Dans sa première interview après avoir présenté sa démission au Chef de l'Etat, le Chef du gouvernement d'expédition des affaires courantes, Elyès Fakhfakh, a décidé de tout déballer en ce qui concerne les circonstances de la chute de son gouvernement. Forte implication d'Ennahdha et de Qalb Tounès, éventuelles alliances douteuses, lobbies et autres, Elyès Fakhfakh a décidé de tout dévoiler avant de quitter le pouvoir. Accordant une interview à la radio privée Express FM, conduite par Wassim Belarbi et diffusée, hier, le chef du gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes, Elyès Fakhfakh, a accusé le partis Ennahdha et Qalb Tounès d'avoir entrepris une alliance pour faire chuter son gouvernement. «Le mouvement Ennahdha, Qalb Tounès et d'autres parties influentes dans les domaines de la contrebande et le commerce illicite sont derrière la crise politique que traverse le pays actuellement et derrière la chute de ce gouvernement», a-t-il expliqué tout en soulignant qu'aujoudhui le grand conflit est entre les véritables courants de la réforme et de la lutte contre la corruption et les conservateurs qui mettent leurs intérêts avant l'intérêt national. Fakhfakh qui a tiré à boulets rouges sur Ennahdha, a estimé que ce parti serait le principal acteur qui a poussé vers la chute de ce gouvernement, d'autant plus que «dès le début il ne l'a jamais soutenu et s'est contenté de voter en sa faveur dans le seul objectif d'éviter la dissolution du Parlement». Il a révélé dans ce sens avoir «rejeté un deal avec le mouvement Ennahdha, deux semaines avant que le gouvernement ne tombe, celui d'y faire entrer Qalb Tounès». Fakhfakh, qui estime que le parti de Rached Ghannouchi a rejoint le camp des conservateurs parce qu'il considère le pouvoir comme un butin, a bénéficié de ce qu'il a appelé le mutisme de certains partis et intellectuels face à la crise. Et de conclure qu'il existe «un establishment dont Ennahdha fait partie qui ne veut pas que le pays change». Le chef du gouvernement démissionnaire a également évoqué «des plans de complot contre la Tunisie de l'intérieur en complicité avec des parties basées à l'étranger ». « Certains ne veulent pas d'un modèle démocratique en Tunisie et dans la région, et pour qui ce processus doit s'arrêter. Il ne s'est pas arrêté par un coup d'Etat militaire, car notre armée est républicaine, alors on recourt à un putsch par les élections», a-t-il insisté. La Tunisie au bord de la faillite Evoquant d'autre part la situation économique et celle des finances publiques, le Chef du gouvernement d'expédition des affaires courantes a laissé entendre que les indicateurs sont au rouge et que la situation économique du pays est très difficile, ajoutant que les conflits politiques ne font qu'aggraver cette crise. «Dans ces conditions, pousser vers la chute du gouvernement est un crime contre la Tunisie, au vu des grands risques financiers et budgétaires», a-t-il estimé. Le locataire de La Kasbah est allé jusqu'à dire que «le pays est au bord de la faillite et que l'Etat risque de se trouver dans l'incapacité de payer les salaires des fonctionnaires dans le secteur public». Il a affirmé dans ce sens qu'entre 100 et 120 mille emplois seraient perdus sous l'effet de la crise du coronavirus, et s'ajouteront aux 620 mille chômeurs déjà existants. La voie à adopter, selon ses dires, est celle «de la réforme, de la lutte contre la corruption, l'économie de rente, la politisation de l'administration et la mauvaise gouvernance dans les entreprises publiques». Concernant l'affaire de conflit d'intérêts qui le concerne, le chef du gouvernement d'expédition des affaires courantes, Elyès Fakhfakh, a reconnu avoir commis une erreur quand il n'a pas cédé ses actions dans une société qui traite avec l'Etat, juste après son entrée en exercice à la tête du gouvernement. Précisant qu'il n'était pas Chef du gouvernement quand le contrat a été signé, Elyès Fakhfakh a clamé son innocence dans cette affaire insistant sur le fait qu'elle a été «politiquement exploitée à des fins bien connues».