Dans le cadre de son programme pour la célébration du 54e anniversaire de la fête nationale de la Femme, l'Unft (l'Union nationale de la femme tunisienne) a organisé hier un séminaire sur le thème : "L'autonomisation culturelle de la femme, voie vers l'enracinement des valeurs de modernité". A cette occasion, Mme Bebia Bouhnak Chihi, ministre des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées, a rappelé le statut réservé à la femme dans la société tunisienne, en tant que citoyenne jouissant de tous ses droits et s'acquittant de tous ses devoirs, mettant l'accent sur l'importance de l'éducation de la femme afin qu'elle puisse disposer, pleinement, de ses droits, assumer ses responsabilités et s'intégrer dans le processus de développement global avec aptitude et compétence. Mme Bebia Bouhnak Chihi a rappelé le cadre dans lequel est célébré le 54e anniversaire de la fête nationale de la Femme, marqué par la présidence de la Tunisie de l'Organisation de la femme arabe. La présidence tunisienne de l'OFA a été couronnée notamment par la mise en place d'une stratégie de partenariat culturel avec l'Alecso (Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences), dans le but d'améliorer la situation de la femme arabe. Mme Bebia Bouhnak Chihi a qualifié la culture de passage obligé pour tout projet de développement, surtout quand il s'agit de développement global et durable qui ne concernent pas seulement le domaine politique et économique mais la culture de toute la société qui doit allier tradition et modernité, tout en insistant sur l'importance de l'égalité entre les sexes et le refus de toute forme de ségrégation envers la femme. En conclusion, la ministre a évoqué l'importance accordée par notre pays à l'enseignement, depuis l'indépendance et jusqu'à aujourd'hui, en tant que facteur de développement et de modernité. Cette démarche a permis un taux de scolarisation de la femme en 2009 de 99%. La femme représente 47% des chercheurs tunisiens. Des interventions sur des aspects en rapport avec le thème de la conférence ont été avancés par les invités : Mme Saïda Rahmouni, membre du Comité central du Rassemblement Constitutionnel Démocratique, Mme Lamia Chafaï Sghaïer, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Technologies de la communication chargée de l'Informatique, de l'Internet et des Logiciels libres, le professeur universitaire Najib Boutaleb et Mme Khira Chibani, professeur universitaire et rédactrice en chef du site web afkaronline. Les deux premières interventions ont été présidées par Mme Abir Moussi, secrétaire générale adjointe du Rassemblement Constitutionnel Démocratique, chargée de la femme, et les deux dernières par Mme Najeh Karoui Belkhiria, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'étranger. La femme face à diverses mutations La première intervention, celle de Mme Saïda Rahmouni, a porté sur "Les fondements culturels et civilisationnels du projet sociétal et moderniste du Président Zine El Abidine Ben Ali". En partant des idées développées, entre autres, par les intellectuels des Lumières, Mme Saïda Rahmouni a affirmé que la modernité doit aller en parallèle avec la réforme, tout en étant axée sur deux principales composantes : la connaissance et la volonté politique. Elle a également mis l'accent sur le rôle de la femme, une fois ses droits acquis et sa participation dans les différents domaines effective, dans le développement. "Dans un contexte où tout est lié, dit-elle, la femme doit jouir de ses pleins droits, et ce, dans tous les domaines sans exception". Mme Lamia Chafaï Sghaïer s'est, quant à elle, exprimée sur "L'autonomisation culturelle dans le cadre des mutations internationales, et de la révolution scientifique et technologique ". Elle a, dans un premier temps, donné quelques indicateurs de la nouvelle mouvance dans le monde, caractérisée par l'apparition de nouveaux concepts liés à la technologie, comme la société de l'information et le fossé numérique. Ces concepts ont eu des répercutions sur les choix stratégiques et politiques des pays impliqués dans une démarche de développement par la technologie, dont la Tunisie fait partie. Dans ce cadre, Mme Lamia Chafaï Sghaïer a donné un aperçu sur l'approche tunisienne dans la construction d'une société de l'information et de la connaissance et son choix d'encrer la culture numérique au sein de cette société. Dans un deuxième temps, l'intervention de la secrétaire d'Etat s'est focalisée sur le rôle de la femme dans cette approche en l'illustrant par un exemple percutant : le pourcentage des étudiantes en technologies de la communication et de l'information est passé de 28% en 1999 à 51% en 2009. L'autonomisation par la culture M. Nejib Boutaleb, dont l'intervention est intitulée "L'autonomisation culturelle à travers l'éducation pour l'édification d'une société équilibrée", a mis l'accent sur le concept de l'autonomisation que la Tunisie met en avant dans tous les domaines, dont le culturel, sujet de la conférence. Ainsi et en passant par les caractéristiques de ce concept en général, M. Nejib Boutaleb s'est étalé en particulier sur ces aspects culturels et sa relation avec le processus éducatif et social. En ce qui concerne l'autonomisation culturelle de la femme, il se traduit selon le professeur par des actions comme la sensibilisation de la société civile, et surtout des femmes, à la participation dans les activités culturelles, et auxquelles il faut fournir les moyens de développer leurs aptitudes culturelles, au sein du milieu professionnel et des structures d'enseignement. La dernière intervention a permis à Mme Khira Chibani de partir du questionnement : "Pourquoi l'autonomisation culturelle de la femme aujourd'hui ?" pour survoler les grandes étapes historiques par lesquelles est passée la femme tunisienne, afin de démontrer l'importance de la culture dans le développement de notre société et d'arriver à la conclusion qu'elle doit avoir la même importance que les autres secteurs comme l'économique et le sociétal, chose dont les médias doivent, selon elle, être responsabilisés, surtout en ce qui concerne l'image de la femme.