«Classique en swing, piano solo en concert» du pianiste polonais Marek Tomaszewski, vendredi dernier à l'Acropolium de Carthage. Invité par l'ambassade de Pologne en Tunisie, le pianiste polonais Marek Tomaszewski s'est produit, vendredi dernier à l'Acropolium de Carthage, devant une salle comble et un public qui n'a pas été déçu. Diplômé du Conservatoire national supérieur de Varsovie, Marek Tomaszewski formait avec Waclaw Kisielewski le duo de piano à succès Marek and Wacek. Un an après la disparition de Wacek, Marek forme un autre duo avec le pianiste français Michel Prezman. Ensemble, ils enregistrent deux CD et donnent plusieurs concerts en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et en Russie. Après une pause consacrée à l'activité pédagogique, Marek revient en 2000 au-devant de la scène, cette fois-ci en solo et se produit essentiellement en Europe et aux Etats- Unis. On lui doit notamment la transcription pour un seul piano de la version pour deux pianos du Sacre du Printemps, d'Igor Stravinski. Son apparition à l'Acropolium, tout en sobriété et en simplicité, constitue le prolongement de la musique qu'il s'est engagé à servir. Mais avant de débuter le concert, il a profité de l'occasion pour présenter ses félicitations pour l'obtention du Prix Nobel de la Paix 2015 par la Tunisie tout en ajoutant «Bravo, vous l'avez mérité !». Pour l'ouverture, Marek Tomaszewski a choisi «Cold song» d'Henry Purcell, quoi de plus approprié en cette soirée de fin décembre ? Improvisateur inspiré, il a, en effet, entièrement revisité ce chef-d'œuvre et nous a offert un moment revigorant. Ont suivi les «Barricades mystérieuses», d'après le thème du compositeur, organiste et claveciniste français François Couperin. Cette œuvre créée pour clavecin a été revisitée par le pianiste par les magistraux accords du piano. Vient ensuite «Tic Toc Choc», une autre œuvre de Couperin. Une composition colorée dont les mélodies varient suivant l'émotion suggérée par le thème du compositeur. Des variations dans lesquelles on trouve « colère pour un sou perdu » de Beethoven. Avec la réécriture et l'interprétation de la Trilogie Polonaise : Minuet-Mazurka-Polonaise, de Michał Kleofas Ogiński, (1765-1833), homme d'Etat et compositeur polonais, Marek Tomaszewski lui rend hommage à l'occasion de la célébration du 250e anniversaire de sa naissance. Ogiński est notamment connu pour ses 23 polonaises dont les célèbres «Adieux à la patrie». Marek enchaîne ensuite avec «Music lovers» de Chopin, il s'agit d'une ballade lyrique et un chant de Noël s'entrelaçant comme deux amants. Puis, changement de registre avec la Mazurka en Ré majeur, une des mazurkas (danses) les plus populaires. Elle a un tempo rapide et de forts accents irréguliers. L'œuvre se distingue par son rythme heureux et joyeux qu'on retrouve dans le folklore irlandais. De même pour la Mazurka en Do majeur de Frédéric Chopin, également, qui adopte les mélodies des montagnards polonais et le Blues. Toutes ces reprises relèvent de la même démarche, à la fois lyrique et contrôlée, conjuguant abstraction et vision épurée. Après deux magnifiques compositions intitulées «Branson» et «Dorian» écrites à l'occasion de la naissance de ses petits-fils, Marek Tomaszewski donne une transcription de la «Toccata et Fugue» pour orgue de Bach et «Feux d'artifice» de Debussy. Des timbres foisonnants, dont l'équilibre général permet de mieux goûter à des rythmes tantôt denses et lyriques tantôt violents et rageurs. Marek Tomaszewski a profité aussi de sa présence sur scène pour dédier à la fin de son concert une magnifique composition à la mémoire des victimes des attentats de Tunis et de Paris. Une composition émouvante intitulée « Rythm of time » dont la technique sait se faire discrète pour que la magie du timbre, la luminosité de l'écriture exercent au mieux leur impact, en toute simplicité. Un grand moment de musique servi par un grand artiste !