Les centres de formation de nos clubs ont démontré leurs limites, ces deux dernières décennies. Pour pallier les faiblesses d'un système improductif, nos sélectionneurs nationaux et les entraîneurs des grands clubs n'ont pas hésité à faire leurs emplettes chez les binationaux qui , contrairement aux joueurs locaux, sont formés sur des bases solides. Juste avant la Coupe du monde de 1998 en France, le sélectionneur national de l'époque Henri Kasperczak n'a pas hésité une seconde à appuyer l'idée de naturaliser José Clayton. Six années plus tard et pour maximiser ses chances à remporter la Coupe d'Afrique des Nations, Roger Lemerre a usé de la même stratégie avec la naturalisation de Dos Santos. Par ailleurs, les observateurs les plus avertis et même les spécialistes s'accordent à dire que si la Tunisie a pu remporter chez elle son unique trophée continental, c'est en grande partie grâce à Do Santos. Mais la naturalisation n'a pas été la seule optique adoptée par les décideurs de notre football pour pallier les faiblesses d'un système de formation improductif. Les responsables de la FTF avaient déjà usé d'une option devenue au fil des années l'un des paliers de la politique de recrutement en équipe nationale, à savoir la convocation des binationaux. En 1998, Ali Boumnigel faisait déjà partie de la liste élargie de l'équipe de Tunisie. Il deviendra, quelques années plus tard, le premier gardien de la sélection. Ali Boumnigel succéda à Chokri El Ouaer en 2002 pour occuper enfin le rang de premier gardien de l'équipe de Tunisie. En 2005, il s'engagea au profit du Club Africain. Ben Youssef, Mikari, Belaid et les autres... Opter pour les binationaux quand le marché local ne fournit pas de talents prometteurs ou des joueurs expérimentés est devenue également la politique sportive de bon nombre de nos clubs. En 2009, l'EST avait recruté un jeune talent tunisien natif de Marseille qui n'avait que 20 ans à l'époque, en l'occurrence Syam Ben Youssef. L'expérience des binationaux a si bien marché que les recruteurs des grands clubs n'ont pas hésité à aller chercher de joueurs expérimentés et ne pas se contenter de jeunes prometteurs. Ces binationaux avaient la qualité d'être formés sur des bases solides outre qu'il étaient xpérimentés. Seul bémol : l'adaptation. Certains d'entre eux ont mis un certain temps avant de s'acclimater. C'était le cas de Houcine Ragued à l'Espérance de Tunis qui a mis quelques mois avant d'exploser. Anis Badri, lui, s'est vite adapté. D'autres joueurs ont connu les rouages du football tunisien grâce à la sélection nationale. Ils ont choisi en fin de carrière le pays de leurs parents, à l'image de Yassine Mikari qui avait opté pour le Club Africain. Stéphane Nater a porté lui aussi le maillot du CA mais également celui de l'Etoile du Sahel. Par ailleurs, le Club Africain des années Slim Riahi a fait du recrutement des binationaux sa politique sacrée. Outre Yassine Mikari et Stéphane Nater, le CA a fait également appel aux services de Yoann Touzghar et Tijani Belaid. Moez Hassen sur les traces de Boumnigel ! Comme les centres de formation de nos clubs ne sont pas parvenus à former un gardien de but de rang international, digne d'être le premier gardien de but de l'équipe de Tunisie, les décideurs de la FTF ont cherché à la veille de la Coupe du monde de 2018 à reproduire le chemin parcouru par Ali Boumnigel en faisant appel aux services de Moez Hassen. Contrairement à Boumnigel, Hassen n'a pas trouvé d'obstacle et s'est imposé de suite comme le premier gardien de la sélection nationale. Mais la méchante blessure contractée lors du premier match au Mondial de Russie contre l'Angleterre lui a été fatale. L'aventure mondiale de Moez Hassen n'aura duré qu'un petit quart d'heure. Une blessure qui a fini par l'éloigner définitivement de l'équipe de Tunisie. Et même si l'exemple de Moez Hassen n'a pas été le plus édifiant, cela n'a pas empêché les responsables de la FTF à continuer à dénicher des talents chez les binationaux. Anis Ben Slimane, Hamza Rafia, Elias Damerji et Nabil Makni sont les derniers arrivés.