnez satisfaction, ou on bloque le secteur concerné ». Jamais on n'a connu autant de grèves. La logique de la confrontation est devenue aujourd'hui la règle dans toute négociation entre syndicalistes et responsables gouvernementaux. Et souvent pour des revendications corporatistes minimes. Pratiquement, toutes les demandes syndicales ont été satisfaites, incluant les augmentations salariales, les primes exceptionnelles, les reclassements et même les promotions. Il y a quelques jours, un accord sur des augmentations de salaires pour 2015 et 2016 dans la fonction et le secteur publics, a été signé. Le procès-verbal de l'accord prévoit que « les jours de grève légale seront prélevés sur les salaires et compléments de rémunération sans porter préjudice à la carrière professionnelle de l'agent ». Le ministre de l'Education avait annoncé que les prélèvements sur les salaires des instituteurs grévistes seraient effectués. A noter que, selon la législation, les jours de grèves ne sont pas payés par l'employeur : c'est à la centrale syndicale de le faire. Sinon, pourquoi prélever un pourcentage automatique sur les salaires au profit de la centrale ? Souvent sans même que le salarié le sache. Après tous ces accords et les propos lénifiants de certains responsables syndicaux, d'aucuns s'attendaient à un apaisement. Pas du tout. Certains autres responsables syndicaux s'empressent de menacer d'escalade si d'autres revendications ne sont pas satisfaites. L'inénarrable Mastouri Gammoudi de l'enseignement de base ne semble pas aimer la paix et continue à menacer. Il veut que les promotions soient consenties pour 2017. On croyait que les promotions dans n'importe quel métier se faisaient au mérite et au rendement. Lui veut qu'elles soient générales, sans distinction. Les cancres doivent donc avoir des promotions au même titre que les instituteurs qui font des efforts pour faire un excellent travail. Peut-être craint-il de ne pas mériter de promotion au mérite ? Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), chargé du secteur privé, est catégorique : « Une grève générale sera observée dans le secteur privé en cas de non signature de l'accord cadre sur les augmentations salariales ». Est-ce ainsi que l'on négocie ? La salubrité publique souhaitée devrait aussi inclure certains politiciens qui, au lieu de critiquer, s'opposer, poliment, se lancent dans des injures, des accusations et des menaces. N'a-t-on pas vu ce spectacle déplorable d'un directeur d'une chaîne de télévision privée recevoir le président de la République les mains dans les poches ? La démocratie est basée sur le respect : le respect de soi-même et celui des autres.