Ces quelques mots se sont répercutés à travers l'histoire et jusqu'à ce jour, leur signification ne cesse d'intriguer les chercheurs. On se les répétait naguère entre visiteurs qui venaient en notre pays pour commercer ou se distraire bien avant le XVIesiècle où les pages de Jean Léon l'Africain (El Hassan Ibn Ouezzane El Fassi de son vrai nom) leur donnèrent une notoriété universelle. Après lui et grâce à sa description de l'Afrique tierce partie du monde, on se plut à répéter les renseignements qu'il avait minutieusement amassés sur cette curieuse constatation. Si au XIXe siècle, Sir Grenville Temple, dans son livre, Excursions in the mediterranean, n'a fait que répéter ce que Shaw avait transcrit un siècle auparavant dans ses «voyages», en parcourant le livre de Léon l'Africain, si on retrouve ces mêmes indications mêlées d'expressions dubitatives dans la relation du voyage effectués au Maghreb par Alexandre Dumas en 1846 et publiées sous le titre de Veloce, il n'en est pas moins vrai qu'on rencontre d'autres faits semblables rapportés par des témoins oculaires sans préjugés. Visitant Haidra, il y a un peu plus d'un siècle, Davis, l'auteur de Ruined cities Within numidian and carthaginien territories, a vu, non sans surprise, les gens de son escorte s'avancer dans la direction de rugissements très distincts et lui dire que les lions perdaient toute leur force et se laissaient même frapper lorsqu'on les traitait de «sorciers», de «puants de voyous»... Enfin, le très intègre archiviste qu'était Pierre Grand-Champs a publié en 1938, dans La Kahena, la relation d'un marchand provencal sur son odyssée en Tunisie au cours des années 1669-1670. Passant une nuit dans la tente quelque part entre Sousse et Tunis, ce marchand inquiet voulut savoir si les lions pourraient être repoussés en cas d'attaque éventuelle de leur part: «J'appris qu'il suffisait qu'il y eût des femmes dans les tentes pour empêcher que ces animaux n'y fissent du désordre et qu'une seule les faisait fuir comme des chiens quelque nombre qu'ils puissent être, ce que plusieurs hommes ne feraient point». Surprenant, et pourtant c'est vrai !!!