Heureusement, le couvre-feu, en vigueur depuis le 24 novembre dernier, a été levé samedi soir. Justement, une nouvelle prolongation aurait certainement pénalisé sérieusement l'activité commerciale. De nombreux commerces de nuit, notamment les restaurants, les cafés ont beaucoup souffert depuis le 24 novembre en raison du couvre-feu. Et malgré l'allègement des horaires du couvre-feu qui sont passés de 21h00 à 00h00, les voix des professions de nuit s'élèvent pour crier leur désarroi face à cette décision qui a certainement des aspects positifs au niveau sécuritaire mais dont les répercussions économiques sont désastreuses sur leurs secteurs, en particulier l'hôtellerie qui souffre déjà de la crise. A ce titre, les hôteliers ont révélé des annulations de la part de touristes et d'hommes d'affaires ainsi que l'annulation ou le report de congrès et de séminaires. Il en est de même de la bourse qui a enregistré une baisse des opérations de l'ordre de 10%. Quant au secteur du transport, les pertes ont atteint 40%, compte tenu de la réduction du nombre de voyages. Mais la question sécuritaire est prioritaire dans la lutte contre le terrorisme. Selon un sondage, plus de 70% des Tunisiens acceptent de faire des sacrifices pourvu que le terrorisme soit éradiqué du pays et de subir de la sorte des pressions au niveau des libertés et des activités économiques. Annulations et reports Par ailleurs, sur le plan de la consommation, les effets négatifs ne se sont pas fait attendre notamment sur le moral des Tunisiens. Ce qui a eu un impact néfaste sur certains secteurs économiques. Par exemple, les mariages programmés en cette période de l'année ont été reportés à des dates ultérieures. Cela a causé des dégâts financiers pour les futurs mariés qui ont déboursé de l'argent pour les locations d'espace ou versé des arrhes pour la réservation de troupes de musique. L'attentat terroriste de l'avenue Mohamed V survenu le 24 novembre dernier et dont ont été victimes 12 agents de la garde présidentielle a contraint les autorités à décréter le couvre-feu sur le Grand Tunis pour une période encore indéterminée. Une situation qualifiée d'«étouffante mais nécessaire» par les professionnels travaillant de nuit. Le couvre-feu a causé des dommages au niveau de la consommation qui connaît un repli et a occasionné des pertes considérables. Des pertes considérables «Mon chiffre d'affaires a relativement baissé depuis le couvre-feu. J'enregistre des pertes de l'ordre de 500 dinars par jour», déplore Mohamed Tahar, gérant d'un café du centre-ville de Tunis. «J'ai déjà donné congé à un des serveurs travaillant à la journée en attendant d'y voir plus clair», a-t-il ajouté. Plusieurs autres cafetiers se plaignent de cette situation dramatique. Ils disent ne pas arriver à payer leurs employés. L'impact est lourd pour les hôteliers qui ont déjà des difficultés à payer leurs salariés. «Nous avons restreint nos sorties le soir. Nous avions l'habitude de passer la soirée, au moins une fois par semaine, chez des amis ou chez nos parents réciproques, mais nous évitons les sorties depuis l'instauration du couvre-feu», regrette un couple. «Nous zappons les restaurants et parfois nous nous y hasardons en allant un peu plus tôt que prévu, car dès 22h00, les serveurs commencent à s'impatienter parce qu'eux aussi doivent rentrer chez eux et le transport manque», assure-t-il.Un grand nombre de mariages qui devaient avoir lieu fin décembre a été reporté. «Les années précédentes, les clientes, qui ont prévu de fêter leurs noces au printemps prochain, versaient des arrhes pour la location de leurs robes de mariage et de «outia». Or, depuis le couvre-feu, il y a moins de clientes», a martelé Moufida, gérante d'une boutique de location de vêtements de mariage qui essayait de dissuader une cliente qui voulait récupérer ses arrhes.